ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 427 Forrige Næste
cc ? Avant le seizième siècle, tout de lumière, qui vit renaître les arts et mettre au monde un ameublement véritable et superbe, il n’y avait pas de meubles d’appartement proprement dits. Des boiseries, des stalles, des bancs, des lits, des armoires et des tabourets, c’était à peu prés tout le mobilier. Les belles pièces avaient un caractère immobile et monumental, ayant été faites pour des palais, pour des couvents, pour des églises. La pente de l’appui, cette faute d’architecture, était inconnue dans les sièges; le dossier montait droit comme une aiguille ou se ployait à grande hauteur comme un dais; c’était orthopédique, mais ce n’était pas commode. Le comfortable — point de mot français qui vaille cet anglais, — ne se trouvait que dans la couche et les coussins, lesquels nous venaient des Romains avec la dra- perie ; lesquels Romains les avaient reçus des Grecs, et ceux-ci des Egyptiens, et les Égyptiens des Indiens très-probablement- Le matelas de laine ni l'oreiller de plumes ne sont d’hier, comme on voit. Les châteaux avaient de grandes salles dans lesquelles, selon le besoin et les hôtes, on pratiquait des clotets ou pavillons, sortes de chambres postiches en tapisserie. La même pièce don- nait ainsi un salon et une ou plusieurs chambres à coucher. Le lit lui-même était une construction, une vraie chambre, avec son estrade, ses balustres, et sa vaste ruelle entre la couche et la muraille, oû les intimes s’assemblaient, assis à terre sur le tapis ou sur des carreaux de senteur. On ne connut l’alcôve qu’au seizième siècle. Cette somptueuse tente pour le sommeil d’un côté, la grande cheminée historiée de l’autre ; des dressoirs appli- qués au mur; une table; la chaise du maître, siège d’honneur seul complet; pour les femmes ces carreaux ou quarreaux, pour les hommes de longs bahuts qui servaient de bancs; tapisseries, cuirs, nattes; draperies chaudes et immenses, coupées géométri- quement, de façon à produire des effets de pli et des retombées d’une richesse et d’une ampleur qu’on ne connaît plus, cela ne faisait point un intérieur laid, et ces vieux logements valaient bien les neufs. On ne sait plus guère que par les images comment étaient les meubles en bois d’avant la Renaissance. La collection du Musée de Cluny remonte au quinzième siècle à peu prés, et ces rares débris du moyen âge sont devenus si chers que l’État n’ose pas s’en passer la fantaisie. L’exposition rétrospective de 1865 en avait exhumé quelques-uns qui reparaîtront sans doute, et peut- être accompagnés, à celle de 1867. Les temps carlovingiens ont laissé un lit en bronze à sangles et tout simple qui semble avoir servi de modèle à notre Gandillot et notre Léonard pour leurs excellents lits en fer creux et en fer plein. Le nouveau n’est toujours que le renouvellement de l’ancien. Ce lit en bronze était un lit de repos pour le jour ; les vrais lits consistaient en des ouvrages tout autres, magnifiques par le luxe et la variété de la matière. Métaux, bois précieux, ivoire, corne rare, pierres et pierreries, tout ce qui coûtait cher y servait. Auguste Luchet. ( La suite au prochain numéro. ) Nous croyons être agréables à nos lecteurs en reproduisant la re- marquable conférence que M. E. Guichard, président de VUnion centrale des Beaux-Arts, a faite l'été dernier dans les salons de la place Royale. R. P. DE L’AMEUBLEMENT ET DE LA DÉCORATION INTÉRIEURE DE NOS APPARTEMENTS Mesdames et Messieurs, J ai de doubles excuses à vous faire, d’abord pour avoir, bien involontairement il est vrai, manqué une première fois au jour fixé pour cette lecture, ensuite pour l’avoir remise à l’une de ces soirées si ordinairement chaudes du mois de juin, au lieu de la renvoyer à l’hiver prochain ou même, ce qui eût été préférable peut-être, aux calendes grecques. Et, croyez-le, en vous disant cela, je ne fais point de fausse modestie. J’exprime une pensée vraie, profondément sentie par moi. Ce n’est pas sans de vives appréhensions que je me suis décidé, non plus comme président de l’Union centrale, mais comme professeur, à affronter les dangers de cette redoutable tribune, déjà illustrée, j'ose le dire, par des talents d’une noto- riété européenne. Et quels sujets encore traitaient ces voix autorisées ? Des sujets puisés dans les sphères sereines de l’esthétique et de l’histoire do 1 art, thèmes développés avec une science amoureuse du beau, où la parole de l’orateur, lors même qu’elle se passionne en exaltant les œuvres les plus parfaites du passé, reste toujours dégagée des intérêts matériels et immédiats de la vie. Combien différente et plus dangereuse est la tâche que j’en- treprends aujourd’hui ! Je viens parler devant des artistes, des industriels, des gens du monde, de l’ameublement et de la déco- ration intérieure de nos appartements, tels qu’ils sont trop sou- vent, tels que, suivant moi, ils devraient toujours être. Je viens donc ainsi, bravant un proverbe bien connu, disputer des goûts et des couleurs, de vos goûts et de vos couleurs. Mesdames, messieurs, si nous avions jamais, vous et moi, prêté une autorité indiscutable à cet aphorisme de la sagesse des na- tions, il est à croire que vous auriez beaucoup mieux aimé passer votre soirée ailleurs ; et moi, bien certainement, je me serais gardé de prendre pour la conférence d’aujourd’hui le sujet que je me propose d’effleurer devant vous. Quel autre, en effet, prête davantage à la controverse ? Quel autre comporte tout un ordre de choses qui nous touche de plus près; car n’est-ce pas au milieu de ces choses que nous passons la meilleure partie de notre vie ? Et de quel œil me regarderez- vous, quelle opinion aurez-vous de mon goût si, par hasard et sans le vouloir, je blâme le vôtre, si, de rencontre et sans les connaître, je critique les objets dont il vous a conseillé de vous entourer ? Cependant toute chose a sa loi et sa règle, sa convenance et sa raison d’être. C’est un de ces axiomes dont, pour le coup, nul ne songe à contester la vérité éternelle, philosophique, nécessaire, universelle.