NAPOLEON SE CONFIE AU GOUVERNEMENT ANGLAIS. 851
mettait Napoleon hors la loi et hors l’humanité, eurent beaucoup de peine ä se décider entre les propositions suivantes : une prison a Dumbarton, une prison ä la Tour de Londres, la remise de Napoléon ä Louis XVIII, pour étre procédé ä une exccution ca-pitale, et la déportation å Sainte-Héléne, ilot de 17 kilometres sur 11, ä 15 degrés au sud de l’équateur, å 1.700 kilometres de l’Afrique et 3.000 de l’Amérique. La seule mais énergique opposition du comte de Sussex fit écarter les résolutions les plus barbares; la déportation å Sainte-Héléne prévalut.
Fig. 3/7. — Embarquement de Napoléon å bord du Bellérophon.
La justice de l’histoire veut que l’on ne rende pas le gouvernement anglais seul responsable de cette déloyauté. A ce moment, l’opinion publique en Europe su-bissait d’étranges égarements; elle ne voyait en Napoléon que le perturbateur de la paix des nations, l’ennemi commun des peuples et des rois. En France, un des jour-naux les plus importants justifiait d’avance, dans un article, la décision du conseil privé d’Angleterre qui devait livrer l’Empereur Napoléon. å une cour martiale pour le faire condamner å mort (1).
Blucher avait hautement annonce l’intention de faire füsilier Bonaparte dans le fossé de Vincennes oü le duc d’Enghien était tombé, et, sur le refus du duc de Wellington de se préter å cette exécution, il avait déelaré qu’il « laissait å l’Angleterre la responsabilité de sa faiblesse ». Joseph do Maistre écrivait de Saint-Pétersbourg dans
(1) Montholon, t. I, p. 103, cite le Journal des Debats du 30 juillet 1815.