Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
å
O
Ol
?
Dans les grandes églises modernes, lorsque Fon dépasse les
grilles et que l’on pénètre sous les portiques, on est étonné de
la perfection du travail d’ornementation: à Saint-Augustin, les
grandes portes sont d’un fini complètement irréprochable ; à la
Trinité, les niches sont admirables de composition (1). Au tribu-
nal de Commerce, il y a des motifs de décoration charmants sous
tous les rapports.
Certaines statuettes, certains chapiteaux, certaines colonnettes,
certaines clefs de voûte, certains frontons , pris à part dans
toutes ces constructions modernes, défient la critique. Il n’y a
qu une chose qui manque : l’ensemble. Nous avons d’excellents
ouvriers, mais de déplorables architectes.
Il y avait à faire au champ de Mars un Palais! entendez-vous?
un Palais.
Cur urceus exit?
Ce n était pas la place qui manquait. — La matière ? Nous
savons de reste ce que l’on peut obtenir avec la fonte, depuis
les Halles-Centrales, dont nous parlions tout à l’heure, — Le
plan circulaire commandé? —Est-ce que le Colisée n’est pas
immense d aspect? Est-ce que les absides des cathédrales n’im-
posent pas, vues à distance, par je ne sais quelle majesté sublime.
Ces messieurs n ont aucune excuse. Pas un portique, la mono-
tonie des lignes, sans rien qui la rompe. Des contreforts écour-
tés, de grandes ouvertures béantes. Rien qui provoque l’ombre
portée, qui fasse relief, dont la silhouette se détache sur le ciel,
dont le profil se découpe sur la verdure des arbres.
Rien. — Je me trompe, les drapeaux, les oriflammes, les ban-
nières accompagnement ordinaire des constructions foraines,
qui décorent à la fin du Carême la place du Trône, aux premiers
jours de l’automne la grande allée de Saint-Cloud. On a succes-
sivement peint comme essai certaines parties du Palais en vert,
en jaune, en rose, en blanc orné de filets bleus, nous regrettons
vivement que cette dernière tentative n’ait pas été adoptée, pilla
aurait eu l’immense avantage de dissimuler entièrement l’œuvre
de l’architecte et de donner à la vaste rotonde du champ de Mais
son véritable caractère.
Passe encore pour l’extérieur ; les étrangers se sont chargés de
détourner les yeux des promeneurs, et les merveilles dissémi-
nées dans le Pare empêcheront de l’examiner. Mais pourquoi,
dans ce centre si bien ménagé pour recevoir tout ce que l’ima-
gination pouvait rêver de gracieux, de fin, de délicat, même de
grandiose et de majestueux, n’avoir non plus rien trouvé, rien
combiné, rien produit.
La cour du milieu, c’était au Palais de l’industrie, ce que le
cloître dans les grandes abbayes du moyen âge, était au mo-
nastère. Le lieu de repos, de conversation, de 'rendez-vous, un
cloître, avec l’énorme différence qui existe entre le moine au
front soucieux et l’homme au regard ouvert.
Un nouvel élément de style, celui que l’on est convenu d’ap-
peler néo-grec, s’est introduit depuis quelques années dans l’ar-
chitecture, c’était ou jamais le lieu de l’employer. Se trouver
entre les beaux-arts et les fleurs, entre la nature, dans son choix
le plus exquis et les chefs-d’œuvre des artistes du monde entier,
et rester muets, les impuissants !
C’est qu’il ne s’agissait plus ici de coudre une frise renaissance
à un fronton plus ou moins romano-byzaritin, d’intercaler un
bas-relief du temps de Louis XII clans une porte de l’époque de
François rr. Il fallait composer un tout et pour revenir au mor-
dant Horace :
« Près du cirque Emilien, le statuaire finit un angle comme pas
un, et sait donner à l’airain la mollesse des cheveux. »
Infelix operis summa, quia ponere totum
Nesciet.
Lorsque l’on veut chanter au-dessus de la portée de sa voix,
on s’expose à chanter faux.
Les architectes du champ de Mars pouvaient entreprendre avec
succès la décoration de la place de la Concorde, un jour de ré-
jouissance publique, ils auraient dû laisser à d’autres le soin d’é-
lever des palais.
Si les étrangers jugent de nos tendances architecturales, par
l’échantillon qu’on va leur offrir, ils en emporteront une idée
bien mesquine.
On dit qu’entre les édifices et les idées, il y a toujours immé-
diate corrélation. Est-ce quels Palais de l’Exposition universelle
serait l’expression la plus fidèle de la pensée française ?Non, ne
concluons jamais du particulier au général.
Henri du Cleuziou.
LES ARTS PARISIENS.
LE MEUBLE
(Suite)
A quoi a tenu principalement notre infériorité mobilière con-
temporaine comme agrément et comme esprit? A ce que depuis
longtemps, presque tous, nous nous faisons meubler au lieu de
nous meubler nous-mêmes, croyant aux lumières générales de l’é-
béniste et à la poésie universelle du tapissier, de même que cer-
tains disent encore à la cuisinière, faites-moi dîner, et au som-
melier du restaurant, faites-moi boire. Cela .ne manque pas tou-
jours de bon sens, mais cela manque certainement de puissance.
Le temps actuel a peur de l’initiative, il est aux gérances et aux
commissariats. Il se meut et vit par procuration. Ajoutons aussi
que Yhomme s’est trop mêlé de l’affaire. Or, sauf des exceptions
spéciales, l’homme n’a pas de goût, c’est formel. La richesse et
la beauté mobilières d’autrefois venaient surtout des femmes,
affectueuses et religieuses gardiennes de la maison quand mon-
seigneur ou messire courait les aventures d’ambition ou de
guerre, et toujours cherchant, en leur esprit comme en leur
amour, les moyens d’augmenter l’attrait et le bien-être du logis,
afin qu’au retour le maître fût heureux d’une surprise ou d’un
embellissement. Qui mieux que la femme, laissée à ses instincts,
saura jamais parer le nid du père et de l’enfant ? C’est en elle,
cela résulte de sa destinée, c’est un don, une faculté, un privi-
lège. Elle n’y épargnera guère l’argent peut-être; on le disait
jadis comme à présent :
(1) Il y a meme plus que des niches à la Trinité. Il y a la recherche du sym-
bole, chose inconnue de la plupart des constructeurs, et une tendance à
l’unité qui fait complètement défaut, particulièrement à l’église du boulevard
Malesherbes.
Pencez vous qu’elles preignent garde
Cornant l’argent se dépent? Non.
Mais alors comme aujourd’hui, elles avaient leur réponse ad-
mirable : « C’est de l’argent qui reste à la maison ! »