ARMISTICE DE CHERASCO.
G9
Communications directes avec Nice par le col de Tende et Cherasco, qui n’est plus qu’å dix lieues de Turin. Le Piemont est consterné. Des troubles civils étaient imminents. Bonafous et Benza excitaient å Albe un mouvement républicain qui risquait de gagner tout le pays. Victor-Amédée signa l’armistice de Cherasco (28 avril). L armée sarde doit étre dispersée dans les places, les Frangais occuperont jusqu’å la paix Ceva, Tortone, Alexandrie. Lorsque la paix sera signée, la Savoie et le comté de Nice seront cédés å la France; ce qui eut lieu, en effet, un mois aprés, par le traité de Paris.
Désormais l’armée victorieuse pouvait se procurer par des réquisitions ce qui lui était nécessaire. Le pillage n’avaitplus d’excuse. Cependant les derniéres victoires avaient encore été accompagnées d’effroyables excés. C’était un déshonneur pour l’armée. C’était un danger croissant pour la discipline surtout dans la confiance que donne la victoire : on l’avait bien vu å Dego. C’était aussi un grand obstacle au progrés de nos conquétes. Bonaparte pensait, avec raison, qu’il y a toujours avantage å traiter sans dureté la population du pays ou l’on combat et qu’il fal-lait surtout se garder de le faire lorsqu on pouvait espérer tiouvei dans les Italiens un appui précieux pour lutter contre l’Autriche. En effet, les Frangais avaient le droit de se présenter aux Italiens comme des amis qui leur apportaient å la fois la liberte politique, la démocratie et 1’ind.épendance nationale. Ce role semblait appartenir surtout å un chef que sa nationalité leur faisait considérer comme un compatriote. Napoléon a reconnu lui-méme å Sainte-Héléne que son origine a grandement facilité ses succés en Italie.
Bonaparte se båte done de couper court aux excés de ses soldats. Une allocution qu’il leur ac(ressa au moment d’entrer dans la Lombardie fit appel a leur honneur et montra avec quelle énergie il entendait répri-mer ces désordres s’ils se renouvelaient. Dans ce discours, il semble croire, comme on le remarquera sans doute, que les misérables dont il flétrit la conduite sont soudoyés par les ennemis de la I’ rance et de la Révolution. C’était une liabitude du temps, et les licbeitistes eux-mémes, ceux qu’on appela.it les enragés, avaient éte conclamnés par l’influence de Robespierre (( comme suppots de I itt et de Cobourg )).