ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
oÆ) 40 6^ couronnés, des lions à la langue fourchue, au-dessus de devises batailleuses ; meubles de festins qui ne devaient s’emplir qu’à des tonnes, sœurs cadettes de celle d’Heidelberg. Puis, le bouclier d’argent donné par la noblesse au prince de Prusse. Puis, enfin, comme histoire du travail dans cette galerie si pleine de calme, où se coudoient les merveilles de la pensée, les merveilles de l’art, du goût et de la science, l’or ciselé par des mains habiles, l’émail travaillé par des chercheurs puissants ; la faïence qui parle, le bronze qui sourit, l’ivoire qui fait pleurer. Dans cette galerie des Pénicaud, des Limosin, des Courteys, des Palissy, une salle vide ! où quelques albums s’étalent à peine feuilletés sur leurs pupitres nus; au centre, une batterie de fusil merveilleusement fouillée, et, dans un coin, un soldat armé d’un casque qui s’apprête à faire feu, la carabine armée, la jambe en avant, l’œil animé, la main sur la crosse au premier commandement de son capitaine. Voilà pour les Burgraves. Mais, attendez! là ne s’arrête pas l’Âllemagne ; à deux pas, parmi les tableaux, apercevez-vous ces dessins si expressifs, trop littéraires peut-être ? mais de nos jours le défaut est si rare qu’On peut facilement lui pardonner, ces dessins d’Arthur Grottger sur la guerre devant l’art. A l’exposition de Bavière, voyez-vous ce magnifique carton de Kaulbach sur la Renaissance, à l’époque de la réformation, une des plus belles pages de l’esprit humain à notre époque? Puis, dans cette même galerie du travail où nous étions tout à l’heure, avez-vous admiré cette histoire de la char- rue du docteur Louis Bau, depuis le bois naïvement lié de l’Egyp- tien des Pyramides, la pierre emmanchée des Indes-Orientales, les perfectionnements primitifs de l’Arabie, de l’Etrurie, de la Grèce jusqu’à la charrue moderne de France, d’Angleterre, d’Amérique ou d’Allemagne, sublime étude trop peu vue par nos superficiels compatriotes qu’attirent davantage le bruit et le clin- quant, véritable histoire du travail dans le sens le plus vrai du mot? Attendez! attendez! après les fils de Jupiter, voici les autres, et ceux-là sont bien vivaces encore dans les pays allemands. Etrange peuple entre nos contrées occidentales vieilles déjà, entre l’Orient usé et la Russie qui ne date pas encore ! On dirait que cette race attend samaturité, qu’elle n’est pour ainsi dire qu’à sa période d’adolescence. Que lui manque-t-il donc? L’élégance?Mais elle en a comme le sentiment inné. L’Allemand est musicien dans l’âme; toutes les harmonies artistiques lui sont connues. Quoi de plus délicieux, comme finesse et gracieuseté mignarde, que son exposition de porcelaine de Saxe : statuettes délicates, bouquets pleins de fraîcheur, miroirs où ne devraient se regarder que des minois chiffonnés, des cheveux blonds avec un œil de poudre, des mou- ches assassines, des bouches rosées par le carmin. Et dans la ga- lerie du mobilier,- quoi de plus gothique que ces meubles de M. Turpe, de Dresde, ou de Jean Herninger. Il nous est resté de la Restauration, à nous autres Français, je ne sais quoi de trouba- dour dans l’esprit, de ce genre inventé vers 1815 pour « le jeune et brillant Galaor d’Artois, » comme l’appelle M. Michelet. Les Allemands n’ont pas été souillés par ces fadaises ; ils gardent la tradition pure des vieux tailleurs de bois de Nuremberg, en y mêlant la poésie des Marguerite, des Charlotte et des Amélie d’Edelrich. Là sera, je crois, le point capital de leur influence dans la re- naissance moderne, dont nous verrons peut-être la glorieuse aurore. Mais à quelles études sérieuses ne se sont-ils pas astreints pour arriver à ce rang que nous avions tenu, sans conteste, bien long- temps et que nous avons la prétention de garder encore, si faire se peut. Leurs écoles regorgent de modèles choisis ; nous, nous avons les lithographies de l’administration. Leurs livres de classe sont illustrés par des maîtres ; leurs images populaires sont des chefs-d’œuvre ; nous, nous avons Epinal, le Juif-Errant et le Chemin du Paradis. En Allemagne, tous savent lire et écrire, tous regardent, comprennent et jugent par eux-mêmes. Voilà le grand pourquoi de leurs progrès. Aussi, en attendant leurs créations, leurs copies sont-elles déjà superbes. Je no veux en citer, dans un genre complètement in- dustriel, qu un seul exemple, l’imitation du tapis oriental de Pierre de Russie, dont nous parlions plus haut, de la maison Haas, de Vienne. Aussi, commencent-ils déjà, dans leurs fabriques de porcelaine de Berlin, à peindre sur les grands vases autre chose que des femmes rêveuses à l’œil bleu, ornées de la grande cheve- lure byronienne, que des guerriers à casque classique, comme jadis à Vienne. Lorsque l’Autriche aura jeté clans ce milieu l’art oriental de la Hongrie, cet art des ceintures émaillées, des har- nais merveilleux de son musée rétrospectif, l’Allemagne pourra lutter avec nous, et qui sait peut-être? nous devancer si nous n’y prenons garde. Ce sont luttes que nous ne pouvons que désirer. Pourquoi entre les hommes ne sont-elles pas toutes de cette espèce? Nous terminons par l’Allemagne nos excursions étrangères au Palais du Champ-de-Mars, le temple de la quantité, mais non de la qualité. Du reste, les portes de l’immense bazar se ferment déjà. Les oriflammes décolorées pendent le longde leurs mâts défraîchis les cloches et les pianos se taisent, les hautes cheminées ne se couronnent plus de leurs noirs panaches, les grandes roues res- tent immobiles. Déjà les chaises sont enlevées, tout se vide, et sur les constructions du parc on voit, se balancer le sinistre écri- teau blanc : Maison à vendre. Les tambours de Tunis et les tams- tams chinois ne rendent plus que des sons plaintifs et sourds; les bouquetiôaes ont mis leurs costumes bizares au portemanteau ; les crieurs des baraques de la salle Suffren s’enrhument. Il n’y a plus à l’Exposition que le Décapité qui parle. Terminons nos chroniques et laissons la place à d’autres. Peut-être dans les quelques lignes qu’il nous a été donné de consacrer à la grande solennité parisienne de 1867 ne nous a-t-on pas toujours trouvé à la hauteur de la tâche qui nous était impo- sée. Hélas! il est dans l’année des jours où luit le soleil, d’autres où les nuages obscurcissent le ciel bleu ! Le chroniqueur est un peu tantôt l’homme du soleil qui réchauffe, tantôt l’homme de la pluie qui refroidit. Que la bienveillance inépuisable du lecteur excuse donc ses joyeusetés peu sérieuses ou la pâleur de ses ap- préciations précipitées. Si le bon Homère a dormi quelquefois, il peut être permis à un modeste promeneur de sommeiller par instant, surtout quand il a été si souvent abasourdi par les bruits divers qui remplissaient à toute heure ce qui devait être le sanc- tuaire de l’étude comparative des produits du monde entier et qui n’a été que la bruyante foire internationale des exhibiteurs de tous les pays. Henri du Cleuziou. R. PFNOR, Propriétaire-Directeur. Paris. — Typ. Rouge frères, Dunon et Fresué, rue du Four-St-Germain, 43.