ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
d’œuvre originaux. On verra Que, si la France ne ■veut pas ctio bientôt dépassée, il lui faut agir vite et énergiquement. D'où vient ce mal, si universellement signalé chez nous : im- péritie, ignorance des maîtres, détestable execution des modèles? Ce dernier point est absolument injustifiable, car nos musées possèdent des œuvres de premier oi'dre, dont la reproduction par le moulage ou la lithographie fournirait amplement des modèles excellents à toutes les écoles de France, et dont l’acquisition ne serait sans doute pas notablement plus coûteuse que celle des mauvais modèles signalés par les rapports officiels. Si nous ne nous trompons, il existe déjà une excellente collection de mou- lages, choisie sur les indications et exécutée, en vue de 1 ensei- gnement public, sous la direction d'un excellent juge, M. 1 inspec- teur général Ravaisson. Pourquoi cçtte collection n est-elle pas rendue très-facilement accessible à tous les cours de dessin? Pourquoi l’Etat ne la donnerait-il pas gratuitement à ceux qui manquent de ressources? M. Ravaisson avait aussi commencé une belle collection de modèles (un peu chers) pour le dessin. M. le ministre lui-même a recommandé une série de modèles, d’après les plus belles œuvres. Comment tout cela ne sert-il à rien? Ce n’est là, après tout, qu’une question d’argent. La question capitale, c’est celle des maîtres. Comment expliquer qu’ils manquent ou qu’ils soient dépourvus de science et de goût, dans un pays où abondent les belles œuvres, où l’enseignement de l’art est si largement organisé? Peut-ôtre ne nous serions-nous pas risqué à répondre de nous- mêmû à de telles interrogations. Heureusement, nous avons trouvé la réponse dans nn livre composé par l’homme qui, chez nous, connaît le mieux tout ce qui touche à la théorie, à la pra- tique et à l'histoire des beaux-arts : nous avons nommé M. Charles Blanc, que connaissent bien les lecteurs du Temps, et son beau livre, la Grammaire des arts du dessin, dont nous avons reproduit l’éloquente conclusion. C’est donc à M. Charles Blanc que nous empruntons les idées que nous allons exposer. Lamesure où nous devons nous renfermer ici nous oblige à ne prendre que le fond, en sacrifiant la forme. L’éducation de la jeunesse française, en matiôre d’art, est com- plètement nulle. Les élèves de nos établissements universitaires, publics ou libres, à Paris comme dans les departements, les lau- réats les plus brillants, ceux même qui connaissent le mieux la langue, l’histoire, la poésie de l’antiquité, ignorent presque abso- lument les arts de cette même antiquité. « Dans les créations de l’artiste cependant, sont déposées les pures essences de la philo- sophie antique. C’est là que l’idée a pris une forme sensible; c’est là que respirent les dieux de Virgile et d’Homère, rendus visibles par des métamorphoses plus étonnantes encore, et plus charmantes encore que celles d’Ovide... Par une abominable confusion,, tant de chastes divinités, dont la présence élève lâme et la purifie, ont été regardées comme des images suspectes, enveloppant 1 es- prit du mal, et toutes pleines de séductions dangereuses. De là l’éloignement de l’institution cléricale pour les arts païens, sen- timent qui, dans nos collèges laïques, se traduit par le silence. » C’est, en effet, un vestige des vieilles haines chrétiennes, que cette sorte de crainte que l’on a trop généralement de montrer aux regards de la jeunesse les œuvres de la sculpture antique, ou celles que la fable a inspirées aux maîtres de la peinture moderne ; il y a encore, dans nos sociétés contemporaines, un ressouvenir de cette fureur qui portait les chrétiens des premiers siècles à briser les statues, à déchirer les livres, à renverser les édifices du paganisme, et même à massacrer ceux qui, comme la belle Hypathie, osaient encore en professer la philosophie. A ces ten- dances ennemies, M. Charles Blanc oppose la conduite des papes de la Renaissance : ce furent là de brillantes exceptions; mais aujourd’hui encore, des docteurs de l’Eglise voient clans 1 étude des auteurs païens le ver rongeur de notre temps. « La France est, en ce qui touche la connaissance de l’art, une des nations les plus arriérées de l’Europe. » En Angleterre, en Allemagne, les livres traitant des arts et du beau sont entre les mains de toute personne bien élevée, sans en exceptei’ les femmes et les jeunes filles ; la science du beau y est enseignée avec au- tant de succès que d’éclat, et l’esthétique, dont le nom est à peine connu en France, est, chez nos voisins, familière à quiconque a reçu une éducation libérale. Cet enseignement fait absolument défaut dans nos écoles, depuis la plus modeste jusqu'à la plus élevée ; il n’existe ni au Collège de France, ni à la Sorbonne, ni à l’Ecole normale; on ne la trouve guère que nominalement à l’Ecole des beaux-arts. Où donc se formeraient des maîtres pour l’enseigner, pour en donner seulement les plus simples notions dans les collèges, les écoles libres, les cours d’adultes? En quel livre auraient-ils puisé ce qu’ils n’ont pu apprendre nulle part? M. Charles Blanc nous raconte, en effet, que, sollicité d indiquer un ouvrage contenant, sous une forme claire et simple, les notions les plus élémentaires do l’art, il se trouva réduit à 1 impossibilité de répondre; et ce fut de là que lui vint la penses d écrire sa Grammaire des arts du dessin, livre dont le titre n indique pas bien compléiement lo contenu et la portée. M. Charles Blanc dit avec beaucoup de raison : « La seule logique des choses doit faire disparaître cette lacune de notre enseignement public. Il faut, en effet, ou proscrire 1 an- tiquité tout entière, ou laisser tomber le voile qui couvre les plus belles œuvres de son génie, qui sont aussi les plus morales et les plus nobles. Une telle réforme serait plus profitable à la France que bien des conquêtes et bien des batailles. Nous ne serons pas à la tête des nations tant que nous n’aurons pas annexé aux do- maines de notre intelligence cette belle province où fleurissent les jardins de l’idéal. » Nous ne pouvons faire plus que d ajouter la publicité du journal à celle du livre pour donner, non pas plus d’autorité, mais plus de retentissement aux réclamations et aux conseils de M. Charles Blanc. Il appartient à d’autres de pourvoir aux moyens de com- battre le mal signalé. Mais, en attendant que l’enseignement de l’art soit constitué en France (l’école d’Athènes doit, ce nous semble, y avoir au moins préparé plus d’un de ses membres), nos professeurs d’histoire ne pourraient-ils mêler à leurs leçons quelques notions tirées du livre de M. Charles Blanc? Tl y a quelques années, le ministre actuel de 1 instruction publique avait recommandé que, durant les promenades du jeudi, les élèves fussent conduits clans les musées. Cela s’est fait un moment à Paris. Pourquoi y a-t-on renoncé? Pourquoi ne le ferait-on pas partout où il y a un musée? Il fau- drait, à la vérité, que les élèves fussent accompagnés d’une per- sonne pouvant les renseigner sur les sujets représentés, sur les artistes, leur vie et leurs œuvres; cela ne nous paraît pas pré- senter de sérieuses difficultés. Ce serait peu encore, mais peu vaudrait mieux que rien. Pour les écoles situées dans des villes dépourvues de musées, I pour les cours destinés aux ouvriers, nous ne voyons, quant à