Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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Mais laissons là les théories et entrons dans la vie. — Le sa-
lon, d’ailleurs, vise aussi à l’effet des grands contrastes heurtés,
car les fauteuils, les canapés, les chaises se détacherlt en rouge
ponceau sur les panneaux blanc et or. La maîtresse de la maison,
dont j’admirais à l’instant la jeune et belle carnation rosée, vient
de prendre place sur l’un de ses canapés... Mais que s’est-il donc
passé en elle? Quelle soudaine et douloureuse émotion l’a saisie?
Comment et pourquoi le rose de ses joues a-t-il tout à coup fait
place à une teinte presque livide? Tranquillisez-vous. La souf-
france n’est pour rien dans ce phénomène. C’est la faute au ta-
pissier. Oubliant que la complémentaire du rouge c’est le vert, il
a garni ces meubles de velours ponceau. De là la transfiguration,
la défiguration faudrait-il dire, à laquelle nous assistons.
A cela, quel remède? Tout simplement, dans ce cas, l’emploi
de vert tendre, que l’on tiendra à deux, trois ou quatre hauteurs
de ton, suivant la carnation du portrait vivant que vous voudrez
détacher sur votre fond, en conservant, en exaltant même les
dons qu’il tient de la nature. Mais, me dira-t-on peut-être, toutes
les carnations de femmes ne sont pas roses. L’Espagnole, l’Ita-
lienne, la Créole, comptent aussi à côté des blanches filles du
Nord, et la France à elle seule peut facilement présenter tous les
types choisis de la forme et de la couleur. Avez-vous des cadres et
des fonds variés pour tous ces modèles toujours charmants, ja-
mais semblables ?
Je réponds hardiment oui, car l'harmonie des couleurs est une
science certaine, glorieusement pratiquée par les grands colo-
ristes anciens et modernes, étudiée savamment, agrandie et fixée
par un de nos illustres contemporains. J’ai nommé M. Chevreul.
Je ne puis m'étendre trop longuement aujourd’hui sur cette
matière, j’indiquerai cependant quelques idées générales relatives
au sujet qui nous occupe en ce moment.
Voyons d’abord l’effet que peut produire ce que j’appellerai les
couleurs mères sur les carnations blanches.
Tout le monde sait ici que le rouge ayant pour complémen-
taire le vert donnera å la peau un teint vert jaunâtre, par le
mélange qui s’opérera entre le ton de chair et la coniplémentaire
du rouge; que l’orangé donnera une teinte bleu verdâtre, que le
jaune donnera une teinte violet roux, que le vert foncé donnera
une teinte rouge brique ou lie de vin, que le bleu, dont la com-
plémentaire est l’orangé, exaltera le ton de chair, etc.
Est-ce à dire que l’on doive bannir entièrement de l’ameuble-
ment l’emploi des couleurs que nous venons de désigner? Non ;
mais il est urgent, dans ce cas, que le décorateur sache s’en ser-
vir avec ménagement et qu’il cherche surtout le moyen de les
éloigner autant que possible de la figure.
Supposons un fauteuil recouvert entièrement avec une des
couleurs désignées ci-dessus. Le tapissier décorateur devra dis-
poser sur la partie la plus élevée de son siège, sur le dossier enfin,
une seconde étoffe découpée en forme de lambrequin, par exem-
ple, et qui sera d’un ton de gris ou de tout autre ton neutre assorti
à la hauteur de ton de la couleur principale ; et, suivant le goût
qu’il saura développer dans la façon de poser cette seconde
étoffe, il pourra en faire un arrangement qui ne manquera peut-
être pas d’une certaine originalité et même d’élégance, mais qui,
dans tous les cas, aura atteint le but recherché, c’est-à-dire que
la couleur principale du meuble n’aura plus d’action sur les car-
nations. J’ajouterai que, dans la plupart des cas, il serait préfé-
rable d’agir sur les carnations par le contraste des gammes que
par les complémentaires; d’employer, par conséquent, le rouge
intense lorsqu’on voudra abaisser une carnation trop montée en
rouge. L’orangé poussé à sa plus grande valeur abaissera par
contraste de ton les carnations orangées, etc., etc. Plus la cou-
leur de l’étoffe sera exagérée de hauteur, plus elle amoindrira,
par contraste, le ton naturel de la peau. Mais il en est des cou-
leurs comme des poisons ; elles doivent être dosées par la
science.
Cette science ne s’apprend pas au pied levé. Il faut l’étudier.
Sa connaissance profonde et complète est de première nécessité
pour ceux qui dirigent l’ensemble de nos travaux décoratifs. Ils
doivent aussi connaître les lois de l’optique et bien d’autres
choses encore, que nos Fa presto du jour trouvent longues et fas-
tidieuses à apprendre. Aussi voyez ce qui se fait autour de vous !
Et ce n est pas tout : combien d’autres, entièrement étrangers par
état à ces études, se mêlent de choses dont ils n’ont pas la plus
rudimentaire notion ! N’entendez-vous pas sans cesse des per-
sonnes qui vous disent : « Comment trouvez-vous mon apparte-
« ment? C’est moi qui en ai dirigé les travaux ; j’ai choisi mes
« étoffes, j’ai choisi mes meubles, j’ai choisi mes bronzes ; je crois
« que j’ai assez bien réussi. Qu’en dites-vous ? »
Eh ! parbleu ! qu’on le voit bien. Aujourd’hui, tout lo monde est
artiste comme tout le monde est médecin. Qui n’a vu souvent
cette double science infuse s’-étaler complaisamment ? Hier en-
core, blessé au genou, je gardais la chambre, et soudain tous mes
amis se sont transformés en médecins, c’était une Faculté tout
entière, chacun portant et offrant son remède. Un vrai médecin,
que vous connaissez tous, un des patrons de l’Union centrale,
l’excellent docteur Gaffe, est heureusement survenu, et voilà
pourquoi je suis guéri et ne suis plus muet.
Mais revenons au salon.
Les invités se sont assis. Eh ! mon Dieu ! qu’ont-ils donc? Ils
ont l’air de causer ou d’écouter tranquillement, et cependant ils
se remuent sur leurs chaises comme s’ils avaient perdu l’équi-
libre. Celui-ci passe sa jambe droite sur celle de gauche, un in-
stant après, c’est la gauche qui revient sur la droite. Il se re-
monte sur son siège; il est de face, il se met de trois quarts, et
tout le monde se remue ainsi. Est>ce une charade en action ? Pre-
nons un siège et voyons s’il nous donnera le mot.
E. Guichard.
(La suite prochainement.)
ESSAI
SUR
L’HtSTOIRE DE LÀ POTERIE FRANÇAISE
11
Les symboles de l’immortalité : le scarabée; le phénix; le crocodile noir. —
Déformation de la fleur de lotus. — Celtes et Franks.
Dans tous les âges, un des premiers besoins de l’être humain
a été, suivant la belle expression de Jean Reynaud « de marier
ostensiblement la mort avec la Renaissance. » De là sont nés
pour les peuples enfants des symboles. L’ignorance, petit à petit,
a couvert la pureté primitive de ces symboles d’une couche
épaisse, au-dessous de laquelle le penseur peut à peine les entre-