Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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fixes des temples d’Athènes (fig. 26). Les Celtes en avaient gardé
le signe sur les flancs émaillés de leurs vases (fig. 27), tant était
puissante et vraie la reconnaissance méritée de 1 homme a la
bienfaisante nature.
Mais, dans la nature, il est encore un choix. Les impressions
Fig. 23 (grandeur d'exécution).
Bas-relief égyptien. — Musée du Louvre.
prises dans le règne végétal sont toujours antérieures à celles qui
s'inspirent du règne animal; elles témoignent d’une pureté, d’une
innocence complètement primitives. La fleur se laisse prendre,
se laisse admirer à loisir, la bête s’échappe et fuit le regard.
La première terre pétrie imita donc, dans sa forme, la fleur
Fig. 24.
Bas-relief du Palais de Khorsabad. — Musée du Louvre
tantôt ouverte, tantôt fermée (je n’en veux comme dernière
preuve que cette forme apode, générale à toutes les races de
l’univers, et qui figure, à n’en pas douter, la fleur et la tige cou-
pée, enlevée de la terre et portée dans la main. (Fig. 12, 13, 14,
15.) Mais le modeleur d’argile, cet être nécessairement contem-
platif, dans la corolle de la plante remarquait des divisions, des
pétales; il en traça sur l’objet sorti de ses mains. Voyez-vous
poindre le premier motif de l’ornementation? Elle aussi devait
naître de l’amour instinctif de l’homme pour ce qui sort du sein
de celle que féconde les baisers du soleil.
Pure, limpide et calme, la source, à l’endroit le plus caché de
la forêt, reflôte dans toute leur vérité grandiose les roseaux, les
grands arbres, les fleurs qui l’environnent. Plus immaculée, l’âme
de l’homme, à l’origine, comprenant aussi tout d’abord la nature
végétale, la refléta la première en cherchant à l’imiter à son
tour.
Henri du Cleüziou.
( I.a suite prochainement. )
LES ARTS PARISIENS.
LE MEUBLE
(Suite [1])
Nous voici donc à la table, maintenant. La table à manger, le
meuble des meubles, disait Grimod de la Reynière; seul indis-
pensable avec le lit dans l’opinion gloutonne des anciens, qui les
plaçaient l’un contre l’autre et mangeaient couchés, pour diges-
tion meilleure. On se tenait ordinairement trois sur un matelas,
réservant à l'hôte la place du milieu, de môme que dans les
festins le lit du milieu était le lit d’honneur. Les modernes ont
jugé plus commode de manger assis et de passer de la table au
lit ou du lit à la table : c’est bien à peu près la même chose. Paresse
et gourmandise jadis sc confondaient ; aujourd hui elles se succè-
dent, voilà toute la variante. Quelques-uns mangent debout,
comme aux buffets de chemin de fer, c’est gênant et malsain ;
l’estomac se contracte et reçoit mal la nourriture. Il y a quarante
ans, c’était assez l’usage, dans le commerce parisien, de faire
manger debout les apprentis et les commis, afin, sans doute, qu ils
mangeassent moins. De quoi ne s aviserait un marchand !
Les premières tables à manger dont on ait, chez nous, la tradi-
tion, étaientdes plateaux demi-circulaires avec rebords ou galeries
d’où tombaient des draperies qui cachaient les tréteaux. On fait
aujourd’hui, pour le déjeuner de coin du feu, des tables volantes
qui rappellent assez celles-là. Sur ces tables les mets seulement
étaient posés ; quand le mangeur avait soif, il se levait pour aller
boire au dressoir, ou à la crédence, moyen tout aussi bon qu un
autre de détourner ou de gêner l’excès. Les plats eux-mêmes
n’étaient pas toujours servis; le buffet en restait paré, comme à
demeure, et les domestiques y coupaient et puisaient selon 1 ap-
pétit et le goût de chaque convive. Les vins fins, les liqueurs, les
épices et confitures attendaient leur emploi sur des petites
tables immobiles, en bois, en métal, en marbie, ou en or, paifois
en argent, enrichies de mosaïques, d’incrustations, de peintures,
armées de pierreries magiques et tutélaires qui devenaient noires
au voisinage des poisons, de même que les fidèles verres de
Venise se brisaient quand une boisson dangereuse y tombait.
Que ne nous fait-on encore de ces verres-là, en notre temps de
vins faux et d’absinthe !
(1) Nous réparons un oubli, en publiant ce passage fort intéressant con-
cernant la Table; ees lignes devaient venir à la suite de l’art, de la
8e livraison.