Ornementation Usuelle
De Toutes Les Époques Dans Les Arts Industriels Et En Architecture
Forfatter: Rodolphe Pfnor
År: 1866-1867
Forlag: La Librarie Artistique de e. Devienne et Cie
Sted: Paris
Sider: 418
UDK: 745.04 Pfn
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Plus tard les tables devinrent ovales, oblongues, à pieds droits
à devanture découpée, grillagée ou pleine, sur laquelle , pour
amusement, se voyaient des sujets, des devises, des sentences
d’hygiène et de cuisine. Il y en avait de fort étroites pour manger
à deux seulement, ramante et l’amant, la maîtresse et le maître,
la reine et le roi, non pas vis-à-vis, mais côte à côte, assis souve-
rainement, au seizième siècle, dans une belle fourme à bras, avec
dossier, montants magnifiques et dais. Les assiettes arrivèrent
tard en ce tête-à-tête, on n’en eut d’abord qu’une pour les deux,
par amoureuse économie. Seulement chacun avait sa salière, pre-
nait ou recevait poliment un morceau, le salait et le mangeait.
La nappe vint après le surtout, série d’ornement fort ancienne;
cette tenture blanche ne fut guère connue qu’au douzième siècle.
Elle se mettait en double, d’où lui fut donné son autre et premier
nom de doublier, si conservé en Normandie.
La grande table des festins était ce qu’elle est restée, une suite
de planches assemblées sur tréteaux, en fer-à-cheval, presque tou-
jours, les convives assis d’un seul côté, le dos à la muraille, afin
d être plus à l’aise pour voir les entremets, divertissement formi-
dable dont la splendide hospitalité d’alors accompagnait ses pro-
fusions. Tout se tient dans ces grandeurs féodales, et quand seule-
ment aujourd hui nous voyons ce qui meublait Pâtre des cuisines,
nous sommes incrédules on épouvantés. Les domestiques servaient
par devant, une armée ; pour traiter honnêtement deux cents per-
sonnes, on en levait mille. Les mets principaux étaient apportés
en cortège, au bruit des fanfares, par des maîtres d’hôtel à cheval
quand il y avait à table le roi ou l’empereur. A présent on est
petit, comparativement, et le temps dit plutôt rapacité que dé-
pense. Banquier n’est point seigneur. A pères prodigues, fils
avares.
On fit sous Louis XI le guéridon, la table carrée sur un pied, et
la table à jouer décorée d’emblèmes. Modèle charmant.
Au&. Luchet.
BULLETIN
Restaurations a l’Ecole des Beaux-Arts. — On vient de
terminer dans la cour principale de l’École des Beaux-Arts, les
travaux de restauration des curieux monuments d’architecture
dont cette cour est décorée.
On a restauré, sur le coté gauche, les sculptures provenant de
l’ancien hôtel de la Trémouille, et, sur le côté droit, le mao-ni-
fique portail qui formait le motif principal de la cour intérieure
du château d’Anet, érigé par Philibert de l’Orme pour Diane de
Poitiers, célèbre maîtresse du roi Henri IL Ce portail est à trois
ordres : dorique, au rez-de-chaussée ; ionique, au premier étage,
et corinthien à la partie supérieure. Dans la baie du premier
étage, on achève en ce moment la pose da buste d’Alexandre
Lenoir, à qui l’on doit la conservation de ce brillant spécimen de
1 architecture de la plus belle époque du seizième siècle, et de
tant d’autres monuments précieux pour l’histoire de l’art.
Quand, il y a un an, on commença cette restauration du por-
tail, plusieurs critiques se sont élevés contre ce travail ; une
vraie tempête surgit contre les meurtrissures dont ce monument
allait être l’objet. Ces zélés critiques qui d’habitude se font un
devoir de crier contre toute mesure qui tend à conserver les
monuments, auraient dû, au préalable, étudier la question, c’est-
à-dire regarder de près ce monument, ils auraient trouvé, comme
nous, qui, à cette époque, mesurions et relevions le portail, qu’il
y avait un danger réel à le laisser dans l’état où il se trouvait.
Toute la partie supérieure, la plus belle, menaçait ruine : la base
des colonnes était écrasée ; les colonnes se déplaçaient sous le
poids de la corniche, et toutes les sculptures de cette corniche,
les antéfixes, etc., tombaient littéralement en morceaux.
On pouvait d’ailleurs s’en rapporter à l’architecte chargé de la
restauration, M. Duban, qui, maître ès arts de restaurer les mo-
numents, y a mis un soin tout particulier. R. P.
*
* *
Bibliographie.—L’Émail des Peintres, par Claudiu Popelin (1).
— Ce beau petit livre, imprimé par M. Claye, est une véritable
pièce d’exposition typographique. Nous lui reprocherons seule-
ment d’être fait en caractères d’autrefois, suivant une manie
nouvelle, étrange et répandue. Sa correction ne nous a permis
d’y découvrir que deux fautes, dont la première servira de
marque à l’édition. C’est la moitié d’une bonne chance. Ajoutons
même que ces types imités d’un autre âge sont ici comme à leur
place et nous font illusion. Ils vont et siéent à la forme fami-
,lière et gauloise adoptée par l’auteur pour son entreprise et ses
leçons. Le livre qu’il nous donne rappelle ceux qu’on faisait au
temps où l’art avait des servants et des pontifes, des croyants
et des ardents, des oppresseurs et des victimes. S’il voulait dire,
ce dont on semble ne se douter guère ! que la foi dans le beau
nous revient? Saluons-le toujours; qui sait! Toute œuvre con-
tient un secret, lequel se révèle tôt ou tard. Ans ou siècles,
le temps n’y fait rien.
M. Claudius Popelin est du trop petit nombre des beaux émail-
leurs modernes. Deux ou trois avec lui, et c’est tout. Un art dif-
ficile que le leur : coûteux, pénible et peu complaisant aux gens
pressés. Il faut donc y être doué particulièrement. Nous parlons
ici de l’émail des peintres, le seul dont l’auteur ait voulu traiter,
tout autre emploi des émaux lui paraissant relever plutôt de l’in-
dustrie que de l’art. Or il n’a point pour l’industrie une considé-
ration haute. Il n’augure pas beaucoup de la tendance qui existe
à rapprocher « ces frères ennemis. » L’expression à'art indus-
triel lui semble presque un barbarisme, et il félicite les anciens,
qui pourtant appliquèrent si heureusement les arts plastiques
aux objets d’utilité, d’avoir ignoré cette appellation hybride.
Moins exclusifs, parce que nous sommes moins autorisés, at
que favorablement d’ailleurs les moindres efforts nous disposent,
il nous souvient néanmoins que, sans les expositions des beaux-
arts appliqués à l’industrie, nous connaîtrions mal ou point l’œu-
vre excellente de M. Claudius. Le premier spécimen nous en est
apparu, je pense, dans deux plaques qui décoraient et illuminaient
un meuble de finance en chêne, superbement fabriqué par M. Ma-
zaroz. 11 y a de cela quatre ans. En cette rencontre, nous l’affir-
mons, les « frères ennemis » s’étaient três-réconciliés. Mais, son
injustice spéciale à part, et pour beaucoup d’autres cas, notre
maître émailleur a raison. Le faux luxe est entré dans les mœurs
comme la marée, qui, bienfaisante d’abord ou semblant l’être, ne
laisse en se retirant que fanges et pestilences. Les bonnes no-
tions de produire sont bouleversées ; l’abondance de biens a nui.
Lorsque jadis les riches, peu nombreux, ne suscitaient qu’une
(1) Un vol. in-8. Paris, A. Lévy, éditeur.