ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
? L exécution de cette idéô ne laissait pas, cependant, d’offrir de sérieuses difficultés. On pouvait à l’avance être assuré du concours des grands collectionneurs, et l’empressement avec le- quel ils ont répondu à l’appel de la commission, en mettant à sa disposition leurs richesses les plus précieuses, l’a prouvé sura- bondamment. Mais il fallait organiser cette exhibition, classer par genre et par époques tous ces objets, les mettre tous en évi- dence, de manière à dérouler sous les yeux du visiteur le moins versé dans les connaissances archéologiques comme une histoire des arts industriels, dans laquelle il pût lire couramment les transformations successives de l’industrie française. Cette tâche difficile lut confiée à M. Dusommerard, et, grâce au savoir et au goût qu’il a su déployer dans le classement et 1 agencement de tous les matériaux qui lui étaient confiés, cc but a été parfaitement atteint. Aussi, croyons-nous devoir, avant de poursuivre, lui adresser, au nom de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des arts, nos plus sincères remercîments. Nous n’avons nullement, en consacrant quelques colonnes à cette partie de l’Exposition, l’intention d’en faire un compte rendu descriptif, puisque nos lecteurs ont été à même d’admirer de visu toutes les merveilles quelle renferme. Ce n’est point, non plus, au point de vue archéologique que nous entendons traiter se sujet ; nous essayerons seulement de saisir et de coordonner les diverses manifestations du génie national qui, tout en tradui- sant les besoins et les tendances de chaque siècle, sut toujours rester fidèle à lui-même, et qui, malgré les influences étrangères qui tentèrent quelquefois de le modifier, ne se départit jamais de son originalité et de ses qualités de goût, de mesure et surtout de bon sens que surent toujours conserver les productions artistiques de notre pays. Enfin, cette étude nous conduira à rechercher les causes aux- quelles il fout attribuer, depuis un demi-siècle, la décadence de cette originalité et de cette science de l’invention, qui furent si longtemps le privilège des artistes français. Peut-être nous four- nira-t-elle des enseignements utiles pour recouvrer ces qualités essentielles que nous admirons dans les œuvres des siècles passés. Nous passerons, sans nous y arrêter, dans la première salle, consacrée aux temps qui ont précédé l’emploi des métaux; elle ne renferme que des outils en silex, des ébauches informes gravées sur des fragments d’os ou do pierre, et ne présente donc aucun intérêt artistique. Nous ne troublerons pas les philosophes et les savants qui, devant ces débris, bâtissent so*uvent au gré de leur imagination les systèmes les plus contradictoires, et nous péné- trerons dans la seconde salle, où se trouvent rassemblés les débris de l’industrie gauloise et gallo-romaine. Au premier aspect, poteries, bronzes, verroteries, ustensiles, bijoux, armes, statuaire, tout semble présenter, au plus haut degré, le caractère de l’antiquité romaine ; mais dès que l’on s'en approche et qu’on les étudie, on reconnaît bien vite que les Romains, malgré l’influence absorbante de leurs arts, qu’ils im- portèrent au centre des Gaules comme un moyen de conquête morale, ne purent jamais réussir à étouffer complètement le sen- timent original du peuple conquis. Les diverses industries que cultivaient les Gaulois avant l’invasion, d’après le témoignage des auteurs anciens, nous en fourniront suffisamment la preuve. Examinons d abord la céramique : parmi un grand nombre de vases, de coupes, d’amphores, appartenant par leur forme et leur décoration à la céramique antique, nous remarquerons plusieurs modèles qui n’ont avec cette dernière aucun lien de parenté ni comme profil ni comme ornementation, tels sont : par exemple, les deux vases de terre grise de la collection Charvet, de forme presque ovoïde, et décorés de guirlandes de lierre ou de trèfle et de triangles ponctués (1). Dans la même vitrine se trouvent deux autres vases de forme cylindrique, à couverte rouge, détachant, en très-faible relief des figures de femmes et d’animaux dont le dessin nous a paru empreint, à travers sa naïveté, d’un caractère bien tranché d’originalité. Les bronzes offrent aussi des exemples de cette persistance du génie gaulois; mais poui’ les découvrir, il faut examiner les objets destinés spécialement à l'utilité ou à l’agrément des per- sonnes, et qui, par conséquent, durent subir difficilement l’in- fluence étrangère. Les colliers, les bracelets qui, comme chacun sait, faisaient partie du costume guerrier, dénotent une grande expérience des procédés de fonte ; les bracelets surtout déroulent les spirales les plus élégantes et sont ornés de gravures formant des enroulements, des chevrons et des cercles concentriques du goût le plus pur. Les armes aussi ont conservé un caractère tout particulier, on pourrait même dire national; les pointes de lance, les lames d’épée, avec leur double tranchant renflé d’un profil si gracieux, sont loin de ressembler à l’épée droite et courte des légions romaines; elles se rapprocheraient plutôt des armes grecques ou étrusques. Deux casques méritent d’attirer l’atten- tion : ils sont de formo conique, terminés par un cimier aigu, et, sur leurs côtés se détachent deux appendices destinés à recevoir des aigrettes simulant des ailes; ces deux pièces, d’un galbe par- fait, sont exécutées d’une façon remarquable. Parmi les ustensiles de bronze nous mentionnerons un grand brasero, purement antique de style, orné de mascarons en appli- ques, et dont les quatre supports, en forme de pattes de lion, s’épanouissent à leur partie supérieure en feuilles d’acanthe lais- sant échapper des volutes qui servent à attacher par des rivets ce motif au corps principal du meuble. Ce brasero, dont l’orne- mentation est savamment combinée et exécutée, est une des œu- vres capitales de la galerie de l’histoire du travail. La statuaire, bien que dignement représentée, ne comprend, pour ainsi dire, que des spécimens se rattachant directement à l’art gréco-romain. Ceci nous paraît du reste facile à expliquer: les Romains ayant implanté avec leur administration leurs dieux dans les Gaules, cette religion d’Etat dut toujours rester passable- ment étrangère au peuple indigène , qui conserva probablement longtemps les croyances de son culte primitif. Nous pensons donc que les Gaulois ont une très-petite part à revendiquer dans l’exé- cution des deux Jupiter, dont l’un appartient au musée de Lyon, et l’autre au musée d’Evreux. Peut-être les ont-ils fondus, mais à coup sûr ils n’en ont point fourni les modèles. Ces deux figures, ainsi que toutes celles qui les accompagnent, durent être exécutées par des artistes grecs. Leur modelé un peu lourd indique des œu- vres de décadence ; cependant elles conservent encore, surtout le Jupiter du musée d’Evreux, un reflet intense de la grandeur de style de la belle statuaire grecque. Un artiste gaulois se fût ceitefe montré moins habile, mais il eût probablement essayé d’impri- mer à des figures de ce genre quelques traits du type national, et il est douteux qu’il fût arrivé à produire des copies irréprochables des modèles antiques, sans y ajouter quelque chose de sa per- sonnalité. (1) Nous avons publié ces deux vases dans la 13e livraison de COrnemen- tation usuelle.