Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
travaillaient des trayeurs de l’engin, des mouli-
neurs et des cligneurs.
Des documents précis ont établi qu’en 1450
DANS UN « CORON » DU PAYS NOIR.
on comptait par houillerie, dix à quinze ouvriers
et l’intendant Bernier révèle, dans ses écrits,
que vers 1600 les 120 fosses situées .entre
Mariemont et Quiévrain exigeaient le labeur de
50,000 hommes.
Mais quelle pitoyable vie et quel labeur !
Pour s’éclairer, les charbonniers n’avaient que
des appareils rudimentaires, des falots de résine
ou de bois, des chandelles et des pots à feu.
Dans les chantiers grisouteux, ils étaient obligés
de se servir de morceaux d’amadou allumé I
Et- quels salaires !
D’après les « journaux » d’extraction, on don-
nait en 1580 14 sous par jour à un maître,
13 sous à un piqueur, 14 sous à un sclonneur,
9 sous à un garde ou à un « ménil ». Le sol
tournois valait quatre centimes et demi ! De
plus, le mineur ne travaillait pas régulièrement,
parce qu’il y avait de fréquents chômages dus
aux inondations, au grisou, aux éboulements, au
manque d’argent, à la mévente du charbon
abattu.
Mais les profits de l’extraction de la terre à
feu enrichissaient les seigneurs, les fournisseurs
et les marchands. Il y eut des révoltes.
On raconte que l’infante Isabelle ayant frappé
la houille d’un droit élevé, des ouvrières du
Hainaut se rendirent en délégation auprès d’elle
et lui tinrent ce peu respectueux mais pittores-
que langage :
« T’ t’aussi impossibe, dame Zabia,
D’ payer c’ drou là,
Qu’a vous d’picher coule el vint d’biche
Sans acrui vo kmiche »
La misère était grande. Des dictons popu-
laires de 1710 en témoignent :
« Carben u,.........cribeu »
ou bien :
« Au charbonnier la paille,
Au marchand la ripaille »
Il fallut même créer, pour venir en aide aux
mineurs, des « tables de pauvres », qui répon-
daient aux bureaux de bienfaisance d’aujour-
d’hui.
Pourtant, malgré les âpretés du travail et les
soucis du pain, les mineurs aimaient leur métier
et il était rare de voir les enfants des houilleurs
dédaigner la profession de leur père.
Depuis le XIVe siècle, quantité de familles se
maintiennent dans les pays de houilleries du
Hainaut et de la vallée mosane. Elles y vivent
du rude labeur ancestral.
Il est vrai qu’aujourd’hui le métier de houil-
leur, s’il reste dur et soumis à toutes sortes
de vicissitudesj est mieux rémunéré et entouré
de sérieuses garanties. Plus que les autres, il a
intéressé les pouvoirs, motivé le vote de règle-
ments et de lois, éveillé de généreuses philan-
thropies.
C’est justice et sans vouloir le moins du
monde amoindrir la valeur des efforts des autres
ouvriers du pays, on peut affirmer que la tâche
du charbonnier belge compte parmi les plus
nécessaires.
Nous possédons en Belgique une population
ouvrière des mines absolument remarquable, te-
nace, active, audacieuse, rompue aux difficultés
du travail de la veine, parce que les conditions
d’exploitation de nos gisements sont peut-être
les plus mauvaises du monde.
D’après un rapport de récapitulation fait en
1905, cette armée se décomposait ainsi de 1851
à 1900:
De 1851 à 1860, 66,429 ouvriers, de 1861
à 1870, 85,407 ouvriers, de 1871 à 1880,
1 03,096 ouvriers, de 1881 à 1890, 104,964
ouvriers, de 1891 à 1900, 121,096 ouvriers.
TYPES D’OUVRIERS CHARBONNIERS.
En 1905 on comptait dans le pays 95,053
ouvriers de plus de seize ans, 6,976 de moins de
16 ans et 55 femmes dans les travaux du fond ;
26,682 ouvriers de plus de 16 ans, 3,073 de
moins de 16 ans, 5,064 femmes de plus de
16 ans et 2,709 de moins de 16 ans dans les
travaux de la surface. Soit environ 139,000
ouvriers pour tous les charbonnages du pays.
La loi de 1889, qui fixe à douze ans l’âge
d’admission au travail des enfants des deux
sexes et interdit d’employer aux travaux souter-
rains des femmes de moins de vingt et un ans,
a amené petit à petit la disparition de l’ouvrière
des fosses. La « hiercheuse », que les artistes et
les écrivains ont célébrée tant de fois, dispa-
raît. Il en reste à présent quelques-unes dans
les charbonnages du Hainaut. L’an prochain,
on n’en comptera plus.
Tous les travaux de la houillère sont donc
assurés aujourd’hui par les hommes et par les
jeunes ouvriers. Pour ceux-ci la durée du travail
est limitée plus sévèrement et une loi récente
appliquera à tous un règlement plus humain
encore.
C’est parce que les législateurs ont reconnu
que les conditions du travail dans nos chantiers
exigeaient des garanties, qu’ils ont édicté petit
à petit des règlements précis qui interdisent
non seulement les excès de l’arbitraire, mais as-
surent aussi aux ouvriers plus de sécurité. Tous
les métiers de la houillère sont compris dans
cette législation. De l’humble gardien des che-
vaux des écuries du charbonnage au « tapeur
à veine » qui abat la houille, tous bénéficient
de la protection des lois et des découvertes
scientifiques qui améliorent leurs tâches. « Ta-
queurs » des accrochages qui chargent les cages
des puits, « sclauneurs » qui roulent les berlines
remplies de houille, « bouveleurs » qui prépa-
rent les galeries, « haveurs » qui mettent au
point la veine, « mineurs » qui font sauter la
roche à front des bouveaux, ouvriers de taille
qui abattent la houille face à la veine, dyambots
ou galibots, tant et tant d’autres de ces obscurs
vies actives éparpillées dans les acculs de la
houillère, ont vu diminuer chaque jour les ris-
ques de leurs rudes métiers.
Cette amélioration constante est le résultat
des efforts combinés des ouvriers, des exploi-
tants et de l’administration des mines. Elle est
due à la diffusion de l’enseignement, à la mise
en vigueur de règlements précis et à l’organisa-
tion administrative de l’étude scientifique des
accidents.
De 1861 à 1870, on comptait, par 10,000
ouvriers, 26.05 ouvriers tués dans nos mines
par accidents. De 1891 à 1900 cette moyenne
était tombée à 13.91. D’une statistique qui vient
de paraître, il résulte que le total des accidents
dus au grisou et aux poussières charbonneuses
s’élève pour la période de 1891 à 1909 à 104,
dont 65 pendant la première période décennale
et 39 pendant les neuf dernières années. Ces
chiffres, tout en laissant voir qu’il reste des
progrès à accomplir, témoigne des efforts accom-
plis dans notre pays en vue de la sécurité des
ouvriers mineurs. Ces efforts ont permis d’enre-
gistrer le record mondial de notre pays dans
la lutte contre les dangers du travail minier.
D’autre part, il importe de faire remarquer
que les mines belges n’ont cessé de devenir de
plus en plus dangereuses, parce que grisouteuses,
sans compter que l’augmentation de la profon-
deur les rend de plus en plus poussiéreuses. Or,
les poussières charbonneuses jouent un rôle fu-
neste dans la propagation des accidents.
L’amélioration de la vie de l’ouvrier charbon-
nier ne s’est pas manifestée seulement dans les
conditions d’organisation du travail. Elle s’est
inspirée également dans la rémunération du la-
beur logiquement.
LA « RACHANEUsE »,
QUI GLANE DES GAILLETTES
. SUR LES TERRILS