Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LE ROI ALBERT VISITE LA SECTION FRANÇAISE
LA PARTICIPATION FRANÇAISE
Si la France n’a pas été la première à réaliser
une exposition universelle, c’est cependant elle
qui, en réalité a inventé ces grandes manifes-
tations de l’activité économique. Quand s’ouvrit
l’exposition de Londres en 1851, le succès des
expositions nationales en France avait déjà sug-
géré l’idée à beaucoup de journalistes et d’éco-
nomistes d’en élargir le cadre et de les rem-
placer par des expositions internationales pé-
riodiques. L’opposition égoïste et inintelligente
de quelques grands manufacturiers et des cham-
bres de commerce protectionnistes entravèrent
ces heureuses initiatives, et il fallut le succès
de l’exposition du Cristal-Palace pour pousser
la France dans une voie qu’elle-même avait
tracée. Mais depuis lors la France a joué dans
toutes les expositions, tant chez elle que dans
les autres pays, un rôle absolument prépondé-
rant. Elle a, plus que toute autre nation, l’expé-
rience de ces grandes foires universelles dont
elle a puissamment contribué à fixer le type
désormais invariable et où triomphent toujours
ce goût inné, cet art de la présentation et de la
mise en valeur qui est la principale qualité de
l’industrie et du commerce français.
Le caractère du peuple français, aussi bien
que son histoire économique, et même que son
orientation politique, le préparait à tenir dans
les grandes foires internationales ce rôle pré-
pondérant. De toutes les nations continentales,
la France est la plus anciennement et la plus
solidement constituée. Le style français — j’en-
tends le style non seulement au point de vue
de l’art, mais dans toutes les manifestations
de la vie sociale, — était déjà fixé à une époque
où les autres peuples de l’Europe étaient encore
inconscients de leur unité et de leur destinée.
Et puis, tandis que les Espagnols et les Italiens
vivaient pour eux, ignorant et dédaignant le
reste du monde, les Français, depuis le moyen
âge, montraient un goût décidé de répandre
leurs idées et leurs coutumes dans le monde.
D’abord, ce prosélytisme fut gueriier : les armées
révolutionnaires, qui voulaient aller porter la
liberté aux peuples, ne reprenaient-elles pas la
tradition des Croisés ? Gesta Del per Francos.
Il est devenu pacifique, mais il est demeuré tou-
jours aussi ardent, et ce besoin d’expansion
intellectuelle continue, même dans l’âge écono-
mique où nous sommes, à prédominer chez ce
peuple idéaliste sur le besoin d’étendre son
commerce et d’assurer des débouchés à son
industrie.
Le second Empire avait fait des expositions
un des éléments du bluff politique, qui faisait
sa force. Par l’exposition de 1855, Napoléon III
avait voulu montrer d’une façon sensible à tous
que le régime qu’il avait imposé à la France
était le plus favorable à son essor économique.
Comme les grands travaux de Paris, l’exposi-
tion était destinée à faire oublier au peuple la
liberté en lui enseignant les bienfaits d’un des-
potisme stable, utile aux affaires. L’exposition
de 1867 avait également, avant tout, un objet
politique. Elle était destinée à illusionner Je
public français et le public étranger sur la
solidité d’un régime menacé à l’intérieur par
les progrès constants de l’opposition, compromis
à l’étranger par une série de fautes diploma-
tiques qui devaient avoir la guerre de 1870
pour dernière conséquence. Mais quels que
soient les efforts d’un gouvernement, jamais
il ne pourrait faire réussir une entreprise aussi
considérable qu’une exposition si elle n’avait
pas les sympathies de la nation. En 1867,
le peuple de Paris oublia ses rancunes contre
M. Rouher et M. Pietri pour admirer les splen-
deurs du Palais de l’Industrie. Les expositions
étaient si vraiment populaires, on les considé-
rait si bien comme une manifestation nécessaire
de la prospérité nationale que la République,
à peine constituée, la France à peine remise
des horreurs et des ruines d’une guerre désas-
treuse et d’une émeute plus désastreuse encore,
on songea à montrer au monde la France re-
naissante : ce fut l’exposition de 1878. Puis
c’est l’exposition de 1889, centenaire de la
Révolution, et, enfin, c’est l’immense et somp-
tueuse foire de 1900, qui est encore dans toutes
les mémoires. Mais les expositions organisées en
France n’empêchaient pas la République de
prendre une part active à presque toutes celles
qu’on organisait à l’étranger. En agissant ainsi,