Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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nouveau motif d’ornementation. Cela ne vaut-il pas qu’on y
songe ?
Mesdames et messieurs, consentirez-vous, avant de vous reti-
rer, à me suivre un instant encore dans la bibliothèque ? C’est ici
que le bois noir trouve naturellement sa place. La bibliothèque
est un lieu d’étude et de méditation. Tout doit y être sérieux,
grave et calme. Rien ne doit y distraire l’attention du penseur.
Cette dernière pièce que nous visitons me paraît fort bien en-
tendue. Elle a toutes les qualités que je recherche, et il me
semble qu’on doit s’y trouver bien pour travailler. Cette biblio-
thèque est sans doute celle d’un savant ou d’un grand amateur,
car les rayons se développent sur les quatre côtés de la pièce, et
les bons ouvrages y fourmillent. En parcourant du regard, sur
les rayons bien garnis de cette bibliothèque, les différents titres
d’ouvrages de nos meilleurs auteurs, j’en vois un sur la dernière
tablette du haut qui pique ma curiosité. C’est un ouvrage assez
rare du quinziéme siècle, et je ne puis m’empêcher de prier son
heureux possesseur de me le confier un instant. « Volontiers, me
répond-il, je vais sonner pour que l’on m’apporte un marche-
pied. »
Il sonne, en effet, mais personne ne paraît. Son domestique est
sorti. Il monte alors sur une chaise, mais elle est trop basse et ne
lui permet pas d’atteindre jusqu’au volume désiré. Il veut pous-
ser la table et y monter. Je m’y oppose. Il se récrie sur la peti-
tesse de nos appartements, qui veut qu’on tienne dans des res-
serres une chose aussi nécessaire qu’un marchepied.
Monsieur, lui dis-je alors, voulez-vous me permettre de vous
développer un petit système d’échelle qui, exécuté par un homme
habile, pourrait peut-être vous éviter à l’avenir les ennuis dont
je viens d’être la cause involontaire. Voyons ensemble, et exami-
nons, si vous le voulez bien. Votre meuble est parfaitement fait,
d’une belle ordonnance ; les proportions s’y trouvent, l’harmonie
des lignes y est respectée. Ceci, cher monsieur, a dû être fait par
un de nos maîtres en ébénisterie. Demandez-lui donc, je vous
prie, s’il ne pourrait pas ajouter à son ornementation de petites
colonnes en fer posées à une distance de soixante centimètres
environ et faisant façade intérieure. Ces petites colonnes seraient
mobiles, c’est-à-dire qu’elles tourneraient sur pivots ; à la pre-
mière hauteur de la tablette du bas, il y aurait une palette en fer
ajustée à la colonne, et de la forme, par exemple, d’un marche-
pied de voiture, et n’ayant presque pas d’épaisseur. Au-dessus de
cette première palette, et à la hauteur de la seconde tablette, se-
rait ajustée une poignée en fer sur laquelle aussi le pied pourrait
se poser, et ainsi de suite jusqu’au dernier rayon de la biblio-
thèque. La colonne voisine serait construite delà même façon, et
en regard de la poignée de gauche se trouverait une palette à
droite, et ainsi jusqu’en haut. Ce serait là une échelle toute
placée et tenant ainsi peu dejplace; et lorsque vous voudriez
la rentrer, vous feriez 'tout simplement pivoter votre colonne,
et palettes et poignées se cacheraient sous les rayons de votre bi-
bliothèque. Alors plus d’impatiences, plus d’attentes vaines, et
je pourrais sans crainte vous demander le volume de là-haut.
J’ai fini et je me résume.
Mesdames, messieurs,
Si, m’appuyant sur des observations que plusieurs d’entre vous
ont certainement faites avant moi, j’ai pu démontrer que notre
ameublement et la décoration intérieure de nos appartements
laissent beaucoup à désirer ; si après avoir détruit j’ai essayé (en-
treprise plus ardue) de reconstruire ; si, parmi les nouveautés que
j’ai osé indiquer, il en est île si simples, que j’ai craint parfois de
tomber, en les exprimant, dans les naïvetés de M. Prud’homme;
si quelques-unes des choses d’une flagrante nocuité, d’une écla-
tante laideur, que je voudrais voir remplacer par ces nouveautés,
cèdent enfin aux assauts opiniâtres du bon sens le plus vulgaire,
ni vous, ni moi, nous n’aurons perdu l’heure que nous venons de
passer ensemble.
Mais comment arriver plus tôt et plus sûrement à ces résultats
désirables ? Evidemment c’est en formant, en épurant le goût de
tous. Nous disions, il y a quelques instants, que tout le monde
voulait être artiste. Plût à Dieu que tout le monde le fût, dans le
sens vrai du mot ! Mais cela n’est pas même nécessaire. « C’est,
ditM. Guillaume, dans le rapport que vous applaudissiez si jus-
tement ici même vers la fin du mois dernier, c’est par le niveau
des idées et non par de vains talents d’amateurs que doit s’éta-
blir le genre de supériorité qui convient aux classes élevées de la
société. L’opinion publique serait plus autorisée si les hommes
du monde, éclairés par leurs études, et placés, d’ailleurs, au-des-
sus de l’intérêt, pouvaient la diriger ; tandis qu’à présent on les
voit subir les caprices de la mode ou les inspirer, et que, sous le
rapport de la théorie ou de la pratique de l’art, ils sont exposés à
se trouver fort inférieurs aux intelligents ouvriers de nos indus-
tries.
« Est-ce une utopie? L’éducation des gens du monde ne serait-
elle pas plus parfaite si l’union des arts avec les lettres était ren-
due plus étroite dans l’enseignement universitaire, et si l’art y
était continuellement relevé par le soin que l’on aurait de le rat-
tacher à nos plus nobles facultés ? Au sommet des études, l’école
d’Athènes a prouvé combien cette union pouvait être féconde ;
nous voudrions qu’elle fût consacrée dés les classes de gram-
maire, et que l’art, après avoir été présenté comme une des plus
vives expressions du sentiment religieux, comme une des sources
de l’histoire et l’indispensable auxiliaire de l’intelligence litté-
raire, fût rattaché, sous le rapport de la critique, aux principes
qui règlent toutes nos productions réfléchies, et, sous le rapport
de son origine, aux idées constitutives de l’esprit humain. »
Nous ne saurions trop engager les hommes du monde qui nous
font l’honneur de nous écouter à méditer les lignes que nous ve-
nons de citer. Combien il serait à souhaiter qu’ils en saisissent
toute la haute portée, et qu’ils voulussent mettre à profit les se-
conds renseignements qui y sont contenus ! Du jour où les vœux
qu’exprime ici implicitement M. le directeur de l’École impériale
des Beaux-Arts seraient accomplis, la moitié du magnifique
problème qui nous occupe serait résolue.
Quant à l’autre moitié, sa solution vous regarde, artistes et in-
dustriels, et c’est pour vous aider à poursuivre cette solution que
je vous demande la permission de mettre sous les yeux cet autre
passage que j’extrais d’un remarquable travail émanant de notre
commission consultative, et dans lequel MM. Klagmann et Da-
vioud, rapporteurs, examinent le meilleur mode d’études à em-
ployer dans notre futur collège des Beaux-Arts, appliqués à l’in-
dustrie. Voici ce passage :
« Le régime d’une concurrence effrénée, sous lequel s’exerce
la pratique, n’élève plus l’ouvrier à la hauteur de l’œuvre à créer,
mais subdivise le travail pour l’abaisser à la taille de celui qui
l’accomplit. Il n’existe plus de nos jours une main assez forte
pour prendre la matière brute et l’assouplir, la façonner, la mo-
deler, la ciseler, l’émailler, la dorer, lui donner en un mot une