ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
co 72 laisse voir quelques beaux modèles de grosses montres, dont les boîtiers se couvrent d’arabesques et de rinceaux laissant ressortir les chiffres émaillés des cadrans. Une d’elles est recouverte de cuir, sur lequel de petits clous dorés forment une bordure et une rosace du meilleur goût; c’est une montre commune, mais d’une autre valeur artistique que nos modernes montres d’argent. La serrurerie fournit aussi de beaux exemples, qui prouvent que les traditions des siècles précédents étaient loin de s’ètre affaiblies. On y retrouve le même charme de composition, la même perfec- tion de travail; la décoration seule s’est modifiée suivant le goût nouveau. Mais, nous le répétons, il n’y a point là de quoi pouvoir ana- lyser l’art du grand siècle. C’est à Versailles, à l’hôtel Lambert, au Val-de-Grâce, à Maisons et surtout dans l’œuvre gravée des Marot, des Lepautre, des Bérain, etc., etc., que l’on peut s’en faire une idée complète. Une industrie, qui prit alors une grande extension, prouve à elle seule, cependant, toutes les qualités et tout le mérite artisti- que de l’époque; nous voulons parler de la céramique, qui occupe presque toute la salle réservée au dix-septième siècle. C’est une collectionmerveilleuse'de plats, d’aiguières, de bassins, de grands vases décoratifs, de fontaines de toutes formes et de toutes dimen- sions, revêtus de décorations bleues ou colorées, d’une variété inépuisable de dessin, et dont toutes les pièces s’unissent pour- tant entre elles par un lien de parenté bien marqué. Ces faïences sont de véritables œuvres d’art, non-seulement par leur décora- tion, mais aussi par l’ampleur et la beauté de leurs formes. Les tapisseries des manufactures royales d’Aubusson, des Go- belins et de la Savonnerie sont dignement représentées. Leurs bordures très-bien composées possèdent encore toutes les quali- tés décoratives que nous avons signalées dans celles de la Renais- sance ; mais, il faut en convenir, les sujets ne sont plus que des tableaux exécutés en tapisserie, qui trahissent l’influence des pein- tres que Colbert avait appelés à diriger ces grands établissements. C’est là déjà un indice des conséquences malheureuses que devait exercer plus tard le système administratif inauguré par ce grand ministre. Mentionnons enfin les vêtements sacerdotaux en velours brodé, rappelant les grands manteaux de l’Ordre du Saint-Esprit et des statues de Louis XIII et de Louis XIV, que l’on voit dans le chœur de Notre-Dame de Paris et qui sont d’un effet si majes- tueux. Ce qui caractérise l’art du dix-septiême siècle, c’est évidem- ment la magnificence et la grandeur, ce qui domine dans ses œuvres c’est une somptuosité sévère ; il n’émeut pas, il impose, et, en cela, il se rapproche de l’art romain, dont il est, pour ainsi dire, un rejeton ; mais il possède une plus grande origina- lité, et il tient des siècles qui l’ont précédé des qualités d’élé- gance et de délicatesse, grâce auxquelles il échappe à la profusion et à la monotonie. Si le gouvernement absolu était devenu indispensable pour assurer l’unité française, il ne pouvait être qu’un état transitoire; car les plus grands hommes se laissent entraîner par leurs pas- sions, ils sont sujets à l’erreur, et il faudrait, pour perpétuer un pareil régime chez une nation intelligente, une race de héros ou de demi-dieux. Le moment n’était pas encore venu où le peuple, s’appuyant sur les forces réunies des pays, pourrait réclamer le plein exercice de ses droits ; il se produisit donc comme un temps d’arrêt dans la marche de notre histoire. L’art, ne pouvant se mettre au service d’aucune grande idée pendant la plus grande partie du dix-huitième siècle, son rôle dût se borner à satisfaire le luxe et les caprices d’une cour et d’une société désillusionnées des grandes actions, ennuyées de l’étiquette rigoureuse du dernier règne et ne cherchant qu’à s’a- bandonner aux plaisirs faciles, aux galanteries et aux excentri- cités les plus folles pour s’étourdir et ne point se préoccuper du lendemain, suivant en cela l’exemple du roi lui-même. Ce fut donc le siècle de la fantaisie et du marivaudage artistique. Tout en l’appréciant à sa juste valeur, nous ne nous rangerons point parmi ses détracteurs qui l’ont calomnié. Nous accorderons que le règne de Louis XV est loin d’être une époque classique, mais en feuilletant les nombreuses compositions gravées des maîtres du temps, il nous est impossible de ne pas admirer l’esprit, la grâce, le bon goût et l’imagination que ces charmants artistes apportèrent dans un style qui ne repose sur aucune base solide et ne reconnaît d’autres principes que la fantaisie et le caprice. Il n’y a que les peuples réellement artistes qui soient capables d’exécuter de pareils tours de force, sans tomber dans les exagé- rations les plus bizarres et les plus ridicules. Malheureusement, les objets exposés sont loin de former un ensemble satisfaisant permettant d’étudier cette période de notre histoire artistique. On n’y rencontre aucun de ces meubles aux surfaces contournées, si gracieux malgré l’étrangeté de leurs formes : à peine quelques fauteuils, à pieds courbes, recouverts de tapisseries à sujets mythologiques ou champêtres, quelques pièces d’argenterie et d’orfèvrerie. Une collection de montres, de tabatières et de bonbonnières émaillées prouve quelle valeur l’art peut donner aux objets les plus futiles. Seule, la céramique constitue presque toute l’exposition : elle présente une variété de pièces provenant des fabriques de Rouen, de Moustiers, de Marseille, de l’Alsace, etc., etc., et des porcelaines de Chantilly, de Vincennes, de Sèvres qui ne le cèdent en rien aux faïences. Nous n’avons plus que quelques mots à dire sur la réaction qui se manifesta vers la fin du dix-huitième siècle et qui enfanta ce que l’on appelle le style Louis XVI, réaction évidemment ins- pirée par les philosophes de l’Encyclopédie qui préparèrent la Révolution. Elle remit l’art dans une voie plus sévère et produisit des œuvres d’une grande valeur; mais, entreprise et poursuivie sous les auspices de l’Académie, elle fut quelque peu entachée de pédantisme et dégénéra bientôt en tyrannie artistique au commen- cement de notre siècle. Cette époque ne comprend en grande partie, à l’Exposition, que des bronzes, compositions gracieuses, sévèrement étudiées et ciselées avec une rare perfection, et des faïences et des porce- laines affectant des formes très-simples. Ces différents spécimens offrent trop peu de variété pour donner lieu à une critique appro- fondie de cette dernière évolution du génie français. Nous ne pousserons donc pas plus loin notre étude, et nous rechercherons l’enseignement qu’elle peut dégager pour nous maintenir sur les traces glorieuses de nos devanciers. A. DeLaRocque, Architecte. R. PFNOR, Propriétaire-Directeur. Paris. _Typ. Rouge frères, Dunon et Fresué, rue du Four-St-Germain, 43.