Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
supérieur. Cette salle a été décorée au moyen
des portraits peints de nos meilleurs écrivains,
et l’ensemble de cette décoration qui se
prolonge dans un corridor d’accès — constitue
la première exposition de littérature dont on ait
jamais tenté l’essai.
Mais revenons au compartiment de l’enseigne-
ment moyen : au centre, on aperçoit un élégant
salon d’honneur où l’on remarquera surtout deux
bibliothèques scolaires types. Nos écrivains y
sont largement représentés, et le choix des
ouvrages qui s’y trouvent témoigne d’une
connaissance très avertie et très sure de la
littérature moderne.
Parcourons rapidement les petites salles de
droite. La première appartient à l’enseignement
des sciences naturelles. L’Athénée de Bruxelles
a fourni les éléments principaux de ce qui s’y
voit exposé. La collection remarquable de pré-
parations anatomiques, de dissections, dont un
grand nombre ont été faites à l'Athénée même,
doit valoir à M. le professeur Cornet les plus
vifs éloges. Dans une mesure plus modeste,
les autres participations apportent également
la preuve objective que la tendance générale
de l’enseignement des sciences naturelles est
actuellement de descendre de la chaire, de
sortir des lèvres et de mettre l’élève face à face
avec les réalités de la nature.
On pourra faire une constatation du même
genre en visitant la salle voisine où M. Sélig-
mann, le très distingué professeur de physique
de l’Athénée de Bruxelles, a exposé ses
appareils. C’est le clou de l’exposition. Dans des
vitrines éclairées- à l’électricité, M. Séligmann
a réuni et adroitement disposé tous les appareils
essentiels dont il se sert pendant ses cours.
On y verra notamment l’appareil qui produit
les rayons X, celui qui utilise les ondes
hertziennes dans la télégraphie sans fil, et une
énorme cloche pneumatique où se réalisent a la
fois toutes les expériences que l’on fait dans
le vide. Par ces appareils, fonctionnant réelle-
ment derrière leurs vitrines, par des photos,
des chiffres, des diagrammes (travaux d’élèves
en majeure partie), cette exposition prouve d’une
manière éclatante que l’époque classique des
expériences ratées et des appareils de parade
est à jamais périmée.
Tout à côté, c’est la salle de chimie. M. Fran-
cotte, le savant professeur à l’Université et à
l’Athénée de Bruxelles, y expose les belles tables
de manipulation et la cage d’évaporation, à
la fois si élégante et si pratique, dont il est
l’inventeur. On y remarque aussi une table
couverte d’appareils montés par ses élèves, sous
sa direction.
Le bureau commercial de M. Huybrechts,
professeur à Bruges, s’ouvre ensuite. Avec le
musée commercial de M. Prys, d’Anvers, il
indique très heureusement les admirables pro-
grès que l’enseignement du commerce a réalisé
dans nos athénées, depuis quelques années. Les
élèves y sont initiés pratiquement à toutes les
opérations commerciales des affaires modernes.
L’exposition d’histoire et de géographie, due
principalement à M. Wauters, professeur à
l’Athénée d’Ixelles, est, elle aussi, extrêmement
remarquable. Des leçons modèles de l’honorable
professeur nous font connaître sa méthode : pour
l’histoire, comme pour la géographie, il procède
toujours par déduction, partant du connu : cli-
mat, nature du sol, orientation, caractère de
l'habitant, et faisant trouver par l’élève, sans
l’aide des manuels, ce que ces derniers viendront
lui confirmer ensuite. Il est inutile d’ajouter
que, dans cet enseignement, les faits militaires,
autrefois développés à l’excès, sont réduits au
strict minimum pour laisser la belle place aux
faits économiques et à l’histoire de l’art.
Le compartiment des langues anciennes et
modernes, où ont travaillé surtout M. l’inspec-
teur-général Goemans, M. l’inspecteur Dugué,
MM. les professeurs Wittmann, Graindor,
Grégoire et bien d’autres, réserve au visiteur
une surprise : il y entendra un gramophone lui
SECTION DE l’enseignement.
réciter les fables de La Fontaine ou lui répéter
des conversations en anglais, en allemand, en
italien. C’est que l’enseignement des langues,
chez nous, a définitivement renoncé aux pro-
cédés dogmatiques de jadis et adopté franche-
ment les méthodes intuitives modernes. Le
principe, ici comme partout ailleurs, est de
mettre toujours le document sous les yeux de
l’élève. Les auteurs latins et grecs s’éclairent
merveilleusement quand, à l’aide de belles
photographies des monuments anciens, on les
replace dans leur cadre naturel. Une page
d’auteur moderne — par exemple, un poème
de Rodenbach sur Bruges, dans une leçon de
M. Wittmann — devient une chose vivante
lorsque l’élève a vu défiler devant lui toute une
série de sites de la somptueuse ville d’art et de
beauté. La carte postale illustrée, si peu
coûteuse, si facile à se procurer, trouve ici son
emploi tout indiqué. Les élèves eux-mêmes l’uti-
lisent pour illustrer leurs petites conférences ;
c’est ainsi qu’un recueil de causeries d’élèves
de l’Athénée de Bruxelles montre, presqu’à
chaque page, une carte illustrée appuyant, éclai-
rant, vivifiant le texte du travail.
Franchissons le couloir central et pénétrons
dans les salles de gauche : une cuisine et une
salle à manger modèles proposent leur idéal
simple et élégant aux jeunes filles des écoles
qui seront, demain, de jeunes femmes. Des cos-
tumes confectionnés, de la lingerie, de la bro-
derie, des dentelles montrent le degré de per-
fection que l’enseignement professionnel a atteint
chez nous.
Plus loin, c’est la gymnastique et ses engins
modernes, vraiment scientifiques, tels qu’on les
trouve dans les gymnases de nos grands éta-
blissements d’instruction. Puis c’est le dessin,
admirablement présenté, avec de superbes tra-
vaux d’élèves des deux sexes : fleurs stylisées
dont les jeunes artistes tireront des motifs de
tapisserie, de broderies, d’ornementation ; figu-
res sculptées en relief, qui révèlent parfois un
talent déjà sûr. Il règne dans cette salle une
fervente atmosphère d’art. De belles estampes en
décorent les parois. Tout plaît aux yeux. De tout
se dégage une claire leçon de beauté. On voit
ici l’heureux résultat de l’effort , considérable
fourni depuis plusieurs années par M. Montfort,
inspecteur du dessin. C’est à lui aussi, répé-
tons-le, que l’on doit la disposition charmante
du compartiment tout entier.
Mais il serait injuste, avant de conclure, de
ne pas rendre hommage également à M. le
directeur-général Klompers, qui s’est employé,
avec une énergie et une activité inlassables,
à ce que l’enseignement moyen de Belgique ait,
à l’Exposition, une représentation digne de lui.
S’effaçant soi-même avec la modestie des
hommes de vrai mérite, il a voulu que ses
collaborateurs fussent surtout à l’honneur. Et,
de fait, si l’on admire, dans cet intéressant
compartiment, de très remarquables travaux
d’élèves, on en sort aussi avec l’impression que
le corps professoral des athénées et des écoles
moyennes marche, chez nous, en tête du mou-
vement pédagogique moderne. Sans doute, le
formidable appareil scolaire de l’Allemagne
projette sur nous une ombre qui nous fait un
peu tort. Mais, tout en reconnaissant l’incon-
testable supériorité de l’enseignement allemand,
il est permis d’estimer que nous ne faisons pas
trop mauvaise figure à côté de nos puissants
voisins. Je ne doute point que le compartiment
de l’enseignement moyen n’obtienne, auprès des
visiteurs, un grand succès, — d’ailleurs, depuis
le jour de son ouverture, il ne désemplit pas,
— parce que ceux-ci y verront le concours de
toutes les bonnes volontés, parce qu’ils ne
manqueront pas de s’apercevoir que tout y est
sincère et franc, et parce qu’enfin ils y retrou-
veront les qualités foncières de notre race :
l’esprit de progrès tempéré par une sago
prudence, l’amour du travail et la persévérance
dans l’effort.
Georges Rency.