ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
qui échappa vers cette époque aux avides besoins du grand Roi. Le porte-huilier que nous donnons est remarquable à ce titre de rareté tout d’abord, puis surtout à cause du dessin de sa gra- vure, qui prouve, à n’en pas douter, ce que nous avancions il y a quelque temps. C’est que les faïences de Rouen qui furent char- gées do remplacer les vaisselles fondues par des objets de terre, prirent modèle sur ces objets, non-seulement pour la forme, mais encore pour l’ornementation. Il suffit au lecteur de comparer les deux assiettes de la collection de Levée!, données à la fin de notre première année, avec le dessin de notre huilier, pour se con- vaincre parfaitement de la vérité de la proposition que nous sou- tenions il y a quelque temps. Comme on le voit, quoi qu’en disent les hommes doctes, les Chinois n’ont rien à voir en cette affaire. H. du C. LES ARTS PARISIENS. LE MEUBLE ( Suite) Lejeune règne aux avertissements sombres, qui devait finir par tant de sang et de larmes, a laissé de son meuble des sou- venirs superbes. Il eut un grand artiste, Riesener, surnommé l’é- béniste de Marie-Antoinette, heureux homme en qui tous ceux. de son temps se sont absorbés. Qui dit louis seize dit Riesener, et réciproquement. Notre époque aura-t-elle de ces noms qui sontdes astres? Il nous est permis d’en douter. Le talent était un et dans un alors, aujourd’hui la foule en est pleine, mais il n’y en a peut être pas plus pour cela. Cent petites parts peuvent très-bien ne faire toujours qu’un gâteau. A l’heure qu’il est, les bonheurs-du- jour, les chiffonniers, les bureaux, les entre-deux de Riesener sont encore copiés, et c’est ce que nous faisons de mieux. Quant à les dépasser, on ne s’en doute guère. Quelques efforts par-ci par-là, dédaignés, condamnés, oubliés; des hommes comme Sauvrezy, comme Wasmuss, succombant à l’indifférence bête. Et voilà! Riesener refit droits les pieds des meubles que la rocaille et le pompadour avaient faits tortus, il leur rendit l’aplomb, la soli- dité, la grâce. Il poussa aux limites extrêmes l’art de la marque- terie en bois, lignes, arabesques, fleurs, oiseaux, emblèmes. Il emprunta au métal ciselé des ornements adorables, qu’on ne fondait point finis, ainsi qu’on les fond maintenant, mais sur lesquels marchaient des burins comme celui de Gouthière, s’at- taquant à des ébauches en relief, et là-dedans fouillant, mordant, faisant entrer l'homme, le mouvement, l’esprit, la vio. Nous avons économiquement et prudemment remplacé cela par le moulage et la galvanoplastie, deux cadavérisations. C'est suffisant pour le moment. Avec cette marqueterie et ces cuivres, parurent des bois dorés et des bois peints tels qu’on n’en avait jamais faits, et dans les- quels préalablement des sculpteurs charmants découpaient les plus jolies choses du monde. Là-dessus ensuite on appliquait du Beauvais ou du Lyon, peintures en laine ou brocatelle. Il y a eu ainsi douze ou quinze années ravissantes. Cependant les momies de deux villes italiennes, jadis étouffées par une éruption du Vésuve, venaient d’être découvertes. La gravure avait répandu les contours purs, les lignes simples et cor- rectes des ustensiles, meubles, peintures et ornements domes- tiques retrouvés sous la cendre d’Herculanum et de Pompéia. La mode s’empara de cette résurrection, et, quelques savants à la suite aidant, Paris fut tout à coup poussé vers le plus antique de l’antique, le dorique sans base. On mit le dorique sans base par- tout, en péristyles, en corps de garde, en boutiques. Car c’est, ainsi que la mode procède, par l’excès, par l’outré. H faut se dé- fier du goût que fait la mode. La mode n’est pas une raison, c’est une maladie. La mode a trois causes, disait Percier, lesquelles peuvent être folles toutes trois: 1° l’amour du changement; 2“ l’influence des personnes avec lesquelles on vit ou auxquelles on veut plaire ; 3° l’intérêt de l’industrie à faire vieillir prompte- ment les objets de luxe, afin, plus ou moins ruineusement, de les renouveler. Tout cela n’est pas absolument respectable. Les anciens n’obéissaient guère qu’au premier de ces trois mobiles, l’amour du changement, qui est plus que moitié de la vie. L’influence des femmes, si puissante chez les modernes, était inconnue aux anciens, et l’industrie, cette esclave, n’avait point à donner son avis. Ils changeaient donc pour changer, mais en conservant à tout objet son type, son principe et sa raison d’être. C’est ainsi que ce qui nous reste d’eux dit toujours son emploi. La mode, chez nous, au contraire, a toujours pour origine le caprice de quelques-uns ou de quelques-unes. Elle agit en bouleversant et par substitution violente : « elle n’impose pas les choses parce qu’elle les trouve belles ; elle les trouve belles parce qu’elle les impose, » Elle a, pour se faire obéir, si absurde qu’elle puisse être, un levier formidable, le ridicule, que la masse ne sait ni éviter ni braver. On la suit pour faire comme tout le monde, et ne pas être un original. On est de sa troupe, à qui elle donne l’uniforme ; aujourd’hui l’aiguillette et demain le plumet. Absurde quand elle veut et tant qu’elle veut. Puis elle s’en va comme elle était venue, sans dire parce que ni pourquoi. Ou bien l’industrie l’a usée en l’exploitant : cette industrie sceptique et cynique, qui tout féconde, mais aussi de tout s’empare, et tout falsifie, et tout dénature; fait du marbre en plâtre; de la dentelle, du bois, de la laine, du velours en papier; de la sculpture en pâte et en carton, du porphyre en vernis, des pierres précieuses en verre, du cuir en coton, du. cuivre en zinc; rend le beau commun, et rend le commun vil. Il faut bien qu’elle abuse, elle a tant de besoins! La vérité ni l’honnêteté n’y fourniraient. Ainsi donc le seizième siècle avait fait son meuble sous l’inspi- ration du génie de Raphaël; le dix-septième avait procédé de Rubens et du Poussin; le dix-huitième, après s’être usé à des fantaisies folles, allait se coucher dans la pénitence du grec. Né monarchique il mourait républicain, d’ailleurs ; l’opinion, l’es- prit, le discours, le temps, la guerre, l’espoir, la peur, poussaient à la mode avec enthousiasme. La Constituante avait été ro- maine et la Convention Spartiate, le Directoire fut athénien. Après vint l’expédition d’Egypte, et nous voilà devenus Égyp- tiens : la mode s’appelait le général Bonaparte ! Le geniedes arts était David-Léonidas ! Le meuble du Consulat et de l’Empire est le mélange de tous leur temps. » D’autres événements ont dispersé ou détruit ce