Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
oo 24 6^
mot, et malgré toute notre bonne volonté, il nous est impossible
d’en reparler plus longuement. Aujourd’hui, nous allons passer en
revue l’Espagne, le Portugal et l’Italie, réservant à la prochaine
livraison la Suisse, la Belgique et la Hollande, pays dans des con-
ditions particulières, essentiellement propres au développement
de l’art et de la science ; puis nous terminerons par les États de
l’Allemagne ces promenades rapides dans les sections étran-
gères, laissant à des plumes plus savantes et plus autorisées le
soin de vous entretenir par la suite des merveilles de la section
française, qui tiennent une place si bien remplie au palais indus-
triel des rives de la Seine.
Par ces temps de chaleur torride, il est permis de chercher au
milieu des arbres du parc, l’ombre et la fraîcheur, mais quand on
se hasarde du côté desEspagnes, ce n’est ni l’une ni l’autre qui vous
saisissent; on ressent au cœur comme un froid glacial. La
construction de pierres grises qui sert de réceptacle à des produits
divers, a conservé le cachet spécial de certaine architecture assez
commune aux pays qu’arrose le Tage et le Guadalquivir. Elle
possède je ne sais quel parfum d’inquisition qui la rend très-ori-
ginale à notre avis. Torquemada devait aimer ces grandes tours
carrées, ces fenêtres étroites et ces murailles nues. Le cachet do-
minicain est tout entier dans cet art, comme à Barcelone, à Tou-
louse, etc. Heureusement les protestants d’Allemagne boivent
paisiblement, tout contre, leur bière tranquille sans craindre les
auto-da-fé, la torture et le saint-office, et l’archéologue ne redou-
tant même pas la mitre fatale, peut se Ihrer en paix à l’analyse
des pierres sculptées de ces sombres monuments.
Le Portugal, au contraire, a dans ses formes quelque chose de
mauresque, marié au gothique fouillé du quinzième siècle, son
pavillon rappelle en petit les portes de la chapelle de Batalha, les
fenêtres de la Casa do Capitule, enchevêtrement bizarre,mélange
de la fantaisie orientale avec l’art des barbares du Nord. Dans
l’intérieur du palais, les commissaires étrangers ont donné à l’en-
ceinte hispano-portugaise ce même caractère; on ne peut que les
remercier de ce bon goût.
La couverture fait passer le reste, car ce reste n est pas extra-
ordinairement brillant. Des parchemins, puis encore des parche-
chemins! L’épée du Gid, espada valenciana del Ciel Campeador!
Des fragments de reliques, un dossier de lit ne remplissent pas
richement un programme qu’on s’attendait à trouver plus avan-
tageusement interprété. Heureusement que l’Alambrah sauve les
apparences et couvre de son manteau brillant cette orgueilleuse
pauvreté.
Dans la galerie rétrospective du Portugal, il y a plus à étudier;
les crosses, les croix, les calices, les paix, les coffrets, les faïences,
les broderies de toute sorte prouvent qu’il y a comme une initia-
tive nouvelle à Lisbonne, qui permet d’espérer un avenir brillant
au jeune art de cette partie de la Péninsule, art que l’exposi-
tion de peinture, malgré ses titres solennels et ses ordres si pom-
peux, avait laissé tomber bien bas. Non, Fart n’est pas éteint par
delà les monts. La publication si importante du Cercle de la li-
brairie , publication périodique des monuments architectoniques
et des trésors de ce brillant pays, le fera renaître tout à fait, nous
n’en doutons aucunement.
Un seul mot sur les meubles. Le style Louis XIV espagnol est
digne d’attirer l’examen des plus difficiles. Le couronnement du
fils du grand roi, le jour où il n’y eut plus de Pyrénées, et son
séjour à Madrid, introduisirent là-bas un genre tout particulier,
le style français traduit par l’imagination violente, exagérée
mais puissante quand même des artistes espagnols. Les fauteuils
du palais du Champ-cle-Mars ont gardé des traces de ce mélange.
On peut trouver à y saisir une originalité très-digne de remarque.
Apart cette originalité, il y a peu de chose à signaler dans cette
région de l’Exposition universelle, si ce n’est les alcarazas, les
costumes, les robes de madone, les indiscrètes mantilles et les
épées de Tolède : mais qui ne connaît les madones, les mantilles
et les épées de Tolède ? — Pauvre Espagne !
L’Italie dans le Parc avait adopté, comme style de ses construc-
tions, le pompéien coloré de tons doux et harmonieux, son petit
temple est d’un effet très-ordinaire et ne renferme que peu d’ob-
jets remarquables. Quelques sièges bizarres dans le genre de ceux
des Maltais ; quelques reproductions de faïences du seizième siècle,
assez bien réussies, attirent à peine véritablement l’œil des con-
naisseurs. Mieux avisée dans l’intérieur du Palais, l’Italie est
vraiment à sa place, et certes elle la tient dignement. Sa clôture
d’abord est d’un efiet admirablement réussi. Dans les ouvertures
ménagées habilement ressortent des statues de marbre, d’un fini
de travail extraordinaire, et la rue centrale est peuplée de chefs-
d’œuvre.
L’Italie se relève.
Ses mosaïques sont les dignes pendants des œuvres anciennes,
des œuvres plus belles de la grande renaissance. Sa faïence est
aussi riche de tons, aussi pure de forme, aussi élégante d’aspect
qu’aux plus beaux âges des vieux maîtres ; elle n’a qu’un tort,
c’est de n’être précisément que le reflet de ces vieux maîtres. Ses
cabinets sont ouvragés avec la patience et le goût que l’on con-
naît. Et son musée de l’histoire du travail enfin, pour être arrivé
le dernier, n’en est que plus complet. Les chefs-d’œuvre s’y
coudoient et marquent assez l’importante place qu’occupa jadis
dans l’histoire de l’art cette terre aimée des dieux.
Bronzes verts de Florence, fines dagues, épées à coquille,
marbres précieux, chenets, faïences émaillées, broderies véni-
tiennes, tentures opulentes, tout le grand siècle, dit de Léon X, y
est représenté avec la magnificence qu’il méritait à si juste titre.
Comment cette belle race ne se relèverait-elle pas avec de
tels modèles ?
Nous allions autrefois, nous allons encore apprendre au delà
des Alpes la pratique de l’art, en nous initiant aux immortels
chefs-d’œuvre des grands génies qui naquirent au sein de ces heu-
reuses contrées. Qu’il nous soit pei’mis en terminant de faire une
remarque à ce propos. Sur la liste si nombreuse des maîtres qui
ont exposé dans la section italienne au Champ-de-Mars, je re-
connais des noms presque naturalisés français, je dirai plus, pa-
risiens : Pasini, Palizzi, Marcello, Calamata et bien d’autres. La
renaissance moderne de l’Italie ne viendrait-elle pas un peu de
la France? Si nous n’avions crainte d’être taxé de chauvinisme,
nous le laisserions croire assez volontiers.
Il y a grand honneur à rendre en son temps pareils services à
ceux qui vous prêtèrent si largement à des époques glorieuses.
L’Italie n’a pas à nous en vouloir, nous ne sommes que recon-
naissants.
Henri dû Cleuziou.
R. PFNOR, Propriétaire-Directeur.
Paris. — Typ. de Rouge frères, Dunon et Fresné, rue du Four-St-Gerœain, 43