ForsideBøgerOrnementation Usuelle : D…riels Et En Architecture

Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture

Forfatter: Rodolphe Pfnor

År: 1866-1867

Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie

Sted: Paris

Sider: 418

UDK: 745.04 Pfn

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Side af 427 Forrige Næste
on pousse comme un soupir de soulagement en apercevant les bois découpés et variés de la Suède, du Danemark et de la Russie. Ces peuples du nord ont des montres délicieuses de finesse et d’élégance; les Russes, surtout, ne souffrent aucune concurrence sur ce point. Il faudrait que leur exposition fût bien médiocre pour ne pas obtenir un plein succès au Palais de l’industrie. Après la Russie vient l’Orient. Les châles de Kachmir, les tapis de Perse, se seraient crus dépaysés dans des armoires à glaces en bois noir, avec filets de cuivre, on leur a fait un nid digne de leurs harmonieuses couleurs. Je ne sais ce qui vous retient déjà au milieu de ces richesses d'or, d'argent, de pourpre et desinople, on y reste malgré soi. Après les neiges de la Scandinavie, le so- leil du Bosphore et de l’Indus. Pays des houris et des fées, que ne tenez-vous plus de place en ce palais tout rond? On n'en sortirait plus, enchanté qu on serait par le charme de vos chefs-d’œuvre. Teintes pâles d’Albion la puissante, pourquoi faites-vous fuir a tire d ailes les songes des Mille et une Nuits ébauchés tout à l’heure. L’Exposition anglaise a eu du moins le bon sens de ne pas se parquer, se caser, se classer, se numéroter, s’uniformiser comme la nôtre; on déballe, nous n’en avons encore rien à dire. Le cercle des Beaux-Arts se termine, la cour intérieure reste la même. Oh ! la cour intérieure ! Dans cette immensefoire Saint- Germain Que prépare la ville de Paris, on aurait pu croire, malgré la présence d un théâtre, qu on avait oublié la baraque tradi- tionnelle, les architectes ne l’ontpasvoulu. Le cirque Olympique, qui forme le noyau central du Palais, est construit pour le rap- peler. Il se trouvera évidemment un industriel américain qui le louera pour y faire des courses de char, pour y établir des Léo- tards transatlantiques : il ne peut servir qu’à cela. En dehors du palais, les fermes, les étables, les magnaneries, les chaumières, émaillent le parc déjà tracé. Nous avons parlé des Russes, des Suédois, des Norwégiens et des Suisses, nous y reviendrons en leur temps. La mosquée dresse, vers le ciel, son minaret ; mais sur la ga- lerie, d’où le muezzin jettera sans doute sa prière aux fidèles, se penche encore le Gavroche en blouse, qui crie à ses camarades de sa voix gouailleuse : «Ohé! les autres, du plâtre ou des briques ! » Le grand temple égyptien se couvre de peintures admirables : l’œil blanc des statues se dessine sur la teinte jaune des visages calmes; les grandes ailes de l’âme immortelle s’étendent au mi- lieu des frises, mais si l’on s’avance auprès de ces colonnades majestueuses, ce n’est pas le grand prêtre d’Isis, qui sort de la porte sacrée pour vous bénir, c’est un sergent de ville, la mous- tache en croc, qui vous crie : « Circulez ! » Des drapeaux indiquent partout les nationalités diverses, qui doivent concourir à l’ensemble vraiment superbe de ce jardin, merveille de l’Exposition prochaine. Les croix cantonnées des riverains de la Baltique, l’aigle noir de la Prusse, la fasce blan- che de l’Autriche, les libres étoiles de l’Amérique, les croissants des fils du prophète, tout vole, ondule et se replie au gré de la brise parisienne, étonnée d’unir ces couleurs parfois ennemies dans ce champ de guerre devenu terre do paix et de fraternelle union. Lorsque 1 on traverse l’avenue d’Europe, l’uniforme reparaît au milieu du parc français. A quoi serviront donc tous ces han- gars? On disait que nous avions oublié la politesse. — Calomnie ! —Lorsque l’on reçoit un visiteur, on ne rivalise pas de luxe avec lui. C’est sans doute dans ce but que le quartier français a cru devoir rester d’une si remarquable simplicité. Il ne veut briller que par les fleurs. L’exposition d’horticulture promet d’être aussi charmante que possible. Ce petit Éden sera le rendez-vous des enfants et des femmes : Qui se ressemble s'assemble. Si la galan- terie prenait fantaisie d’émigrer loin de sa patrie d’élection, on la retrouverait encore au cœur du jardinier français. Henri du Cleuziou. LES ARTS PARISIENS. LE MEUBLE (Suite) Nous avons vu quel était à peu près l’ancien mobilier. Un beau régime de bahuts régnait en appui le long du mur. Bahut, de bas- hu ou basse-huche, est un mot d’emploi progressif, à l’inverse d’ar- moire, bibliothèque et buffet. Le bahut fut d’abord une enveloppe en osier recouverte en cuir, laquelle servait, dans les voyages, à garantir d’offense le coffre ou la malle du voyageur. Nous avons cela en toile, et les chargeurs du chemin de fer s’en divertissent très-déplorablement. Plus tard, le coffre se perfectionna, la malle prit des tiroirs ; de nomade qu’il était, le contenu devint fixe et prit le nom du contenant. On diversifia la forme et l’usage : il y eut le bahut de hauteur moyenne qui servait volon- tiers de table ; il y eut le bahut moins haut qui servait de banc ; il y eut le bahut encore plus humble du pauvre, qui servait de lit. Sa décoration suivit à peu près celle de l’armoire. Cependant le bahut sculpté est plus ancien que l’armoire sculptée ; on ma- riait déjà dans le 'bahut les deux systèmes d’ornement, quand l'armoire n’en était encore qu’à la peinture. Ceux qui fabriquaient ces huches hautes et basses furent, au commencement, des artisans très-vulgaires. On les appelait huchers et, vers le treizième siècle encore, ils appartenaient à la corporation des charpentiers, comme ouvriers de la petite cognée tout au plus, faisant portes, fenêtres, volets, bancs et coffres. Les menuisiers en lits et les faiseurs de tables, dits alors tabletiers, les méprisaient ou les tenaient à distance. La fille d’un tabletier eût dérogé avec un hucher. Mais plus tard ces huchers ou huchiers s’élevèrent; l’art leur était tombé de la Flandre ou du ciel. Parureîit un jour les superbes bahuts de mariage du qua- torzième siècle, avec leurs gravures pleines d’accent, leurs bas- reliefs souverains, leurs cariatides puissantes, vastes et royaux coffres à serrer, comme disent les mémoires, habits et amants sans les plier. Alors le bahut, ennobli de son chef, quitta le vestibule et vint habiter la chambre. Jusqu’à la Renaissance il fut en progrès et en honneur. Puis naquit un autre mobilier, qui le vieillit et le dé- trôna. Aujourd’hui nous avons encore le petit bahut sur quatre pieds, qui est un cabinet où l’on met des bijoux, des bonbons ou des cigares. La huche du paysan servant à faire le pain noir, le coffre à avoine des défunts maîtres de poste sont aussi des bahuts. Les bancs creux de l’antichambre pour la provision de bois quo- tidienne, bahuts. Les comptoirs des grandes boutiques où cou- chent les commis qu’on ne paye point, bahuts. Le coffre illustre de l’Opéra, rendez-vous d’amour et d’intrigue à la porte du foyer,