Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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fait des êtres vivants, visibles et tangibles.— Le Paganisme était
en somme la religion du fait. — Il était tout simple, dès lors, que
l’instinct poétique, ce frère cadet de l’instinct religieux, se portât
dès le début vers l’examen scrupuleux des formes et leur traduc-
tion aussi littérale que possible.
Aussi, voyons-nous la passion étudiée aussi soigneusement dans
Homère que dans les analyses les plus parfaites de.s siècles sui-
vants, le paysage jamais négligé, etjusqu’aux détails de costumes
ou de mœurs notés scrupuleusement.
De même, les débris de statuaire si nombreux et si merveilleux
qui nous sont parvenus à travers les siècles, démontrent un sin-
gulier scrupule de l’exactitude des formes et une profonde con-
naissance de l’anatomie.
De parleur nature même, les peintures de l’époque païenne ne
nous sont pas parvenues, mais les quelques descriptions qui nous
en sont restées indiquent toutes les mêmes préoccupations, un
peu puériles même. — Rappelez-vous l’anecdote des raisins
picotés par un oiseau, de l’écume de la bouche d’un cheval,
obtenue en jetant un pinceau au hasard, du rideau si bien peint
que la main cherche à le soulever.
Règle générale, l’Art est toujours une traduction presque
littérale de la tendance religieuse de l’époque qu’il incarne.
Il est clair que je parle là, de l’Art au début d’une période artis-
tique nouvelle, et non de l’Art traditionnel, qui souvent est le
dernier vestige d’une forme disparue.
Il était donc tout naturel que les religions matérialistes de la
Grèce, —je prends ici le mot matérialiste dans son bon sens, —
fissent naître aussitôt un art plastique basé sur l’observation
exacte des formes matérielles, idéalisées ensuite suivant la puis-
sance personnelle de l’artiste.
Or, peu à peu, la tradition s’oublie à mesure que les croyances
religieuses s’effacent. — La doctrine Épicurienne si mal connue
et si pure au début, se transforme en je ne sais quelle théorie de
jouissances grossières ; la Vénus de Milo devient l’Androgyne,—
un chef-d’œuvre encore certes, car l’habileté de l’ouvrier ne se
perd point si vite, — mais un monstre...
Les formes se contournent et s’exagèrent, on sort de l’observa-
tion scrupuleuse pour tomber dans la manière ; l’art antique est
près de sa fin.
Une mort glorieuse, mais une mort.
Et voyez !
En même temps que l’art— que l’on pourrait définir avec jus-
tesse le corps visible de l’idée civilisatrice de chaque période —
tout meurt. ____ Le monde antique sombre en entier, et des
débris confus sous lesquels il s’affaisse va sortir une nouvelle
civilisation, une nouvelle religion, un nouvel art.
Par une réaction naturelle, les fondateurs du nouvel ordre
de choses chercheront à éviter les fautes de leurs devanciers, et
se jetteront dans l’excès contraire. — Le inonde qui vient de s’é-
crouler a été perdu par l’épicuréisme exagéré. Les nouveaux
venus seront des stoïciens trop austères. — La matière étaittout,
elle ne sera plus rien ; et l’art s’épuisera en efforts impuissants
et mystiques pour traduire cette chose insaisissable : l’klée.
Les premiers philosophes, les premiers chercheurs de lois
naturelles avaient senti la nécessité de l’expérience, — point
d’expérience!—toutes les lois, les physiques comme les morales,
sortiront désormais d’une source unique : la révélation.
Les premiers sculpteurs, les premiers peintres cherchaient tout
simplement à rendre ce qu’ils voyaient : la beauté ou l’énergie
! physique. Les autres chercheront autant que possible à rendre
la beauté intellectuelle ou morale.
De là, ces admirables tètes de certains peintres du moyen âge,
plantées sur des corps de poupées.
Les saintes et les saints émaciés du christianisme qui ne vivaient
que de renoncement, ne peuvent pas, no doivent pas avoir de
corps, puisque leur beauté toute céleste réside en entier dans
leur vertu.
Quant aux anges, ils n’auront même plus ce torse amaigri qui
après tout est encore un vestige de matérialité, ce seront des tè-
tes qui volent.
Ainsi donc, l’art antique c’est la recherche scrupuleuse de la
beauté physique.
L’art du moyen âge, c’est la recherche de la traduction de
l’idée.
Que devait être la Renaissance, sinon la combinaison de ces
deux recherches.
Aussi, voyons-nous le Cimabué aboutir à Raphaël, qui tout en
conservant l’exquise délicatesse des tètes illuminées du vieux
maître, y ajoute la splendeur et la réalité des formes physiques.—
Et Michel-Ange trouver sous son ciseau ces admirables figures
du Penseroso et de la Nuit, qui tout en héritant de la perfection
des formes antiques y ajoutent quelque chose de tout moderne
qu’on pourrait appeler l’âme.
Or, de nos jours, où en est l’art? — Cotte question ne peut-être
résolue que par la réponse à une autre question : — où en sont
les croyances religieuses et morales?. De notre temps on ne croit
plus, on examine ; on ne crée plus, on critique.
En science, comme en morale, en art, en littérature, partout
on attend des révélateurs.
De même qu’à la fin de la période antique, nous possédons,
nous qui assistons à celle de la renaissance, d’habiles ouvriers qui
ont conservé la tradition, mais ont perdu la foi.
Qu’on se rassure pourtant, un tel sommeil ne peut durer,l’ins-
tant du réveil — de la renaissance, — va sonner ; c’est notre
croyance profonde ; et alors nos artistes, reprenant chez les pre-
miers maîtres la science des formes, y incarneront une nouvelle
A.me, celle qui sera le dogme futur.
J. Du Boys
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
GALERIE DE L’HISTOIRE DU TRAVAIL.
FRANCE
(suite )
Ce n’est point dans les galeries de l’Exposition que l’on peut
apprécier Fart du dix-septième siècle. Le mobilier y est à peine
représenté, l’orfèvrerie exposée se réduit à quelques pièces d’or-
fèvrerie religieuse, d’orfèvrerie civile, il ne peut en être ques-
tion puisque celle du roi lui-même fut fondue pour faire face aux
nécessités rigoureuses de la fin du règne. L’horlogerie nous