Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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38 syj
Les mêmes considérations peuvent s'appliquer aux fragments
de sculpture sur pierre, exposés dans cette section ; il faut
pourtant en excepter un cippe et quelques stèles d’un travail
beaucoup moins habile, que nous supposons des imitations gau-
loises de la sculpture romaine.
Jetons, avant de quitter cette salle, un coup d’œil sur les objets
en verre. Les Gaulois, même avant la conquête, fabriquaient des
émaux, et par conséquent, connaissaient l’industrie du verre. Los
produits que nous avons sous les yeux nous montrent, en effet, à
quel degré d’habileté ils étaient parvenus dans cet art difficile.
Plusieurs pièces méritent une mention spéciale : ce sont deux
amphores trouvées à Nîmes, l’une en verre bleu clair, et à cou-
vercle, l’autre àpanse sphéroïdale d’un bleu beaucoup plus foncé,
un rhyton en verre blanc irisé, imitant une corne de bœuf, et
orné d’un réseau en relief, enfin, une petite coupe hémisphérique,
apode, détachant sur un fond vert-clair des incrustations en pâte
de verre, jaunes et violettes. Ce dernier objet est à lui seul une
preuve irrécusable de la facilité avec laquelle nos ancêtres se ser-
vaient des procédés de coloration du verre. Signalons, en dernier
lieu, plusieurs bouteilles de forme quadrilatérale, à goulot très-
court et à anse unique, dont la forme n’a aucune analogie avec
celles de la verrerie romaine.
Nous avons cherché, dans ce trop bref examen, à faire ressor-
tir la part qu’avaient su garder les habitants des Gaules dans les
arts et dans l’industrie pendant la domination romaine. Cepen-
dant , nous reconnaissons que les conquérants ayant imposé pen-
dant plusieurs siècles, au moyen de leurs puissantes institutions,
leurs mœurs, leurs lois, leurs arts et jusqu’à leur religion au peu-
ple vaincu, imprimèrent à son génie une direction dont ce peuple
encore jeune garda longtemps la tradition, même en dépit des
siècles de barbarie qui suivirent la chute de l’cmpirejd’Occident.
Nous aurons plus d’une fois l’occasion, dans le^ cours de cette
étude, d’en rencontrer des traces profondes.
A. De La Rocque, architecte.
( La suite au prochain numéro.)
La clôture de l’Exposition a été décidément fixée au 31 octo-
bre. Elle aura donc duré sept mois pendant lesquels on aura pu
l’étudier consciencieusement. Ce n’est pas pourtant sans un
sentiment, de tristesse- que l’on pense que, d’ici quelques jours,
tous ces chefs-d’œuvre, dont la réunion forme une véritable en-
cyclopédie, se disperseront, et qu’il ne restera bientôt plus rien
de cet immense monument de l’intelligence et de l’activité
moderne.
Nous ne saurions prévoir les résultats que ce te dernière Ex-
position exercera sur l’industrie et particulièrement sur les arts ;
mais nous croyons fermement que le brillant ^concours artisti-
que auquel elle a donné lieu, stimulant l’émulation des diffé-
rentes écoles, ne peut manqüer de susciter de grandes innova-
tions dans toutes les branches de l’art.
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LA RENAISSANCE
Les civilisations, comme la vie humaine elle-même, ont des
alternatives d’action et de sommeil : pendant un, deux, trois
siècles, tout dort. Les esprits s’alourdissent, les âmes s’énervent,
les traditions s’oublient; puis, tout à coup, l’heure du réveil ayant
sonné, il se lève, non pas un, mais dix, vingt, cent hommes, qui,
dans toutes les voies : celles de l’art, de la science, de la poli-
tique, de la philosophie, crient le sursum libérateui’.
Ceux-là, leurs contemporains les appellent des divinateurs.
Ils inventent ! s’écrie-t-on. —Non, ils se rappellent. Ce n est
pas toujours en avant qu’ils regardent, c’est souvent aussi vers
le passé. Ils ne créent pas la Muse de leur temps, ils la ressusci-
tent.
Jetons un rapide coup d’œil sur l’histaire de l’art, et nous y
trouverons, je crois, une preuve de cette assertion, preuve qui ne
diminue pas les génies, mais qui les explique, qui en fait des
hommes comme nous et non plus des forces inconscientes et fatales
lancées à travers le monde des idées, par je ne sais quelle main,
dans un but qu’elles ignorent elles-mêmes. — La théorie des
hommes providentiels est aussi fausse en art qu’en religion ou
en politicjue. La faculté artistique, c’est-à-dire la faculté de tra-
duire les objets extérieurs par des images, soit physiques, soit
parlées, est certainement la plus caractéristique de l’homme,
bien qu’on la trouve déjà à l’état rudimentaire dans l’instinct
imitatif du singe; isolé par familles, vivant dans les cavernes,
comme les bêtes sauvages, on le voit traduire en images
des sensations confuses. L’art humain est contemporain des
cornes de cerfs sculptées découvertes par M. Boucher de
Perthes. — Art bien grossier, certes, mais origine de tout art.
Le sauvage qui a dessiné ce renne est l’ancêtre direct de Mi-
chel-Ange, et, sans doute, son chef-d’œuvre accompli, il a trouvé,
chez ses compagnons sauvages, la même admiration que Michel
Ange auprès de Léon X.
Plus tard, la caverne est délaissée et 1 homme songe à se faire
des cavernes artificielles mieux arrangées pour les convenances
de sa vie. Encore plus tard, pour laisser circuler partout ce bon
air vivifiant, ce grand soleil si souvent regretté au fond des antres
noirs, la muraille se décompose en colonnes (1). Enfin, à son
tour, la statue brise son enveloppe de pierre comme une Daphné
victorieuse des étreintes du laurier. — L’art grec, l’art arrivé à
toute la perfection qu’il comporte est créé.
C’est l’histoire de l’art des pays du soleil que nous venons de
vous raconter là. Lorsque le ciel est bleu, l’air chaud et vivifiant,
point d’intérieurs sombres, de lignes confuses et 'brisées. La na-
ture communique à Fart son reflet, quelque chose de sa propre
placidité. — Dans les contrées tourmentées, au contraire, il se
tord aussi dans les convulsions des chimères et des gargouilles.
La voûte s’élève et s’emplit d’ombre mystérieuse comme un des-
sous de forêt du Nord, autre face du même art, expression diffé-
rente de la même faculté maîtresse, l'imitation.
Tout était glacé par les grandes tristesses du moyen âge.
L’ombre des cloîtres étouffait toutes les élégances et toutes les
pensées, les précieux manuscrits avaient été grattés par les co-
pistes de plain-chant, les grands penseurs et les grands écrivains
de l’antiquité déchirés, brûlés, effacés, perdus; perte inapprécia-
ble dont, malgré les recherches modernes, la science et la litté-
rature gémiront éternellement. La foi avait fait table rase dans les
esprits comme les moines ignorants sur les palimpsestes. Si du
moins cette foi avait toujours donné à l’art ses compensations or-
dinaires, mais non, la foi bientôt s’en va au souffle des Luther, et
(1) Dans un article précédent nous vous avons cité la curieuse page où
Philibert de l’Orme explique que la colonne n’est autre chose qu’une caria-
tide, une sorte de rudiment de la statue.