Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
167
LA SECTION DE PEINTURE HOLLANDAISE
Le passé artistique de la Hollande fut si glo-
rieux, qu'en pénétrant dans une galerie d’art
moderne consacrée aux peintres de ce pays,
on éprouve la crainte d’une désillusion cruelle,
d’une décadence trop grande, d’un recul trop
irrémédiable. Et cependant cette impression
disparaît bientôt. Si la Néerlande ne possède
plus les grands peintres de jadis, elle peut
en montrer qui tiennent une place encore glo-
rieuse dans l’art contemporain. Les noms de
Joref Israëls, de Mauve, de Maris, de Breitner,
de Mesdag sont universellement connus. Une
sorte de tradition se continue, dans la vision
et même dans l’exécution.
Et par ce mot de tradition, nous voulons
indiquer dette préférence des peintres de ce
pays à choisir les scènes intimes qu’aimèrent
leurs ancêtres, un Netscher ou un Terburg,
le spectacle de la mer qui attira un Backhuizen,
le charme des prairies humides parsemées de
troupeau qu’affectionna un Paul Potter.
Les peintres de Hollande se sont modernisés.
Ils ont, comme ceux des autres nations, parti-
cipé à toutes les tendances qui, au XIXe siècle,
sollicitèrent universellement les artistes. Ils
furent romantiques, comme Jozef Israëls ; ils
furent impressionnistes comme Van Gogh, mys-
tiques comme Toø’rop, et après avoir parcouru
toutes les phases de la sensibilité contempo-
raine, ils s’en revinrent un peu désabusé vers
les sources des inspirations ancestrales, plus
instruits dès lors, mieux avisés et aguerris. Et
ce furent Neuhuys, Mesdag, Mauve et le Jozef
Israëls de la seconde période.
Le sens intime de la nature qui guida les
grands artistes de l’époque glorieuse se retrouve
dans leur œuvre, et ainsi se continue la chaîne
des traditions qu’un siècle à peine de tâtonne-
ment n’avait fait qu’interrompre. On peut dire
qu’en Hollande, comme en Belgique, une école
vigoureuse de peintres subsiste. Une simple
visite des villes de la section hollandaise nous
Persuadera de cette vérité.
Voici deux tableaux de Jozef Israëls, un artiste
de race, qui réunit ces deux qualités supérieures,
la maîtrise du pinceau et la puissance de l’idée.
Ges éléments ne se rencontrent plus aussi sou-
vent que naguère ; les vieilles écoles les possé-
daient et ne les séparaient pas, croyant à leur
nécessité et à leur indissolubilité. Les nouvelles
théories sur la couleur ont amené une crise que
nous croyons momentanée, crise dont le prin-
cipal effet fut en certains pays de bannir l’idée,
le sujet, de l’œuvre picturale.
Cette idée, cette composition savamment or-
donnée et pourtant si simplement esquissée se
^trouvait chez M. Jozef Israëls. Ce peintre
eut une longue carrière. Il fut romantique au
temps où il convenait de l’être. Cette période
de son activité est un peu oubliée maintenant.
I- artiste qui changea sa manière et donna à
ses travaux une direction nouvelle, produisit
alors des œuvres comme celle que nous admi-
r°ns dans la section hollandaise et qui sont
définitives.
Le Fils d'une vieille race est un tableau
célèbre qui a sa place au Stedelijk Museum
d Amsterdam. 11 représente un brocanteur juif,
de ces vieux quartiers de la vieille cité de
1 Amstel, assis sur les marches de son misé-
rable logis. Autour de lui pendent de pi-,
toyables défroques ; à gauche, un étal où sont
exposés les objets épars de la pauvreté ou de
la mort. II est lui-même le triste, l’étrange
maître qui règne sur toutes ces choses déla-
brées et mourantes. 11 est le rejeton d’une race
de parias. Les traits de sa physionomie en
portent l’indélébile trace. Il est né pour accom-
plir son rôle d’oiseau de proie. Résigné, il
songe, mais pas aux hasards de sa destinée.
11 "suppute dans sa pensée le gain probable,
b. de hoog. — L’Heure du Repas.
et la tristesse des pénibles négoces a passé sur
son front.
Plus prenant encore, mais d’une moindre puis-
sance psychologique nous paraît une autre toile
de M. Jozef Israëls : Alleen op de Wereld (seul
au monde). Dans la chambre triste où l’homme
vient d’expirer, devant l’alcôve entr’ouverte qui
laisse entrevoir le moribond étendu sur sa cou-
che, la vieille femme délaissée pleure. En s’en
allant, le crépuscule, dont on aperçoit les lueurs
grisâtres à travers les vitres mélancoliques, a
laissé la nuit envelopper le réduit de ses
ombres. La solitude de la veuve est plus grande
encore de cette obscurité et de ce silence.
L’oubliée est la vaincue de la vie. Toutes ces
choses vivantes et implacables qui l’entourent
l’ont terrassée : la douleur suinte d’elles. C’est
le Sunl lacrymæ rerum de Lucrèce qui semble
avoir inspiré l’artiste. La bible amie a été jetée,
comme une inutile consolation, sur l’escabeau
de bois ; les objets familiers qui ne remplissent
plus leur rôle seront dispersés bientôt au vent
des enchères. Un verre, une miche abandonnée
sur la table indiquent le désintéressement de la
pauvre femme pour tout ce qui pourrait encore
la rattacher à une précaire existence.
M. Jozef Israëls est de la race des grands
peintres. Il est possible qu’il n’apporte à la
génération présente aucun enseignement. Il se
rapproche plus du passé que de l’avenir. C’est
un rappel puissant d’un idéal qui fut et dont
la force d’émotion subsiste toute entière encore.
L’influence de Jozef Israëls fut considérable
sur les peintres de Hollande. On a pu reprocher
à ce peintre l’uniformité de sa couleur, et la
recherche des teintes un peu sombres. Cette
critique ne peut être adressée à M. Albert Neu-
huys. Les tonalités sont variées, séduisantes à
l’œil. 11 ne craint pas de faire vibrer la lumière
sur la chevelure blonde des enfants qu’il peint
dans ses tableaux comme dans cette toile de
genre, vraiment délicieuse, qui porte le titre
de Jouer à la chasse, et de Dans les bras
de Maman, petites scènes intimes où à une
observation psychologique jolie se joint le
charme de la coloration. C’est encore une de
ces compositions dans lesquelles excellent les
artistes contemporains d’Outre-Moerdijk.
M. J. Blommers se rattache aussi au groupe
de peintres que nous venons de citer. Il subit
l’influence de Jacob Maris et de Jozef Israëls,
ce qui ne l’empêcha pas d’acquérir une person-
nalité comme le prouvent ces deux tableaux :
les Enfants de la Mer et le Ménage du labou-
reur. <1
Les belles lumières éclairant les intérieurs
intimes et un peu sombres de Hollande ont
séduit aussi M. Kever. La Toilette, de cet
artiste, est une aimable composition qui repré-
sente une petite scène familiale. Auprès de la
mère assise qui surveille cet acte important,
une fillette penchée sur le berceau de bois de
sa sœur procède gravement à la toilette d’une
enfant à peine moins âgée qu’elle. Cette toile
est bien peinte, bien mise en page ; le charme
d’intimité qui s’en dégage est vraiment très
grand.
M. Van der Waay a deux tableaüx de genre
coloris séduisant. Le Scrupule nous montre une
jeune fille consultant sur un cas de conscience,
sans doute très embarrassant, sa sœur aînée qui
l’écoute avec un sentiment d’émotion attendrie.
Le péché de l’innocente, qui fut commis ou
qu’on doit éviter, ne doit pas être bien grave,
car un léger sourire de tendresse plisse un
peu les lèvres très pures de la personne inter-
rogée. Ici tout est très clair, lumière et couleur.
Les deux jeunes filles portent le costume natio-
nal. Une coiffe blanche orne la tête de la
grande sœur. Sa robe d’un rouge éclatant, sur