Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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VITRAIL DE L’ÉGLISE SAINT-PIERRE DE LIMOGES
(No d’ordre 87)
Nous inaugurons l'introduction de l’élément contemporain dans
nos gravures par la publication de cette œuvre remarquable de
M. Oudinot. Elle mérite à bon droit cet honneur.
Au premier abord, l’encadrement renaissance des sujets empri-
sonnés dans ces meneaux gothiques semble étonnant; mais on lui
pardonne vite à cause du charme tout particulier de son orne-
mentation pleine de grâce et de fantaisie. Jean Cousin, dans une
chapelle voisine de Paris, et que l’on ne visite pas assez, celle
du château de Vincennes, avec l’ampleur elle grandiose habituel
aux temps où il vivait, a, du reste, noblement précédé notre
peintre dans cette innovation ; à Limoges, elle était particulière-
ment motivée. Au-dessus de l’autel que devait éclairer ce vitrail
se dresse un retable du plus pur style de la Renaissance. Ce n’é-
taient pas les roides personnages du quatorzième siècle que l’on
pouvait imposer pour voisins aux conceptions mouvementées du
seizième siècle. M. Oudinot a eu le bon goût de ne pas le faire.
Les sujets qui entourent la Vierge toute mignonne du panneau
central sont, au milieu, Adam et Éve, la faute au-dessous de la ré-
paration; puis, à gauche, l’échelle de Jacob ; à droite, Moïse ; en
bas, la toison de Gédéon, Àaron et sa verge fleurie.
Les anciens iconographes grecs faisaient dire, en effet, au pe-
tit-fils d’Abraham, pariant de Marie : «Moi, je vous ai vue en
songe, comme une échelle appuyée sur la terre et allant jusqu’au
sommet du ciel. » A Moïse : « Moi, je vous ai nommé buisson, ô
Vierge, Mère de Dieu ; car j’ai vu dans un buisson un mystère
étrange. » Au grand prêtre : « Cette verge m’a annoncé d’avance,
ô Vierge sans tache, que, semblable à une plante, vous aviez en-
fanté le Créateur, comme une fleur. » Au vainqueur des Madia-
nites, enfin : « O Vierge pure, je vous ai nommé d’avance Toison,
car, dans cette toison, j’ai vu le miracle de votre enfantement. »
On voit que M. Oudinot n’a fait que suivre les traditions en les
modernisant un tant soit peu. Au sommet de l’échelle, jadis, au
lieu de l’Éternel, on aurait placé la Porte du ciel, Porta cœli, et,
dans le buisson, se souvenant de la fondation de Notre-Dame de
l’Épine, ce n’eût pas été Jéhovah qu’eût cherché le naïf verrier,
mais bien la Vierge elle-même : « lïubrum quem viderai Moyses
incombustum, conservatam agnovimus tuam laudabilem virginita-
tem, sancta Dei genitrix. —Le buisson que Moïse vit brûler, et
non se consumer, nous prouve ta précieuse virginité, sainte Mère
de Dieu.» Mais dansun sujet si moderne que l’immaculée Concep-
tion, comment résister au besoin de faire quand môme un peu du
nouveau. On ne se sent vraiment pas le courage de le reprocher
à l’artiste du dix-neuviôme siècle.
SCULPTURES DE L’ALLAMBRAH
( No d’ordre 88)
Une plume autorisée, comme on le disait plus haut, doit con-
duire le lecteur dans l’inextricable labyrinthe d’arabesques qu’in-
venta l’imagination si variée des Orientaux pour la décoration
tant intime qu’extérieure de leurs monuments divers. Lorsqu’un
maître parle, le silence nous est permis. Nous nous contenterons
donc, en vous livrant ces dessins si pleins du caractère mauresque,
espagnol, de vous en indiquer la seule provenance.
C’est dans la cour des Lions {patio de los Leones) qu’ont été pris
les deux petits motifs d’ornementation do notre planche, dans
cette cour fameuse où le guide naïf vous montre encore sur le
marbre de la fontaine le sang des Abencérages massacrés par le
farouche Abdilli. Le plus grand vient de la salle des Ambassa-
deurs [sala de los Embaj adores), la perle des salles de l’Allambrah,
celle où se faisaient les grandes réceptions, celle où trônaient
les fastueux sultans de Grenade, celle où l’étranger lisait sur les
murs : « Ici, tu es accueilli matin et soir par des paroles de béné-
diction, de paix et de prospérité. » Mais, hélas ! l’or et l’azur ne
décorent plus ces merveilles d’un autre âge. Le touriste britanni-
que continue à enlever les azulejos du palais des rois maures.
L’ignorance, cette araignée funeste, a tendu là depuis longtemps
ses toiles infectes. Les pierres qui chantaient si haut la gloire, la
valeur, la générosité des kalifes sont aujourd’hui muettes. Puis-
que dans cette Espagne où l’on étouffe on semble ne plus daigner
regarder ces chefs-d’œuvre, gardons-les précieusement à des ad-
mirations plus savantes, elles ne leur feront certainement pas
défaut. H. nu C.
—-».«'OGü'.’---—
LA PEINTURE SUR VERRE
INTRODUCTION
Parler du verre, autant parler des cailloux, n’est-ce pas ? chers
lecteurs, et vous ne vous trompez pas ; car cette substance cris-
talline, diaphane, où la lumière se joue avec une sorte de vo-
lupté et s’éparpille en faisceaux de vives couleurs, c’est la même
que ce sable opaque, grossier, que vous foulez aux pieds avec
indifférence. Oui, le verre, c’est la terre; c’est-à-dire de la si-
lice, de la craie, de la chaux et des cendres de plantes marines
que le feu a fondues. C’est ainsi qu’on peut dire que le feu purifie
tout, et ne serait-ce pas cette glorieuse transformation qui a in-
spiré aux poëtes de dire métaphoriquement d’une vertu grande et
pure qu’elle a passé au creuset de l’adversité.
La découverte du verre est certainement une des inventions
les plus fécondes en bienfaits pour l'humanité — les riches cris-
taux où pétillent nos liqueurs vivifiantes, les émaux qui décorent
les palais, les verres qui, en réfractant la lumière, rendent pour
ainsi dire la vue aux aveugles, augmentent la puissance de notre
œil, nous font assister aux merveilles d’un monde invisible et
forcent à descendre jusqu’à nous les globes de la voûte des cieux;
les vitraux qui, en tamisant les rayons du soleil, répandent dans
nos temples ces lueurs mystiques si propres au recueillement
et à la méditation : tels sont les principaux produits de Fart du
verre, et cependant aucun nom illustre ne se rattache à cet art.
L’origine de l’art de la vitrification se perd dans les ombres de
l’antiquité. Tout ce qu’on peut conjecturer, c’est qu’il a dû naître
avec la fabrication des poteries ou la préparation des métaux; mais
il est impossible d’assigner une date certaine à sa naissance. Loy-
sel [Essai sur l’art de la verrerie, in-8°, 1791) dit que les Phéni-
ciens étaient célèbres dans cet art, il y a plus de trois mille ans, et
qu’ils faisaient un commerce considérable de verres dont les en-
trepôts étaient à Tyr et à Sidon. Il fallait même que leurs con-
naissances fussent déjà avancées, ainsi que le prouve l’emploi des
oxydes métalliques vitrifiables pour la coloration de leurs imita-
tions de pierres précieuses. On a retrouvé, sur des momies
d’Égypte, dont la date authentique remonte à plus de vingt siè-
cles avant l’êre chrétienne, des verroteries qui attestent égale-
ment un art presque parfait, et cette contrée conserva longtemps