ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
39 <3^ avec elle les grands artistes chrétiens. Les bâtisseurs de cathé- drales font place aux architectes ignorants que Philibert Delorme traite si dédaigneusement dans ses livres. Déjà la fin de cette nuit horrible, nuit de terreurs, d’angoisses, de luttes sans nom, pouvait être pronostiquée. Le soleil de la Renaissance allait se lever. Il se leva et combien radieux! — Son rayon éclairait à la fois toutes les faces de l’esprit humain ; il ne fut pas un seul coin obs- cur dans lequel il ne pénétrât, pas un ordre d’idées d’où il ne chassât la scolastique pédante pour y faire entrer le raisonne- ment. La Bible exige l’immobilité de la terre, et la platitude de sa surface est soutenue par saint Augustin; Colomb et Galilée dé- montrent sa rotondité et son mouvement. Des scrupules religieux rendent le cadavre de l’homme plus sacré que ne l’est l’homme vivant lui-même; les Vésale jettent à l’inquisition leur défi, dis- sèquent dans les caves, dans les greniers, partout, et font enfin reposer la médecine sur d’autres bases que la tradition ou 1 em- pirisme. Les chercheurs d’or eux-momes, les souffleurs et les alchimistes, tout en poursuivant leur Œuvre, groupent des faits, les comparent et créent de toutes pièces une science nouvelle qui depuis eux n’a guère avancé. Mouvement, mouvement ascendant et merveilleux de sève dans toutes les branches de la science 1 Est-ce à dire cependant que ces gens-là créaient de toutes pièces, et faisaient comme Jupiter sortir la Minerve armée de leur cerveau. Non, mais sautant par-dessus les livres chrétiens, ils osaient pénétrer dans ces grimoires antiques, proscrits par l’Eglise. Ils osaient prendre corps à corps la vérité, cette hérésie, et la faire sortir vivante des feuillets poudreux et condamnés. Ce qu’ils essayaient en sciences, d’autres, par les mêmes moyens, l’essayaiønt en littérature. Rabelais, tout en créant une langue, ressuscitait la philosophie épicurienne, Montaigne les sceptiques, la Boétie, dans les pages admirables de son Discours sur la servitude volontaire, affirmait des vérités terribles avec une audace qui n’a pas été dépassée, et tous, La Boétie, Montaigne, Rabelais et les autres cherchaient chez les Latins et les Grecs, nos aïeux païens, la solidité du raisonnement et l’élégance de la forme. Car dans sa foi aveugle le christianisme avait au début tout brisé, les idées comme les statues; de l’ignorance il avait fait une vertu de la pauvreté une richesse, de la laideur une bénédiction. Persécuté, il était devenu, aussitôtaprès le triomphe, persécuteur non moins sévère de tout ce qui n’était pas lui, et cela implaca- blement, aveuglément, sans distinction et sans choix, brûlant le bon avec le mauvais, Tacite avec les tables milésiennes, avec Suétone Tite-Live. Les Vénus, renversées de leurs socles, dormaient enterrées sous les ruines du paganisme. Les grandes villes, Rome surtout, étaient devenues des ossuaires de Dieux, et c’est là que les nova- teurs artistiques, frères des novateurs scientifiques et des nova- teurs littéraires, allèrent les chercher pour les ressusciter dans leur œuvre vivante. Renaissance : résurrection. Leur œuvre à son tour, comme toutes les œuvres humaines, a eu successivement sa splendeur suprême, son déclin, sa mort; s’épu- rant jusqu’à la sécheresse, la langue passe de Ronsard à Mal- herbe, de Malherbe à Racine et de Racine à Campistron. Hélas! tandis que, par une loi parallèle et naturelle, les feuilles d’acanthe se contournaient en chicorées, lesquelles, proh pudor! devaient enfin faire place aux feuillages secs du néo-grec du Directoire. Pendant un moment l’obscurité fut complète å tous les horizons de l’art, seule la science faisait des pas énormes vers la lumière. Mais aujourd’hui, nous trompons-nous? il nous semble qu’un nou- veau réveil approche. Des lueurs transparaissent à travers les brouillards, les frissons précurseurs de l’aurore semblent agiter les âmes, et peut-être, émerveillés, assisterons-nous à une se- conde Renaissance. J. du Boys. (A continuer.) CHRONIQUE D E L’EXPOSITION UNIVERSELLE L’ALLEMAGNE La race allemande est une bien étrange race. Inutile de dire qu’ici je parle, sans aucune préoccupation géographique, de la nation germaine en général. La géographie, par le temps qui court, est tellement variable que, dans les questions d’art et de tendance, on est forcé quand même de la mettre légèrement en oubli. Je comprends donc à dessein tous les peuples d’outre-Rhin dans une même famille, mettant de côté les différentes couronnes, ducales, princières, arcliiducales, royales, etc., à l’ombre des- quelles ils grandissent à l’heure qu’il est. Lorsque l'on cherche, au Palais du Champ-de-Mars, à se rendre compte des préoccupations, des idées, des goûts dominants de cette race, à peine une conviction a-t-elle pris germe en vous qu’une autre contraire vient aussitôt la remplacer et la détruire. Devant le caractère allemand à l'Exposition, le critique hésite à porter un jugement; c’est à peine s’il ose hasarder une opinion. Il s'arrête étonné, dans ce pays, comme devant une statue colos- sale dont certaines parties, soignées avec art et prédilection, se- raient belles d’une beauté tout à la fois grandiose et délicate, dont d’autres, au contraire, à peine ébauchées, resteraient pleines de sauvagerie rude et brutale. C’est que si l’Allemagne est le pays des Meistersaenger, des ou- vriers troubadours, maçons, tailleurs, barbiers ou cordonniers poètes, maîtres chanteurs, disciples des Mugelin, des Folz et des Sachs, elle est aussi la patrie des Burgraves, des Frédéric, des Otbert, des Gerhard et des Gilissa. Semblable à un jeûne arbre dont je ne sais quoi aurait momentanément arrêté la croissance et qui pousse quand même, vers le ciel, près de sa tige principale atrophiée, des rejetons pleins de vigueur et de sève débordante. Que voyons-nous, dès l’abord, à l’exposition prussienne? Dans le jardin, un colosse immense d’un effet gigantesque, presque terrifiant, mais lourd, sans élégance, sans recherche aucune de la forme; ah! certes, le sculpteur ne se préoccupait pas de si peu. Après ! des armes plus grandes encore au-dessus de la gueule béante desquelles semble voler, au milieu des aigles, le génie de la mort, ce démon familier des légendes rhénanes, la grande mé- lancolie d’Albert Durer, le cavalier livide d’Alfred Rethel, ou le danseur aux ricanements funèbres du sombre Holbein, Après! des statues dont la tête orgueilleuse se dresse à la hauteur de la voûte et qui lèvent vers le ciel d’immenses épées nues ou s’ap- puient fièrement sur elles. Après ! des brocs d’argent, des hanaps de verre couverts d’écussons, d’armoiries, de casques à lambre- quins où se pavanent des chimères, des sauvages, des léopards