SENTIMENTS DES COALISÉS. — SENTIMENTS DE LA FRANCE. 773
d’offrir å Votre Majesté des services que je n’ai pas cru lui étre agréables; aujourd’hui que la mauvaise fortune met votre constan.ee å une grande épreuve, je ne balance plus ä vous faire l’offre des faibles moyens qui me restent : c’est peu, sans doute, que l’offre
d’un bras sexagénaire, mais j’ai pensé que l’exemple d’un soldat dont les sentiments patriotiques sont connus pourrait rallier ä vos aigles beaucoup de gens incertains sur le parti qu’ils doivent prendre, et qui peuvent se persuader que ce serait servir leur
pays que de l’abandonner. II est encore temps, Sire, de conquérir une paix glorieuse, et de faire que l’amour d’un grand peuple vous soit rendu. »
La Franco, en effct, pouvait trouver dans l’union de tous ses enfants secondant le génie de son chef l’espérance de vaincre. Nous pou-vions aussi tirer parti des causes de rivalité et de défiance inévitables entre les divers Etats qu’un intérét commun avait momenta-nément réunis contre nous. L’Autriche s’in-quiétait surtout des progrés incessants de la puissance russedans la région dela merNoire. On trouve l’expression de ces craintes dans la correspondance que Gentz, le futur secrétaire du congrés de Vienne, entretenait avec le hospodar de Moldavie, correspondance d’un caractére privé, mais inspirée par Metternich. Il écrivait, å la date du 5 février 181-1, que l’Autriche se garderait bien d’affaiblir la France au point de donner ä la Russie une prépondérance incontestée en Europe et de faciliter ses entreprises sur l’Oricnt. Quels que fussent les liens qui existaient entre l’empereur
Fig. 333. — Caricature allemande contrc Napoléon.
Visage composé des cadavres des vlctimes de Russie et de Saxe. — Consulter ]a gravure.
son maitre et le Czar, l’Autriche ne permettrait pas que la Russie s’agrandit aux dépens delapuissance turque, dont le maintienlui paraissait nécessaire ål’équilibre européen. Dans la coalition Metternich était le plus sincérement porté å la paix, car plus la guerre
se prolongerait, plus la Russie devrait nécessairement prendre d’importance. Il crai-gnait pour la realisation ou l’affermissemeiit de sa politique autoritaire l’ensemble des sentiments, l’agitation morale qu’une guerre, et surtout une guerre nationale, entretient dans les esprits.
Aussi, lorsqu’avant de franchir le Rliin les souverains et les géné-raux délibérérent sur la concluite å suivre, Metternich, appuyé par les représentants de l’Angleterre, qui désiraient une paix immédiate, si Napoléon ne se montrait pas trop exigeant, Metternich demanda qu’on