Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
ê
(M
CM
D
3
laquelle sortit ce que nous sommes convenus d’appeler le style
Louis XVI.
On recourut aux sources pures de Fart, c’est-à-dire à l’anti-
quité, dont personne alors ne contestait l’influence exclusive sur
les études artistiques, sans toutefois négliger les œuvres des
grands maîtres de la renaissance française et italienne. Mais ce
qui caractérisa, encore plus, cette révolution dans les arts, ce fut
le retour à l’étude de la nature. Les ornemanistes et les décora-
teurs y retrempèrent leurs compositions et y introduisirent
même beaucoup d’éléments empruntés directement au régne
végétal. Il se créa en ce genre toute une école, dont les œuvres
sont d’une habileté ravissante. Pour nous, nous n’hésitons pas à
attribuer, en grande partie, la réussite de la réforme entreprise
par les grands artistes de la fin du dix-huitième siècle à cet
enthousiasme et à cette étude consciencieuse de la nature.
I
Voilà, nous le pensons, les raisons qui ont motivé la préférence
de MM. Penon pour le style Louis XVI. Ne trouvant pas autour
d’eux les éléments nécessaires d’un style nouveau et n’ayant pas
la prétention ridicule d’en inventer un, ils ont préféré remonter
jusqu’à cette école de la fin du dernier siècle, et renouer, pour
ainsi dire, la tradition rompue depuis, par le style officiel et césa-
rien du premier empire, puis par les rivalités d’école qui ont
amené l’anarchie au milieu de laquelle nous nous débattons tous
aujourd’hui.
Revenons au pavillon de l'impératrice. L’impression dont on
ne peut se défendre en y pénétrant est celle d’une harmonie
calme et tranquille, d’un charme indéfinissable, à laquelle nous
sommes, hélas! généralement peu habitués. Là, point de tons
violents rehaussés d’ors. MM. Penon n’ont point cherché à pro-
duire sur le visiteur un éblouissement de couleurs et de richesses,
mais bien plutôt une sensation délicate, et ils ont pleinement
réussi. Leur décoration est loin pourtant d’être éteinte; elle est
conçue au contraire dans une gamme très-élevée, et lorsqu’on
l’analyse on ne peut qu’admirer la sûreté avec laquelle cette har-
monie a été obtenue.
Nous allons tâcher d’en donner une idée à nos lecteurs. Nous
avons dit, en commençant, que les lambris, ainsi que les bois des
meubles, étaient en bois de sycomore. Ce bois n’est pas peint ;
Son ton adouci par les draperies des fenêtres rappelle complète-
ment celui de l’ivoire. Il s’harmonise avec les fonds des tapis-
series de soie qui sont gris-bleu très-clair et sur lesquels s’enlè-
vent des bouquets de fleurs, de feuillages et d’épis brodés à la
main, et étudiés comme de vrais tableaux au point de vue de l’en-
semble général. Les lambrequins qui garnissent les croisées sont
aussi dans les mêmes tons et exécutés de la même manière. Enfin,
les panneaux de décoration viennent rappeler sur les murs cette
riche coloration des meubles. Ces panneaux méritent une des-
cription toute particulière'; ils sont peints sur satin blanc et re-
présentent des groupes de petits amours dans des paysages déco-
ratifs. Le ciel seul n’est pas peint; il a été obtenu par une tein-
ture bleue, qui se dégrade jusqu’à l’horizon de manière à ce que
les terrains et les petits personnages soient exécutés sur le fonds
blanc du satin. Impossible de décrire l’effet que produit ce décor.
Les ciels prennent une intensité et une transparence vraiment
aérienne, qui donnent une solidité extraordinaire au paysage et
aux figures. Cette idée est à elle seule un véritable trait de génie.
Pour faire participer le sol à cette riche harmonie de tons, le
tapis brodé sur gros canevas de Java, sur un ton de fond
rappelant celui des boiseries et, dégradé des extrémités au cen-
tre, présente un léger semis reliant une riche bordure de feuil-
lage, à une rosace semblable, au milieu sous le guéridon.
Enfin, nous ne voulons pas omettre un dernier éloge. Cette
œuvre est pleine de tact et de convenance, et ce n’est pas à nos
yeux la moindre de ses qualités. Elle répond en tout point à sa
destination, et elle est digne, sous tous les rapports, de l’auguste
personne à laquelle elle est destinée. Elle contient, en effet, tous
les éléments de bon goût, de distinction et d’élégance qui con-
viennent à un appartement destiné à une femme, mais cepen-
dant, tout dans la décoration et l’ameublement conserve un
certain sentiment grave et calme dont ne doit jamais se départir
un endroit appelé à recevoir la souveraine d’un grand pays.
Terminons en félicitant MM. Penon d’avoir, en cette occa-
sion, non-seulement fait œuvre d’industriels habiles, mais sur-
tout de s’être montrés des artistes véritables. Nous souhaitons
bien sincèrement qu’il se forme sur leurs traces un grand
nombre d’imitateurs.
A. de La Rocque,
Architecte.
-----------
BULLETIN
Nous ne voulons pas laisser en oubli deux distributions de prix
qui, dans ce mois d’aoùt, mois des couronnes, sont tous les ans
presque oubliées au milieu des pompeuses cérémonies qui rem-
plissent d’ordinaire cette époque de l’année, je veux dire la dis-
tribution des prix del’École de dessin, rue de l’École-de-Méde-
cine, et celle de l’École de dessin des jeunes personnes, rue Du-
puytren. Pour n’être pas solennelles, elles n’en sont pas moins
dignes de notre attention particulière, ces institutions étant à
peu près les seules qui s’occupent spécialement chez nous d’art
industriel.
L’École des jeunes gens a eu des prix d’architecture, de sculp-
ture, de dessin d’ornement, de gravures sur bois, etc., etc.
Celle des jeunes filles était en progrès sur l’année dernière :
aux simples dessins d’ornements, de figures, de fleurs, etc.,
l’École a ajouté des études spéciales de gravures à l’eau forte, sur
bois, de dessins à la plume, et même de peinture sur faïence.
Malheureusement l’exposition ne dure que quelques jours, ab-
solument comme aux Beaux-Arts. Pourquoi priver ces jeunes
gens du bénéfies d’une publicité, juste récompense de leur ta-
lent et de leur consciencieuse persévérance.
Trois jours ne sont pas suffisants pour une ville comme Paris;
nous en réclamons près du ministre de l’instruction publique,
qui semble prendre si à cœur tout ce qui a trait à l’enseignement
par les yeux.
Un peu plus d’ampleur ne nuirait pas.
On ferme trop les portes à Paris. Il est pourtant si bon de les
trouver parfois ouvertes toutes grandes.
Les prix de l’École des Beaux-Arts ont été de même distribués
vers le milieu du mois d’août.
Le sujet du concours de sculpture était la Colère d’Achille, ar-
rêtée par Minerve, dans sa dispute avec Agamemnon. Pour la
peinture, Œdipe tuant son père Laïus. Pour les architectes, un
Palais d’exposition des Beaux-Arts.