Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
105
Charles Cottet, une Tristesse ténébreuse, peinte
comme jadis on peignait les Pieta, un Christ
affreux qui expire et qui souffre ; quelques vers
de Verlaine l’ont inspiré, paraît-il, mais le peintre
a accru encore la mélancolie du poète de tout
le mysticisme de son ' imagination bretonne ; un
délicieux Vase de fleurs, de Georges d’Espa-
gnat ; une aimable fantaisie de Mlnc Virginie
Demont-Breton, les Petits Qoëlands, des enfants
nus qui se sont abrités sur la plage dans un
petit fort de sable ; un paysage ensoleillé de
Gagliardini ; la Terrasse, de L. Sidaner ; quel-
ques tableaux de genre de M. Joseph Bail, la
Boulangerie en Bretagne, des Femmes nettoyant
des brocs, et ce sont là mieux que de simples
images, de petites visions d’intérieur, éclairées
d’une belle lumière, qui nous rappellent un peu
l’art intime des anciens maîtres de Hollande.
Ainsi se succèdent les visions les plus diverses,
celles des peintres fidèles dépositaires de la
tradition, celles très audacieuses des maîtres
d’avant-garde. Toutes leurs œuvres sont réunies
pour nous donner une idée claire de la peinture
française d’aujourd’hui. L’ensemble est excel-
lent. Il n’est point gâté par la présence des
toiles de ces faiseurs habiles qu’on remarque
trop nombreux dans les salons parisiens et qu’on
excuse aisément d’ailleurs, parce qu’ils sont l’ex-
pression d’un art exubérant, gonflé de sève.
C’est ici un oasis de fraîcheur et d’idéal, où l’on
se repose à l’aise. Dans ses hardiesses même,
l’art français maintient ses traditions de goût
et de beauté, un charme de spontanéité et d’éter-
nelle jeunesse, une sérénité née de sa puissance.
Arthur De Rudder.
LA SECTION PERSANE
Quel est le Bruxellois — et je dirai presque :
le Belge, — qui n’a pas conservé le souvenir
le plus sympathique de l’empereur Mouzaffer-
ed-Din ? Plus d’une fois ce monarque fastueux
mais souriant, chamarré mais affable, vint visiter
notre pays. Il se montra à Ostende, à Boitsfort,
à Spa, dans les villes, aux fêtes, aux récep-
tions, souvent en compagnie de Léopold II.
Le « shah » perdit à cette popularité un peu
de son prestige de souverain fabuleux de légende
qui l’eût représenté volontiers tel un surhumain
nabab oriental ; mais l’hôte amène y gagna de
nous donner de lui l’impression du plus cour-
tois des grands seigneurs.
Il naquit de cette intimité des deux chefs
d’Etat, cependant bien éloignés l’un de l’autre,
des relations profitables entre les gouvernements
respectifs des deux pays, et bientôt les exodes
de Belges vers la Perse se multiplièrent. Qui ne
sait combien d’ingénieurs, de fonctionnaires, de
commerçants, de jurisconsultes, de médecins sont
partis d’ici où tout souffre de la pléthore d’une
surpopulation à la fois inquiétante et admirable,
et sont allés implanter à Téhéran des modes
administratifs et éveiller des activités et des
énergies, exploiter des ressources dont on com-
mence seulement aujourd’hui à apprécier la va-
leur et les bienfaits.
Ces raisons suffiraient à nous intéresser d’une
façon toute particulière à la participation per-
sane à l’Exposition de 1910 si l’abondance et
l’originalité des produits étalés dans le luxueux
compartiment ne justifiaient déjà le succès qui
l’accueille.
Il est incontestable que celui qui ^.appelé
cette section le royaume du tapis n’a ni exagéré
ni raillé. De toutes dimensions, de tous tissus,
de toutes nuances, étalés, roulés ou suspendus,
de soies ou de laines savamment mariées, les
tapis donnent à la fois de l’opulence et de
l’intimité à chacune des vastes échoppes ou des
riches salons en quoi se divisent les... mètres
carrés de la section.
Mais il serait injuste de borner à cette indus-
trie l’attention que l’on doit au contraire très
minutieusement porter sur nombre d’autres élé-
ments d’intérêt.
L’antique royaume de Perse est une des plus
vieilles terres civilisées du monde ; mais elle
est celle aussi, où l’art s’est manifesté dès les
premiers âges. Et les vestiges que des fouilles
patientes ont mis. au jour ,en donnent des preuves
éclatantes.
L’actif et très habile commissaire - général^
M. Ed. Goldzieher, qui s’est longuement dévoué,
aidé de M. Coetermans, président du comité,
à la réussite de cette exposition, comme il avait
déjà assuré celle de l’ëxposition persane à Liége
il y a cinq ans, a très bien compris qu’il devait
évoquer ce passé magnifique de l’empire oriental
qu’il représente chez nous en ce moment.
La majestueuse entrée de la section, adroite
reconstitution de M. l’architecte Delpy, repro-
M. EDMOND GOLDZIEHER,
Consul .deiPerse,
Commissaire général du Gouvernement persan.
duit en effet, réduit au tiers de sa grandeur, le
portique des Propylées de Xerxès à Persépolis.
M. Goldzieher lui-même, en a donné, dans le
discours qu’il prononça le jour de l’inaugura-
tion, la description détaillée : « Les deux portes
latérales, soutenues par des taureaux androcé-
phales, sont d’une remarquable originalité. Sous
la coloration chaude des caissons et de la frise,
les taureaux, dont les Persans avaient fait l’en-
blème du pouvoir réalisateur, supportent l’enta-
blement du portique, séparé du fût des colonnes
par d’harmonieux campaniles qui surmontent
des chapiteaux simulant des têtes de palmier,
symbole du renouveau et de la force qui crée. »
Tout est symbolique, d’ailleurs, dans cette
admirable architecture de l’époque de Darius,
et il n’y a pas jusqu’aux cannelures qui ne rap-
pellent le dualisme mystique de la lumière et de
l’ombre.
A peine franchi cet imposant arc triomphal
de massives pierres rosées, le visiteur peut aper-
cevoir l’intérieur, surélevé de quelques marches,
du talar ou salon de réception. Une colonnade
circulaire est au centre du salon ; les colonnes
à chapiteaux cubiques ont à leur base le lion
à une tête et à deux corps du type décorant
le palais des Miroirs à Ispahan ; elles suppor-
tent un dôme subdivisé à sa partie inférieure
par des nervures à pendentifs avec revêtement
de petits morceaux de glaces argentées ingé-
nieusement agencés. Ce talar, garni de tapisse-
ries, d’objets d’art et de meubles précieux, bien
dignes des splendeurs du pays de Schéhéra-
zade et d’Haroun-al-Raschid, est un spécimen
de l’architecture dite « cristallisée » qui décore,
dans la Perse moderne, les palais opulents.
*
* *
11 y a donc pour le 'visiteur attentif et qui veut
interroger quelques-uns des indigènes complai-
sants et souvent instruits rencontrés dans la
section, matière à abondante érudition.
Armes, bijoux, faïences, broderies sont là, en
effet, en exemplaires remarquables, réveillant
les souvenirs d’une antiquité qui eut, on le sait,
pour prémices la civilisation élamite dont Suse
fut la célèbre capitale. Ce fut, bien avant les
Mèdes et les Perses, une civilisation arienne et
non sémite, comme celle des Achéménides, des
Cyrus, des Darius, des Xerxès. Certains bas-
reliefs retrouvés dans ces fouilles récentes de
Suse, auxquelles. Mme Dieulafoy et M. de Morgan
ont attaché glorieusement leurs noms, ne re-
montent-ils pas, au dire des archéologues, jus-
qu’à vers 3750 avant Jésus-Christ ?
De la même époque sont des bijoux curieuse-
ment filigranés, d’un travail très achevé, et
jusqu’à d’exquises statuettes en ivoire. Ce sont
évidemment là des pièces très rares, de musée
que nous ne pouvons pas espérer rencontrer
dans les vitrines d’une, section persane d’expo-
sition universelle ; les amateurs néanmoins y
trouveront des reproductions intéressantes ou
des originaux qui, pour être beaucoup moins
anciens, n’en portent pas moins un cachet d’in-
tense originalité.
Cet art élamite fut donc bien antérieur à l’art
grec le plus primitif et il révèle cependant déjà
peut-être autant de souplesse et d’imagination.
Dès le XIVe siècle avant Jésus-Christ apparaît
l’âge du bronze lui-même, ce qui est plus sur-
prenant encore que de retrouver des lions de
faïence émaillée, des céramiques, des menus
objets de toutes formes et 'de toutes utilités.
C’est sur les ruines mises au jour des mo-
numents antiques que de savantes missions sont
allées déchiffrer l’histoire de l’Elam ; ils en ont
pu fixer à peu près toute la chronologie. Et tous