Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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Une teinte rouge couvre déjà les murailles de l’avant-dernier
cercle, celui des Beaux-Arts, et le jardin central vous laisse voir
un lambeau de ciel, vous l’éconfortant un instant la vue avant de
vous plonger de nouveau dans les planches pour chercher à sortir
de ce labyrinthe aux mille sentiers.
A l’extérieur, quelques cheminées d'usine s’élèvent gracieuses
au milieu du paysage, correspondant, du reste, avec beaucoup
d’harmonie, aux contreforts immenses du grand Palais. Puis, si
vous sortez par la porte de l’Ecole militaire, vous apercevez, à gau-
che, un petit édifice à péristyle fait avec un soin tout particulier.
— C’est la future Exposition picturale de Belgique ; l’œil, reposé ■
par la verdure, sera tout disposé à admirer les toiles des artistes
belges. Fortunés peintres! Après avoir traversé les boutiques
criardes, les affiches multicolores, comment fera-t-on pour juger
nos chefs-d’œuvre, à nous autres ?
Après 1 Exposition dos beaux-arts belges, un grand aquarium
d’eau de mer, une serre monumentale, un aquarium d’eau douce,
de petites serres chaudes, une charpente en rotonde remplissent
tout le coin du jardin au sud.
En continuant à gauche et se rapprochant de la Seine, on ar-
rive à un nombre de constructions ornées déjà d’affiches peintes :
Ouvriers de Paris!... Société de Boulangerie centrale, etc., etc.;
puis on parvient à un lac au milieu duquel s’élève le grand phare
en tôle des Roches-Douvres. Un théâtre, un palais photographi-
que, une église agrémentent en cet endroit le paysage que bor-
nent à l’horizon les arbres de la*rive droite.
L’égltse est destinée à l’exposition des objets religieux relatifs
au culte catholique : son style est un gothique douteux ; l’abside
s’oriente à l'ouest ; les transepts s’ouvrent au bas de la nef, près
les deux portes d’entrée que l’architecte s’est bien gardé de
mettre dans la façade ; le toit est recouvert partie en ardoises,
partie en briques simples, partie en briques émaillées. Un apô-
tre, je crois, ou un saint quelconque, décore le fronton aigu de la
façade qui, après tout, est peut-être un chevet, et le phare semble
de loin être le clocher de ce petit temple.
Un autre phare, un phare électrique, paraît-il, dresse aussi sa
tour au milieu d’un parterre ; près de là, on s’arrête étonné
devant un charmant œdicule, qui doit appartenir au roi de Siam
ou de Cambodje, à un Algérien, peut-être à la reine d’Espagne;
on s’approche des médaillons décorant les moulures orientales
du petit Allambrah. Tiens ! X... ! mademoiselle C... ! Comment !
— Qu’est-ce?... — Monsieur, c’est la photosculpture.— Ah ! ah!
ah ! ah ! — Vous traversez la grande voie du pont d’Iéna au Pa-
lais central, et, laissant à droite le Cercle international, vous
vous orientalisez tout à coup pour de vrai. Tunis, le vice-roi
d’Égypte et la commission ottomane ont planté là leur croissant.
Des ouvriers en turbans, en vestes brodées, sculptent, rabotent,
émaillent une petite merveille que nous décrirons un autre jour.
Des Égyptiens profilent les grands scarabées sur les corniches d’un
temple plein de grandeur ; la Porte fait son petit pavillon.
L’isthme de Suez montre le bout de son oreille. Cet angle du
jardin ne sera pas le moins fréquenté dans quelques mois. Puis,
à l’autre extrémité, au milieu des pins maigres et des arbres
varts, les charpentiers russes, la tête coiffée de la fourrure na-
tionale, le veston rouge au clos, les grosses bottes aux pieds, as-
semblent les bois résineux du Nord, et dressent leurs originales
demeures, dont ils défendent l’entrée avec l'instinct de propriété
particulier à la race moscovite.
Le Portugal, l’Espagne jettent les fondements de leur palais
et la Suisse commence le sien, fixant, à l’instar de la Belgique,
son exposition de peinture au milieu des arbres, de la verdure
et des fleurs.
Nous avons dû passer bien des pavillons ; mais toutes ces con-
structions qui émaillent le grand parc du Palais du Champ-de-
Mars sont à peine hors de terre. Dans une première visite, on
peut bien oublier quelque chose. A bientôt, plus amples rensei-
gnements, plus sérieuses informations. Il est si difficile de s’o-
rienter au milieu des terres remuées, des arbres du Luxem-
bourg qui se promènent, des allées qui tournent, des couloirs qui
tournent et des palais qui tournent semblablement. Un ar-
chitecte s’y est bien trompé, celui de l’église catholique, à plus
forte raison un simple chroniqueur.
A bientôt donc. . Henri du Cleuziou.
LES ARTS PARISIENS.
LE MEUBLE
(Suite)
Nous avons vu ce qu’était le coucher d’autrefois; une solidité,
un monument. Au douzième siècle, on y ajouta le grand art, les
incrustations, la peinture, la sculpture. On broda richement les
literies. On eut des colonnes et des ciels où furent suspendues des
courtines. Le lit était déjà roi dans la chambre : chambre-à-lit,
disait-on, bedroom, comme c’est encore chez les Anglais, quand
ils sont riches et magnifiques.
Au treiziéme siècle, le lit fut tout en bois découpé, gravé et
sculpté, avec une ouverture dans le bateau pour y entrer plus
commodément qu’aujourd’hui. Plus tard le menuisier, le tourneur,
le sculpteur s’effacèrent devant le tapissier; le quatorzième siècle
couvrit les bois de draperies flottantes et tombantes ; on inventa
le dossier en étoffe, qui fut brochée, brodée ; le ciel eut des lam-
brequins pour cacher la suspension des pendants et des courtines,
lesquels on fit en soie, en velours, en drap d’or, doublés, piqués,
frangés et fourrés comme les couvertures.
Le quinzième siècle fut le temps des couchers vastes. Sept pieds
de long sur six ou huit de large. A la bonne heure ! J’en ai retrouvé
un en Angleterre, dans le Cornwall : il était mauvais, malheu-
reusement, ô le pays des méchants lits ! Dans la chambre d’Isa-
belle de Bourbon, duchesse de Bourgogne, on voyait deux de ces
lits, séparés par une commune ruelle qu'un rideau coupait au be-
soin. Un seul ciel très-grand couvrait le tout. C’était l’usage alors
de partager sa couche avec ses amis ou ses hôtes. Le général
vainqueur couchait avec son prince, la fllle d’honneur avec la
reine, le procureur avec son client. Les manants fourraient leur
famille pêle-mêle sous la grosse laine de ces aires, à fond de paille
ou de cosses pour tous, à sommier de bourre pour le pauvre et de
plume pour le riche ; les père et mère en long, les enfants en tra-
vers. Le convive, attendu ou non, arrivait la nuit, fatigué,
mouillé. Il entr’ouvrait la couverture, avisait une place et s’y
blottissait. Au matin les explications. Il y avait loin de ces lits om-
nibus aux mystérieux lits à la duchesse ou à Fange, galanteries
sans quenouilles ni colonnes, tournées au mur non par la tête
mais par le flanc, et que couvraient amoureusement des rideaux