Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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nom était formé a^ï fiptïv, porter des deux côtés, parce que
d’ordinaire, deux esclaves remuaient avec les précautions qu’on
devait avoir pour le Massique ou le Falerne, ces vases chantés
par les poëtes.
On plaçait d’ordinaire l’amphore dans le cellier, pièce particu-
lière ; située, au contraire de nous, à l’endroit le plus élevé de la
maison, exposé au nord, parfumé de myrrhe où l’on entretenait
une continuelle fraîcheur. C’est pour cela qu’Horace qu’on ne
peut que citer, quand on parle des festins de Rome, Horace du
troupeau d’Epicure, dit à l’amphore qu’il chérit, à l’amphore qui
donne la force « de braver la colère des rois elle glaive dusoldat » :
Descends, c’est Corvinus qui l’ordonne,
Descende Corvino jubente.
Les deux vases qui accompagnent notre amphore illustrée de
grappes de raisins et de feuilles de vigne, sont des vases à verser.
Nous en avons parlé dans un précédent article.
H. du G.
LES ARTS PARISIENS
JLE MEUBLE.
(Swrt«.)
Des lecteurs qui n’aiment point que l’on s’interrompe, auront
trouvé longue notre digression sur les machines bonnes à suppri-
mer l’art etlesartistes dans le meuble; nous leur en demanderions
pardon, s’il ne nous était venu d’ailleurs des témoignages de
sympathie non suspects. Ceux-ci nous prouvent que nous avions
vu et dit vrai. Reprenons maintenant et poursuivons.
L’époque de Louis XIV a tout son orgueil mobilier dans un
nom à jamais fameux, Boulle. Si nous en croyons l’École des
chartes et M. Asselineau, ce chercheur aussi savant qu’aimable,
Charles-André ou André-Charles Boulle, ébéniste du roi soleil,
inventeur d’un genre qui ne fait pas toujours honneur à sa mé-
moire , naquit à Paris, de parents français et huguenots, le
10 ou 11 novembre 1642. L’acte de son baptême a cependant
manqué, dit-on, aux registres de la religion dont on le fit; de
sorte que nous en sommes à chercher qui pouvait être, chrono-
logiquement, son père. L’an 1619 s’illustre de Pierre Boulle,
« tourneur et menuisier du roi des cabinets d’ébène, » c’est-à-dire
ébéniste de Louis XIII à coup sûr, et de Henri IV peut-être.
1621 nous fait naître Paul Boulle, et 1626 Jacques Boulle, tous
deux fils de Pierre Boulle et neveux de Nicolas Boulle, maître
brodeur. Charles-André est-il le fils de Paul ou le fils de Pierre ?
Paul l’aurait eu jeune; mais on se mariait jeune aussi, en ce
temps-là. Peu nous fait au surplus. L’important, c’est que notre
artiste était de chez nous, non d’ailleurs, et que la jalouse lé-
gende, allemande ou anglaise, qui veut faire venir Boulle de
Bu,hl, n’a point dit la vérité. Son père ou grand-père Pierre avait
pris femme à Blois, ville célèbre aux seizième et dix-septième
siècles par ses orfèvres, ses peintres sur émail et ses tailleurs de
bois, dont fut Jean Macé le grand marqueteur, JeanMacé, pit-
tore e scultore a rnosaico, logé au Louvre chez le roi Louis XIV,
qui avait six ans alors, — c’était en 1644, — « en honneur de la
longue et belle pratique de ^on art dans les Pays-Bas; » ce qui
semblerait dire que, parmi les maîtres flamands si vantés, plusieurs
et les meilleurs étaient de France. Il avait aussi des fils, celui-là :
.................Jean Macé de Blois,
Et Claude, Isaac et Luc, ses enfants, font en bois
Tout ce qui s’y peut faire en son juste intervalle.
En ce temps d’art patient, on mettait un an à faire un meuble ;
et les femmes s’en mêlaient comme les hommes, maniant de même
la gouge et le ciseau, en famille, témoin Dorothée Masse ou Massé,
la gentille sculpteuse du château de Chenonceaux. Pourquoi pas?
Donc le divin Boulle était deux fois de race. Il aurait bien
voulu devenir peintre ; né dans le meuble , il rêvait mieux
que le meuble comme on l’entendait autour de lui. Ses aspira-
tions hautes s’envolaient vers le sublime. Mais ce siècle que l’on
a fait grand, avait encore d’autres tyrannies que le nôtre : « Le fils
doit succéder à son père, » disait l’inflexible loi des corporations,
et Boulle, faute de mieux, s’est servi de ce qu’on lui permettait.
Qu’importe une formule au génie? Que le grand ouvrier ait été
amoureux ou non de mademoiselle de Fontanges, là n’est point la
question. Il avait de l’élégance plus que les duchesses et du goût
plus que le roi; il regarda en artiste le luxe à tort et à travers de
Louis XIV, qui couvrait d’or, de luisant, de velours, de dentelles,
de broderies, les femmes, les hommes, les chevaux, les cloisons,
les murailles, les soldats, les voitures, et il créa un meuble pour
être enharmonie avec tant d’éblouissements. Seulement, du pre-
mier coup, il le fit si parfait, que la mode, cette ogresse, n’en a
pu rien défaire. Aujourd’hui même les contrefaçons qui nous en
sont offertes se gardent d’altérer une si prodigieuse tradition. A
part quelques belles mains qui s’appellent Wasmus, Cremer,
Roux, les copistes sont maussades, en effet; mais ils copient.
Bien content et envié, bien dupe aussi, peut-être, serait celui qui
nous rendrait une vraie commode en boule, comme l’écrivait
naïvement, en 1794, l’astronome mangeur d’araignées Lalande,
dans son catalogue du cabinet de M. Duclos Dufrénoy. Il y avait
soixante ans, pas plus, cpe Boulle était mort, et son nom, dés-
humanisé, était déjà passé dans les substantifs. Erreur remplie
de gloire, assurément ; historique métempsycose d’où résulte
l’éternité.
A trente ans donc, au plein de sa belle jeunesse, Boulle était
logé au Louvre, sous la grande galerie, dans le rez-de-chaussée
humide de feu Jean Macé, élargi sans doute à son mérite et à sa
taille. Ses titres d’alors ressemblaient à une encyclopédie : « Di-
recteur des meubles à la manufacture des Gobelins, architecte,
peintre et sculpteur en mosaïque, graveur, ciseleur, marqueteur
ordinaire du roi et premier ébéniste de sa maison. » Aujourd’hui
que nous sommes fiers, nous croyant forts, lequel, parmi votis,
fabricants illustres, en pourrait signer autant ?
On a tout dit sur l’art et le génie de Boulle. Ce qui distingue
surtout sa manière, c’est la pureté et la sobriété. Ses fils, que
nous confondons avec lui, n’ont été que ses singes, disent les con-
temporains; et il en a laissé quatre, l’infortuné! Les dynasties
en sont là. Ses successeurs plus véritables, tels que Crescent et
Caffieri, ont abuséïde la richesse dans leurs ornements. C’est ce
qui fait que tant de grimauds, connaisseurs prétendus, trouvent
le Boulle trop touffu, trop charnu, trop cossu. On sait si mal les
choses! Qui rencontre un vrai meuble de Charles-André Boulle,
en a pour un jour à admirer : dessus, dessous, dedans, dehors,
tout est conscience, raison, musique, originalité, beauté. Mais