Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
o
QO
?
où le trouver, ce vrai wôublô? Les plus authentiques ont disparu,
portés en Angleterre par la bande noire. Quand la République,
sitôt morte, voulut bien me donner à garder un jour les splen-
deurs et les misères du domaine national de' Fontainebleau, j’ai
cru en voir deux dans la chambre de madame de Maintenon ;
c’étaient un bureau et une commode. Je crois les voir toujours.
Le musée du Havre possède, ou du moins possédait il y a quel-
ques années, un secrétaire de Boulle, sauvé par un passant
de la mort la plus ignominieuse. En 1786, Louis XVI, ayant vi-
sité les commencements hardis de la digue de Cherbourg, s’en
retournait à Versailles par le Havre : la visite obligée du littoral.
Le mobilier royal allait en avant ; les monarques en voyage ont
ce précieux privilège de coucher toujours dans leur lit. Or, les
gens qui démeublèrent l’hôtel de ville du Havre après le départ
du roi, avaient oublié ce seci’étaire dans le nombre, lequel fut
simplement et convenablement mis au grenier, d’où plus tard la
commune, ou je ne sais qui, le fit descendre pour en gratifier le
bureau de l’octroi municipal. Ce fut là qu’un amateur, venu au
Havre pour voir la mer, le rencontra et le reconnut, tout tailladé
de coups de canif et bossué de coups de soulier. Cet amateur s’en
plaignit au maire ou devant le maire, apparemment si bien, qu’à
présent le chef-d’œuvre est à sa place. Ainsi fut déterrée un jour
la divine vierge de Raphaël, du musée de Rouen, roulée en pail-
lasson sous les pieds frileux d’un scribe enregistreur de décès.
Fiez-vous donc au savoir et au goût des maires et des échevins !
Il y a peut-être encore des André Boulle chez le superbe mar-
quis d'Hertford, chez M. de Rothschild, aux Tuileries, à Saint-
Cloud, au musée de Cluny; des tables, des guéridons, des hor-
loges: quelques-uns intacts, d’autres honorablement ou criminelle-
ment restaurés. Mais que sont devenus les grands meubles, ces
monuments sans pair, conçus, dessinés, bâtis,plaqués, marque-
tés, enchâssés, ciselés, gravés par l’artiste immortel? Ceux
qu’il fit, par exemple, de dix-huit pieds neuf pouces, pour Crozat,
le nabab de la place des Victoires, magnifiques au point que.
étant trop hauts de trois pouces, ils obligèrent les juges de l’inci-
dent à se demander et à délibérer s’il ne valait pas mieux élever
le plafond que de condamner l’auteur au meurtre de les raccour-
cir? Est-il encore à Versailles, le cabinet de vingt-quatre pieds
carrés, en marqueterie et glaces, avec parquet et plafond, fait
par Àndré Boulle pour le dauphin, fils hybride du grand roi,
duquel cabinet le sauvage Louvois écrivait ceci : « Pour celui
où travaille Boulle, je n’en puis rien dire, si ce n’est qu’il n’en
bouge, et qu’il y a beaucoup d'ouvriers. J’aurai soin qu’il finisse
cependant, et que, par ses lenteurs insolentes, il ne fatigue pas
Monseigneur. »
Est-ce bien assez là le ministre, homme de goût, qui fit incen-
dier Heidelberg par Turenne, pendant le sac du Palatinat!
C’est vrai qu’il finissait à regret, cet ébéniste amoureux de ses
ébènes. Il livrait ses œuvres par besoin ou désespoir, ne trou-
vant jamais dignes de son dieu les hommages que sa main lui
rendait. J’en connais un qui lui ressemble, un seul : c’est Sau-
vrezy. Boulle sans cesse étudiait et cherchait, s’entourant, à
tout prix, de beautés et de modèles inspirateurs : bustes, bas-
reliefs, mosaïques, tableaux, gravures, statues, bronzes antiques,
cartons des grands maîtres. C’était parmi cela qu’il respirait,
qu’il sentait, qu’il vivait. Oh! le glorieux artisan ! Voilà aussi
pourquoi sa vie fut toujours en proie aux embarras d’argent. Il
n’est permis qu’aux riches d’avoir du goût et d’aimer. Les beaux-
arts sont ragoûts de millionnaires, lesquels, pourtant, prisent fort
laripopée,ces opulents infimes! En 1704,— Boulle avait soixante-
deux ans, — ses créanciers firent requête au roi pour qu’il leur
fût permis de l’exécuter par corps en son logement du Louvre;
et le roi, vieux aussi, et vaincu par Marlborough à Hochstedt,
daigna accorder au débiteur, son commensal, une surséance de
six mois, ordonnant en même temps aux hommes de sa dépense
de voir s’il n’était pas dû quelque chose à cet ouvrier.
Car, hélas ! l’ébéniste, débiteur des juifs, était créancier des
rois et des altesses, clients solides, à ce qu’on croit, mais payeurs
lents. Enfin, il paya et ne travailla plus, laissant contrefaire ses
miracles par ses fils, Jean-Philippe, Pierre-Benoît, André-Charles,
toujours pris pour lui, et Charles-Joseph, tous quatre élèves de
leur père et des Foulon, deux maîtres coupeurs en bois de Sainte-
Lucie. Il avait soixante-dix-huit ans, et se reposait sur son
monde de belles choses, comparant, amèrement sans doute, ce
qu’il avait fait et ce qu’on faisait d'après lui, quand, la nuit du
30 août 1720, — on était sous la régence, — un voleur, que les
ouvriers de Marteau, menuisier du roi, voisin de Boulle au
Louvre, avaient surpris quelques mois auparavant et puni som-
mairement par jugement d’atelier, trouva juste, se trompant
peut-être, de se venger des menuisiers en mettant le feu chez
les ébénistes. Auguste Luchet.
(La suite au prochain numéro.}
-----------------------—
LA PEINTURE SUR VERRE
(suite)
Les procédés que nous avons décrits dans notre dernier arti-
cle, furent employés jusqu’à la moitié du quatorzième siècle;
mais, à partir de cette époque, apparaît une grande indécision
dans l’exécution des vitraux; le peintre semble chercher le
mieux; il veut modeler ses figures en copiant la nature et tombe
dans une manière mixte ; les médaillons sur fonds de mosaïques
tendent à disparaître ; les rares exemples qui nous restent de
cette manière de faire n’ont plus l’effet kaléidoscopique si mer-
veilleusement entendu des vitraux antérieurs. Les compositions
légendaires sont encadrées dans des motifs d’architecture qui
cherchent de plus en plus le côté réel, en empruntant leurs
formes à l’architecture des monuments. Le blanc verdâtre do-
mine dans toutes les productions; pour réchauffer un peu ce ton
de verre, froid par lui-même, le peintre emploie le jaune d’argent
(dont nous donnons plus loin la composition).
Cette magnifique couleur avait été inventée au commence-
ment de ce siècle, et, comme de toutes choses nouvelles, on
en abusa étrangement.
La recherche de la nature qui se révèle dans les œuvres des
artistes verriers de la fin du quatorzième siècle, prouve que ces
artistes ne voulaient pas rester stationnaires. Au contraire, ils
s’affranchissent de l’école et de l’enseignement suivi par leurs
devanciers ; ils cherchent une voie nouvelle ; ils engendrent une
époque de transition qui nous conduira au quinzième siècle, et
nous préparera les merveilles de la Renaissance.
Ainsi apparaît, vers la fin du seizième siècle, une manière de
faire d’une très-grande originalité : ce sont des médaillons dont
les fonds sont bleus ou rouges et les figures blanches, rehaus-
sées de jaune.