Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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témoignent d’une originalité pleine de goût, les vases sacrés de
ses voisins, des progrès que l’étude archéologique a fait faire en
ce genre d'industrie depuis ces dernières années.
La céramique française mérite une étude particulière. Dans
cette branche, ce me semble, on peut déjà certifier que nous
l’emporterons surlesautresnations européennes.Leschefs-d’çeuvre
d’Avisseau de Tours, les imitations surprenantes de Pull les
fantaisies nacrées de Brianchon , les faïences d’Ulysse de Blois
les produits de Nevers, les Rouens de Genlis et Rudhart
marquent une vraie révolution dans l’art de terre. Je ne parle
que pour mention de Jean et de Th. Deck ; 1’Ornementation
■usuelle vous a déjà donné les primeurs de leurs envois.
Dans le mobilier, nous brillons moins; au point de vue artis-
tique, les cabinets italiens sont incomparablement au-dessus de
tout ce qu’ont envoyé nos marchands de bois plaqués. L’Italie a
conservé le goût, cette précieuse fleur dont, à l’époque de la Re-
naissance, elle nous a laissé cueillir une bouture. Les mosaï-
ques du baron de Triquetti sont là pour le prouver. Il n’y a que
la patience russe du professeur Neff à pouvoir lutter avec elles.
Baccarat vous éblouit; nous n’avons pu, dans quelques visites,
nous faire encore à tant d’éclat; nous reverrons ces superbes
cristalleries.
La tapisserie française tient toujours le premier rang. Beauvais
et les Gobelins savent que noblesse oblige.
Dans la peinture, nous n’avons pu nous arrêter au gré de nos
désirs, l’objet de nos études nous interdisant une station qui,
certes, se serait prolongée de manière à nous faire oublier les
heures.
Enfin la galerie de l’histoire du travail, cette portion du Palais
si interessante pour nous, n étant encore ni catalog’Uöö^ ni com-
plète, nous n’avons pu qu’y glaner çà et là des observations, qui
trouveront plus tard leur place, et dans nos chroniques et dans le
corps de notre journal.
Mais qu’on nous permette une petite réflexion.
Les modèles manquent ; Messieurs les collectionneurs en-
chantés d’exhiber ^urs richesses, vous en offrent avec une géné-
rosité sans égale. Vous, ciseleurs, orfèvres, menuisiers, tapis-
siers, vous ouvrez votre carnet, et vite en besogne, vous prenez
le croquis rêvé, cherché depuis si longtemps. — Halte-là! —
Regardez, mais ne dessinez pas.— Pourquoi exposez-vous alors?
Et que me fait à moi que M. un tel ou un tel soit possesseur
de ceci ou de cela, seul renseignement que vous me permettiez
de prendre. Donnez des heures, si vous voulez ; mais puisque vous
êtes généreux, soyez-le complètement, on ne marchande pas en
pareille occurrence.
La partie russe, danoise et suédoise de ce musée rétrospectif
est bourrée de richesses. La partie française ne le cède en rien à
ses voisines ; on y trouve de tout, depuis les pots gallo-romains
de M. Charvet, les casques celtiques de Falaise, le bouclier de
Fougères et les colliers de Toulouse jusqu’aux meubles Louis XVI
de M. Double ; depuis les faïences d’Oiron, les chasubles brodées,
les émaux de Limoges et la magnifique châsse de la cathédrale
de TroycS jusqu’à la collection la plus complète de mules, de
pantolfes et de hauts patins qui se puisse rêver.
Dans le parc, les écuries russes continuent à avoir un véritable
succès. N ayant aucune espèce de notion sur la valeur de Fasan,
de Scipion, de Vapsikoss, ou d’Iskander-Pacha, nous nous con-
tenterons de signaler le coté pittoresque de toutes les construc-
tions de cette partie du jardin, constructions dans lesquelles, du
reste, on ne pénètre pas encore ; notre gravure en donne parfai-
tement l’aspect. Le parc est loin d’être terminé ; mais la multi-
plicité des beuveries commence à lui donner un cachet tout spécial.
Auprès de constructions sérieuses et pleines de caractère se
dressent des fantaisies un peu trop parisiennes. Ne portons pas
un jugement prématuré, rien n’étant encore complètement fini;
mais Feifet de ces contrastes nuit à l’ensemble.
Auprès du temple égyptien, où stationne encore plus silen-
cieux qu auparavant, le grand-prêtre d’Isis que nous avons déjà
rencontré, désignant de la main l’écriteau réglementaire : « Il
est expressément défendu au public d’entrer ici ; » auprès du
temple d’Égypte s’élève, à la place de la tour de porcelaine, un
restaurant chinois construit dans le style de Ba-ta-clan. Ailleurs,
ce sont d autres cafés qui font pendant à des musées particuliers.
Le Champ de Mars s efforcerait-il de faire concurrence au Pré
Catelan. Ce serait vraiment chose regrettable. On doit, de cette
exhibition grandiose, emporter une autre impression qu’un sou-
venir dejoyeuseté cosmopolite.
L’entrée et la sortie, sous ce point de vue, ne sont pas heu-
reuses. Au pont d’Iéna, lorsque l’oreille assourdie déjà par les
refrains des serinettes à trombone, à grosse caisse et à trom-
pette, qui émaillent les galeries intérieures, vous gagnez le large,
c’est le bourdonnement de la musique du café tunisien qui vous
accompagne au delà des barrières.
Un peu moins de sonneries foraines aurait peut-être mieux fait
dans une exposition universelle.
Le Champ de Mars devrait craindre de se changer en champ
de foire.
Henri du Cleuziou.
DE L’AMEUBLEMENT
ET DE
LA DÉCORATION INTÉRIEURE DE NOS APPARTEMENTS
( Suite )
Quant au tissu des sièges, il est bien évident que ce n’est pas
avec 1 étoffe vendue au mètre que vous pourrez obtenir les effets
perspectifs que j’indique ; mais la chose devient beaucoup moins
difficile avec 1 étoffe d’Aubusson. Vous savez qu'on la fabrique
spécialement pour les sièges et presque toujours sur commande.
Je suis donc bien loin d’exiger l’impossible du peintre décorateur
quand je lui demande de produire une illusion qu’il obtiendra cer-
tainement, s’il sait se servir de sa palette et des objets naturels qui
lui viennent en aide dans sa perspective de chambre ; si, prenant
au sérieux son rôle de chef d’orchestre, il tire hardiment parti
de chaque instrument, abaissant le ton de celui-ci, augmentant
dans de sages mesures le ton de celui-là, ménageant avec art ses
solistes, pour arriver ensuite, avec une délicate transition, à
1 ensemble des masses.
Les couleurs alliées à l’architecture complètent les jouissances
de la vue ; réparties avec goût et discernement, variées avec es-
prit, vivifiées par des lumières savamment ménagées, elles font
valoir les parties architecturales. C’est assurément l’un des rôles
principaux de la peinture, mais est-ce le plus important pour le
sujet que nous traitons ici? Non; elle est encore merveilleuse-
ment apte à faire valoir les carnations, soit par le contraste des
couleurs et de leurs tons, soit par le jeu des reflets.