L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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Pourquoi avoir fait une pareille salle, dira-
t-on?
A première vue il semble que ces dimensions
soient exagérées, et cependant quand cette
construction a été faite, sous la direction de
M. Alphand, ce n’était pas sans raison. Les
journalistes sont curieux et veulent toujours
interroger. Les « pourquoi « n’ont donc pas été
ménagés et voici la réponse à certains de ces
« pourquoi ».
D’abord, la place qui sera occupée par les
machines dans ce palais est trop petite;
47,300 mètres sont insuffisants. La meilleure
preuve c’est qu’à droite et à gauche de cette
galerie il a fallu en construire deux autres de
420 mètres de longueur et de 15 mètres de lar-
geur, ce qui donnait encore 12,600 mètres. Mais
12,600 mètres ajoutés aux 47,300 mètres précé-
dents étaient encore insuffisants; il a fallu éta-
blir des galeries au premier étage ne donnant
pas moins de 21,950 mètres lesquels ajoutés
aux premières surfaces arrivent à un total
de 81,850 mètres! Et ces 81,850 mètres non
seulement seront occupés, mais ont été distri-
bués de la façon la plus parcimonieuse, de telle
sorte que certains exposants se sont vas réduire
de moitié leur demande d’emplacement.
Mais, objectera-t-on, s’il fallait cette surface,
ne pouvait-on l'obtenir en construisant des
hangars économiques? (n’entendons-nous pas
toujours prêcher l’économie?) En édifiant des
galeries, de simples galeries, rien n’aurait
été plus facile que d’obtenir ces surfaces sans
faire un hall gigantesque qui doit coûter exces-
sivement cher.
Nous aussi, nous nous sommes posé celte
question, et notre deuxième « pourquoi » était
bien motivé, quand nous interrogions l’un de
nos ingénieurs, qui a collaboré à cette œuvre
avec M. Alphand. Nous étions certain de l’em-
barrasser, et nous pensions que seuls, la
Tour, le voisinage de la Tour, la jalousie de la
Tour, avaient amené les architectes et les ingé-
nieurs à concevoir un pareil travail.
Mais, chiffres en mains, il nous a été démon-
tré que c’est dans un but d’économie que ce
palais avait été ainsi conçu.
En voici les raisons :
En 1867, le sol du Champ de Mars était une
plaine de sable de 9 mètres de hauteur.
En 1878, ce sable, lors de la construction de
la seconde Exposition du Champ de Mars, avait
déjà disparu en partie.
Mais en 1888, certains endroits en étaient
absolument dégarnis et. quand on veut édifier
une construction, le premier soin est de s’assu-
rer des fondations; or, les fondations pourl’Ex-
position de 1889 étaient en partie, non pas
impossibles, ce mot n’est pas français, mais des
plus coûteuses, et cela justement à l’emplace-
ment qui avait été attribué au Palais des
Machines. Aussi, les fondations étant, elles, trop
onéreuses, il a fallu les supprimer en g ande
partie; au lieu de faire des galeries de 25 mètres
de 30 mètres, de 50 mètres de largeur, ce qui
était déjà bien grand, l’on a été amené à fran-
chir les espaces et à diminuer les points d’appui,
de telle sorte qu’un immense palais comme
celui des Machines, en ne parlant que de la
portion centrale, 420 mètrps de longueur sur
115 mètres de largeur, n’a nécessité pour les
fondations que 40 points d’appui, un peu moins
de un par mille mètres carrés; les prix des fon-
dations se trouvant donc, par ce fait, diminués
dans une très notable proportion, l’on a re-
trouvé dans la construction en fer, telle qu’elle
a été conçue et exécutée, uneéconomie telle qu'il
est permis de dire que ce Palais des Machines
peut hardiment être classé dans la catégorie des
constructions économiques.
Le Palais des Mach lues coûtera 7,513,894 f:-. 69,
sc décomposant comme suit :
Terrassement et maçonnerie.. Fr. 592,423 34
Constructions métalliques.__..... 0,398,307 23
Charpente en bois............... 193,760 3t
Couverture, plomberie et zinc.... 236,682 74
Carrelage et parquetage............ 78,591 04-
Menuiserie...................... 34,345 86
Vitrerie......................... 182,242 67
Oi-nemerftation en statï........... 536,441 50
Peintûre........................ 138,347 4Û
Imprévus et Régie............... 190,127 66
Frais d’agence.................... 192,922 52
Total égal... Fr. 7,.M3,894 69
(A suivre.)
AUTOUR DE L’EXPOSITION
PANORAMA
DE LA VILLE ET DE LA BAIE
DE RIO DE JANEIRO
Une des originalités de l’Exposition de 1889,
c’est d’être enchâssée tout autour, comme un
diamant de haut prix, dans un entourage de
perles et de rubis, dans une série d’œuvres
curieuses, émanant de l’initiative privée et qui,
soit panoramas, soit reconstitutions historiques,
attireront un nombreux public de visiteurs et
d’artistes. —Nous avons l’intention de les passer
en revue tour à tour et de les signaler ainsi à
l’attention de nos lecteurs. — Nous nous occu-
perons aujourd’hui du Panorama de la ville et
de la baie de Rio de Janeiro dont l’élégante
construction s’élève avenue de Suffren, en face
du Palais des Machines.
Les Français seront désireux de connaître la
magnifique capitale du Brésil dont la popula-
tion, de plus de 400,000 habitants, comprend un
si grand nombre de nos compatriotes.
Ce panorama a été imaginé et mis en œuvre
avec beaucoup d’art par un artiste brésilien,
<l’un talent éprouvé, M. Victor Meirelles, dont
le grand tableau, Combat naval de Riachuelo,
Tut très remarqué au Salon de 1883. Il s’est
adjoint comme collaborateur un peintre belge,
M. II. Langerock. Toutes les études nécessaires,
pour la confection de cette immense toile de
115 mètres, ont été faites sur place, d’après
nature, et ont exigé sept mois de travail.
La vue a été prise du sommet du Morne
Saint-Antoine, où se trouve placé le visiteur.
De là il domine un paysage d une étendue infi-
nie. A ses pieds se déroule, dans une étonnante
réalité, le panorama de la ville et de la baie de
Rio de Janeiro, avec un premier plan rempli de
la luxuriante végétation des tropiques; la baie,
sillonnée de vapeurs et d’embarcations variées,
se déroule en une étendue de 30 kilomètres; la
ville s’étend, populeuse, animée, en pleine vie
active, sur une superficie considérable. La ville
et la baie sont superbement éclairées par le so-
leil couchant d’une belle journée de juillet;, c’est-
à-dire pendant l’hiver des tropiques.
Nous n’entrerons pas dans de plus amples
détails, préférant laisser le charme de la sur-
prise à nos lecteurs, qui voudront certainement
visiter ce panorama, un des plus curieux et
certainement des plus instructifs de tous ceux
qui ont été édifiés pour le grand concours in-
ternational de celte année. J. U.
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LES COLLABORATEURS
DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE
Il est juste que nous présentions au public,
en quelques lignes, les principaux collabora-
teurs de cette œuvre grandiose.
D’abord, M. Alphand, le directeur général
des travaux, dont la verte vieillesse a étonné et
lassé bien des jeunes gens.
Né à Grenoble, en 1817, élève de l’École poly-
technique, puis des ponts et chaussées, il fit à
Bordeaux ses premières armes. Nommé par
M. Haussmann ingénieur en chef des prome-
nades et plantations, il débuta en 1854 sur la
scène parisienne dont il a brossé ces incom-
parables décors qui s’appellent le bois de Bou-
logne, les Champs-Elysées, le bois de Vin-
cennes, les Buttes-Chaumont et le Parc Mon-
ceau, pour ne citer que les principaux. Ayant
pris déjà une part importante dans les travaux
des Expositions de 1867 et de 1878, il était
naturellement indiqué pour une situation pré-
pondérante en 1889, et sa nomination n’a
étonné personne.
M. Alphand est directeur des travaux de la
Ville de Paris, inspecteur général des ponts et
chaussées et grand-officier de la Légion d’hon-
neur.
Les trois mousquetaires qui, le crayon à la
main, ont combattu le bon combat à côté de
leur chef nominal sont, comme on sait :
MM. Dutert, Bouvard et Formigé.
M. Dutert, né à Douai, en 1845, obtint le Prix
de Rome en 1869. Hors concours aux Salons
annuels, médaillé à l’Exposition universelle de
1878, le jeune artiste est actuellement in-
specteur principal de l’Enseignement des Arts du
dessin, chevalier de la Légion d’honneur et offi-
cier d’instruction publique. Quant à ses ten-
dances personnelles, la Galerie des Machines
les souligne assez courageusement pour qu'il
soit nécessaire de les expliquer.
Quoique brillant élève de l’Ecole des Bcaux-
Arls, son confrère M. Bouvard a toujours été
un indépendant. Né à Saint-Jean-de-Bournay
en 1840, il était orphelin à il ans. La vie eut
pour lui de durs commencements et il n’est re-
devable de ses succès qu’à son intelligence et à
son talent. Le Pavillon de la Ville de Paris
élevé par lui à l’Exposition de 1878 a marqué
une des premières étapes du rationalisme dans
la construction. Architecte de la Ville de Paris
pendant dix-huit ans, M. Bouvard, qui méri-
tait le ruban rouge depuis Buzenval où il
avait été blessé, fut décoré à la dernière Expo-
sition universelle.
M. Formigé est un heureux, les succès sont
venus s’abattre sur sa tète comme une inépui-
sable et bienfaisante rosée. Lors du concours
du monument à élever aux États généraux de
1789, son projet remporta le premier prix et
fut le point de départ de ses triomphes. En
1882, il reçut, au Salon, la médaille d’honneur
et, à la mort de Ballu, ce fut M. Formigé que
l’Administration chargea de terminer l'IIôtel
de Ville. L’auteur du Palais des Beaux-Arts
n’avait pas trenle-cinq ans lorsqu’il fut nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
Sans diminuer la valeur des services rendus
par M. Alphand, on doit équitablement recon-
naître que M. Berger a été vraiment l’âme de
l’Exposition. On ne saura jamais ce qui a été
dépensé de ténacité et d’énergie pour galva-
niser l’Europe et même la France qui croyait
peu, tout d’abord, au succès final, par cet