BERNADOTTE. — LA GUERRE REOOMMENCE. 755
(administration de l’Empire et prescrit de nouvelles levées, il était re venu å Dresde, prét å coiitinuei»la lutte.
La coalition n’avait pas perdu son temps; les souverains alliés et les ministres anglais s etaient réunis å Trachenberg (9 juillet). Bernadotte, prince royal de Suéde, se trouvait parmi eux.
La nation qui l’avait choisi pour chef, malgré lesgriefs qu’elle pouvait avoir con-tre Napoléon, n’approuvait point cette politique. Elle n’ignorait pas que la France était son alliée naturelle, et le traité de Frédériksham vcnait de lui prouver que c’était du coté de Péters-bourg qu’était le danger. Sa loyauté, d’ailleurs, était choquée de voir son prince royal jouer un pareil röle. Mais l’äme jalouse de Bernadotte avait conservé pour Napoléon, qui n’avait pas été trop indulgent pour lui, une haine sourde. Les autres souverains l’entouraient d’égards; on lui offrait la Norvége. D’ailleurs son ambition ne s’en tenait pas lå, et, chose qu’on
a peine å croire, il songeait sérieu- Kg. 325. — Le maréohal Victor, dnc de Bollune. sement å devenir le maitre de la France
å la place de Napoléon. C’était ignorer bien profondément les sen.timen.ts qu’il ins-pirait ä la France et ä l’armée. Un jour que, pendant l’armistice, il passait en vue de la place de Stettin, la garnison franjaise envoya dans sa direotion quelques coups de feu.« Ce n’est rien, répondit le general Dufresne aux plaintes des envoyés du prince : la grand’garde a aperen un déserteur et a tiré dessus. » En attendant qu’il put accom -plir son réve imperial, il comptait bien étre généralissime de la coalition. II déployait un faste de parvenu qui paraissait d’autant plus choquant qu’il contrastait avec la simplicité des autres princes. Il avait décidé Moreau å quitter l’Amérique pour combattre Napoléon et la France. Il comptait sans doute en faire son chef d’état-major (1). Mais les généraux nisses et prussiens trouvaient que c’était leur faire injure que de croire qu’il était impossible de vainere les Frangais sans avoir recours å un des anciens lieutenants de Napoléon, et qui n’était pas des plus célébres.
(1) Un autre général du plus rare mérite abandonnait vers le méme temps l’armée fran^aise et entrait au service de la Russie : c’était le Suisse Jomini. Il avait rendu les plus grands services å l’armée frangaise en differentes circonstances. On se rappelle qu’il avait indiqué, å Bautzen, le vrai point oü l’on aurait du. marcher. Lom d’en étre récompensé, il avait été puni aprés la bataille. Il devait cette punition. aux mauvais offices de Berthier, qui sentait au fond la supériorité de Jomini et avait été plus d’une foia blessé par les justes critiques de eet officier.