Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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Chacun avait sa destination spéciale. Il en était un que je ne vois
pas figurer parmi nos exemples que l’on nommait kottabe. C’é-
tait une grande coupe, qui ne servait même qu’à recevoir ce
qui restait dans les coupes des convives. On nommait ce résidu
latax, et la distinction, du temps, ne consistait pas seulement à se
gratter la tête avec un seul doigt, mais encore à lancer adroite-
ment le latax au fond du kottabe.
C’était à cette marque qu’on reconnaissait les gentilshommes
de l’époque.
La fig. 5 est un rython. Les rois de Pœonie firent d’abord
orner de cercles d’or et d’argent des cornes de bœuf. Ce fut l’o-
rigine des rythons. L’art agrémenta ces cornes, les chargea de
mufles, même parfois de têtes d’homme, et les diversifia de
mille façons. Le culte de la corne pour boire s’est conservé long-
temps chez nos ancêtres et surtout dans la Hollande et la Germa-
nie. Le musée rétrospectif était plein de cornes à boire de formes
charmantes ornées d’écussons de corporations, de devises et de
blasons de toute forme.
Le rithon qui vient, paraît-il, de psvw, couler, n’était servi
qu’aux héros.
La fig. 7 représente une gourde. Nous disons plus loin un mot
de la gourde ; elle est générale à tous les peuples de race indo-
européenne.
Après vient une série de vases à parfums. Elle peut nous don-
ner une idée de l’arsenal d’une beauté de Corinthe. Ils portent
tous des noms ordinairement tirés, soit de la matière dans la-
quelle ils sont fabriqués, comme l’alabastron (albâtre), par exem-
ple ; quelquefois de leurs formes, bombylios, cotyliscos, etc.
La dernière rangée enfin donne des spécimens de vases dits
lacrymatoires; lekitha, ampulla, etc. enflure, am-
pulla, enflure.)
L’étymologie explique les formes. La destination était ordinai-
rement sacrée.
L’une (la fig. 18) représente une Olpa (o>n-a), mot composé de o>,
entier, complet. En celtique, ol veut dire de même : tout le
monde : an ol tud, et wa; ou wa-j, qui veut dire : tout. C’était le
vase que l’on trouve le plus communément au fond des tombeaux
de tous les peuples connus. La mort étant une nécessité générale,
même aux immortels, on ne pouvait trouver pour désigner
l'urne qui accompagnait les cadavres un nom plus caractéris-
tique. H. du G.
LES ARTS PARISIENS
LE MEUBLE
( Suite )
La révolution de 1848 a rendu quelques services, et le mobilier
en particulier lui doit un notable progrès. En ce temps de vie neuve
et ardente, où volontiers la langue mettait aux choses leur vrai
nom, il fut tant parlé d’intermédiaires-parasites, de commis-
sionnaires-sangsues , d’exploitation et A'exploiteurs, que la pra-
tique, en y songeant, finit par se demander si elle n’était pas
bien exploitée elle-même depuis le commencement des boutiques
et de ce qu’on y fait. Et peu à peu, curieuse mais étonnée d’abord
de se trouver si hardie, on la vit prendre le chemin de quelques
ateliers célèbres, aux fins d’y essayer l’inouï renversement des
choses qui consiste pourtant dans une opération toute simple :
voir faire ce que l’on cherche et l’acheter ensuite de première
main.
Parti sagement pris, sous tous les rapports. Si un tiers, entre
gens valides et sains d’esprit, eut jamais son utilité, ce n’est pas
dans les industries où l’artjoueunrôle. Son concours, ici, est plutôt
funeste, et voici pourquoi. Quel qu’il soit dans l’ameublement, par
exemple,tapissier, commissionnaire ou marchand, ce tiers intéressé
et superbe ne voudra pas gagner beaucoup moins du cinquième
ou du quart. Or, toute denrée normale a un cours qui la fait ap-
peler courante, lequel cours est connu ou à peu près, et ne sau-
rait guère être dépassé. L’industrie de l’intermédiaire devra donc
consister à se faire livrer la chose, la forme, le dessin demandés,
à Quinze ou vingt pour ccnt au-dessous du cours. IXi pour le fa-
bricant ni pour vous, bien entendu, mais pour sa propre personne
inutile et sacrée. Il y parviendra sans peine, aux dépens néces-
saires de la qualité et de la façon, et jouera le tour que voilà sans
scrupule, délaissant l’objet bien fait pour l’objet avantageux, c’est
à-dire celui qui représente plus qu’il ne vaut. C’est pourquoi les
honnêtes, grandes et claires maisons ne conviennent guère à
notre officieux cicerone; il y fait trop jour pour sa profession
ténébreuse.
Donc, en allant droit chez l’ébéniste, que d’ailleurs le désir de
vendre apprivoisait, le bourgeois en Quetß de meubles a. gu deux
fois raison dès l'abord. On a commencé par lui vendre un peu
plus cher QU,on n^cut iiiit tiu parasite, ainsi 1 exigeait l<i triiditiou
de ces complicités malsaines ; mais il a trouvé tout de suite de la
marchandise meilleure : et plus tard le fabricant, qui épargnait
l’onéreux tribut de jadis, s’est mis loyalement à travailler mieux
et plus, animé d’ailleurs, encouragé, éclairé souvent par l’ache-
teur, lequel pouvait fort bien être un homme du monde, un
homme de science ou un homme de goût. Tous ceux qui se meu-
blent ne sont pas des paveurs enrichis ! Ajoutons, par surcroît de
chance, qucIqug feniiïic spirituelle s en mêlant.
De !à, je crois, le pas très-large qu’a fait le meuble parisien
après les hauts et les bas de 1848. L’Exposition de 1851 à Londres
et celle de 1855 à Paris ont montré plus en quatre ans que n’a-
vaient lait les dix-huit années de Louis-Philippe. L’exemple de
bon sens donné par le consommateur à une époque inquiète fut et
demeurera nécessairement contagieux. Le jour approche où cha-
cun, en fait d’industrie que l’art rehausse, vendra directement ses
produits et non ceux des autres : le tapissier ses garnitures et
ses tentures, le meublier ses meubles, le bronzier ses bronzes,
le serrurier ses ferrures. Tout y gagnera, l’art, le goût, le travail
et l’emploi. Les riches, dit-on, n’aiment pas à s’occuper de
ces détails-là; ils l’apprendront, et d’ailleurs, ce n’est rien
moins que prouvé. Il y aurait de quoi jeter sa richesse aux chiens
si l’on ne savait pas la dépenser soi-même. Je vis une grande
dame l’an passé dans une fabrique fort illustre de la rue Ternaux-
Popincourt ; elle était assise, un crayon à la main, et dessinait
ses meubles devant le maître respectueux. C’était quelque chose
de ravissant, mais un tapissier-médium en fût tombé à la ren-
verse! Ces hommes-là ont des mesures, des catégories et des ren-
gaines dont ils ne s’écartent jamais.