Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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OÆ) 79
— Quelque parfaite que soit une de ces brillantes mosaïques de
laine qu’on appelle tapisseries de haute ou de basse lisse, presque
jamais comme œuvre artistique, comme œuvre durable, elle n’est
exempte de certains défauts inhérents à. son mode d execution.
Trop souvent l’inspiration du dessinateur, du peintre, le jet de sa
pensée, l'empreinte magistrale de sa touche disparaissent dans les
recherches d’un travail matériel long et minutieux à l’excès. Et
puis il s’en faut que cette gamme de couleurs innombrables, si
péniblement obtenue par les Neilson, les Quemisets et les Roard,
et complétée de nos jours par le cercle chromatique de M. Che-
vreul offre partout la même solidité, la même persistance. De là
une altération notable des tapisseries, qui, après quelques années
d’exposition à la lumière, cesse d’avoir le même éclat dans les
détails et dans l’ensemble la même harmonie.
Or, voilà qu’un très-éminent architecte décorateur, à la fois
savant et artiste, M. E. Guichard, vient de retrouver et de réduire
en formules pratiques, avec un succès dont tout le monde peut se
rendre compte, un très-ancien procédé de peinture sur tapisse-
ries, lequel, obtenu par des eaux teintes et des mordants et n’exi-
geant d’autre moyen d’interprétation que le pinceau, laisse au
travail de l’artiste toute sa liberté d’allures, sa verve et son
originalité. Ici le décorateur compose ou interprète à sa guise ;
aucun procédé ne le gène ; il n’est asservi par aucun système ; il
est maître de sa palette ; il peut donc en combiner les tons, en
harmoniser les nuances de façon à opposer la plus grande somme
de résistance possible, et une résistance partout égale, aux dégra-
dations du temps. Il existe encore en ce genre de productions
quelques types du moyen âge parfaitement conservés à l'Hôtel-
Dieu de Reims, et au garde-meuble de la couronne une grande
tapisserie provenant de l’ancien mobilier des Tuileries.
M. Guicliai’d a exposé dans les salons de MM. Hochedé, Blé-
mond et Ce, boulevard Poissonnière, 7, huit spécimens de ses
tap'sseriesnouvelles.Cesontde véritables aquarelles oùlepeintre,
après avoir tracé son dessin, épargne ses blancs dans le tissu même
et procède ensuite par touches successives, en passant des tons les
plus clairs aux plus vigoureux, sans laisser aucun empâtement
ni aucune épaisseur sur l’étoffe. Presque toutes sont d’uneexécu-
tion fine et brillante et d’un effet décoratif admirable.
La plus importante reproduit sur une simple toile écrue lemotif
d’une des tapisseries de la couronne qui composent la série des
Chasses de Maximilien, exécutée sous Henri IV d’après les cartons
de Bernard van Orley, un des élèves de Raphaël.
L’artiste y a figuré le lancer d’un cerf qu’un piqueur, menant en
laisse un fort limier, débusque d’un fourré de broussailles. Vaste
composition, facture large et simple, clans le style du Tempesta,
avec une légère empreinte de naturalisme allemand ; au premier
plan des verts et des rouges intenses, aux derniers un fonddebois
dont le temps a singulièrement fondu et adouci les nuances : telle
est cette pièce, d’un mouvement, d’une grandeur et d’un éclat
singuliers.
L’espace me manque pour décrire les autres : une Pastorale,
d’après Boucher; des Bohémiens, d’après Callot ; un groupe de
Bacchus et Cérès, d’après Rémond la Page ; une Psyché passant le
Styx, empruntée aux fresques de la Farnésine, etc., etc. Toutes
les peintures que je viens de nommeront été exécutées sur reps
de coton, par M. A. Burette, sous la direction de M. Guichard.
Elles ouvrent à l’art décoratif une voie entièrement nouvelle, et
méritent la très-sérieuse attention des amateurs et des artistes.
*
* *
On écrit de Rome à YAthenaeum de Londres :
Une des plus importantes découvertes faites dernièrement dans
le domaine archéologique, est celle de huit nouveaux fragments
du plan de l’ancienne Rome, que Antonius Caracalla fit graver sur
le marbre, et qui, sous le nom de Planta Capitolina, est incrusté
dans les murs de l’escalier du musée du Cap'.tole. Deux des nou-
veaux fragments sont d’une étendue remarquable; un des frag-
ments illustre, d’une manière satisfaisante. \e P or tiens Livice.
R. P.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
GALERIE DE L’HISTOIRE DU TRAVAIL
FRANCE
(suite et fin)
La France a remporté, à l’Exposition, un éclatant succès dans
toutes les branches de l’industrie qui se rattachent aux arts du
dessin. Les nations rivales elles-mêmes ont toutes reconnu hau-
tement notre incontestable supériorité, et nous pouvons être fiers,
à juste titre, de cette nouvelle victoire ; car elle prouve que le
génie artistique de nos pères s’est transmis jusqu’à nous.
Il est évident que l’habileté d’exécution ne fut jamais poussé
plus loin, que le talent est chose commune chez nous, et que le
goût est une qualité innée à laquelle obéissent, pour ainsi dire
instinctivement, nos ouvriers et nos chefs d’ateliers. Cependant,
malgré cette merveilleuse exécution, malgré cette mesure et ce
bon sens artistique qui distinguent notre industrie et la préservent
de toutes les exagérations ridicules, il faut reconnaître que ces
compositions sont loin de présenter une originalité bien tranchée,
constituant le style d’une époque. Elle nous montre des reproduc-
tions de tous les temps et de tous les peuples, elle copie non
point servilement, souvent même d’une manière très-intelligente,
mais en somme elle vit sur le passé et tire peu de chose de son
propre fonds.
Les pessimistes voient là les présages certains d’une déca-
dence prochaina ; quant à nous, nous ne pouvons y reconnaître
que le résultat des faits contemporains. Notre siècle est avant
tout un siècle de transition et de transformation ; la Révolution
qui l’a inauguré, en brisant les vieilles formules politiques et so-
ciales qui n’étaient plus en harmonie avec les progrès de l’esprit
humain, nous a légué la tâche gigantesque de reconstituer tout
un ordre de choses nouveau, basé sur les principes immuables dô
la justice, de l’équité et de la raison, et sur les lois rigoureuses
de la science. Pour créer une œuvre aussi colossale, il nous a fallu
fouiller l’histoire,la soumettre à une critique minutieuse, afin d’en
éclaircir les points obscurs et de dégager des faits des récits lé-
gendaires, étudier les lois, les mœurs etles usages des civilisations
disparues et des siècles qui nous ont précédés; en un mot, nous
avons dû procéder à une sorte d’inventaire historique de l’huma-
nité, d’après les textes et les monuments. Les artistes entraînés
par ce mouvement général des esprits sont devenus archéologues ;
les uns, se passionnant pour la pureté majestueuse, la sévérité élé-
gante, et surtout pour la noblesse de style de l’antiquité grecque, qui