Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
comme une faute de goût, de hausser devant
vous trop vivement le ton et d avoir recours
à quelque rhétorique empanachée pour vous
affirmer leur sûre et unanime sympathie.
» Ils souhaitent que vous l’éprouviez surtout,
Sire, dans la bonne et heureuse atmosphère
qui vous entoure ici et dans la déférence sans
contrainte ni mensonge dont vous êtes l’objet.
JWAN CULKIN.
Oh ! comme vous pouvez sentir, à cette heure,
combien les écrivains belges sont heureux non
pas tant d’être protégés que d'être lus et aimés
par vous, et comme eux à leur tour sentent
avec orgueil et joie combien vous, leur nou-
veau Roi, hautement et franchement, vous leur
plaisez. Et votre compagne, Sa Majesté la Reine,
qui répand sa grâce et son charme sur tout
cela. »
On applaudit chaleureusement ces belles et
nobles paroles, et le Roi, apres avoir serré la
main du poète, prend la parole en ces termes :
Le discours du Roi
« Vos charmantes paroles, M. Verhaegen, me
touchent profondément, et la Reine se joint a
moi pour vous en remercier de tout cœur.
» Nous sommes particulièrement heureux,
Messieurs, que ce soit le poète de Toute la
Flandre qui nous souhaite la bienvenue au milieu
de vous, parce que l’occasion nous est ainsi
donnée de lui témoigner une fois de plus toute
notre admiration.
» Les œuvres d’Emile Verhaeren ont magni-
fiquement glorifié le sol natal. Poète vraiment
belge par la puissante expression de nos forces
ataviques et des caractères de notre race, n est-il
VALÈRE GILLE.
pas en même temps un poète mondial célébrant
la vie humaine dans ses manifestations les plus
ardentes ?
» Après avoir salué une des gloires de la
littérature belge, je ne puis assez vous dire,
à tous, Messieurs, le plaisir que j’éprouve à
me trouver parmi vous et combien je suis sen-
sible à l’accueil chaleureux d hommes de lettres
venus des différentes parties du pays pour par-
ticiper à cette fête de l’art.
» La Reine et moi, nous nous sommes fait
un très agréable devoir de nous rendre a votre
gracieuse invitation.
» Je félicite les amis de la Littérature d’avoir
aménagé ce salon littéraire au milieu de la
section d’Enseignement de l’Exposition. Tous
les degrés de l’effort intellectuel imposé à la
jeunesse se trouvent réunis ainsi autour de nous,
depuis l’école primaire jusqu’à l’université. Ici,
au centre, est le domaine de la pensée et de
l’idéal, ce domaine où, dans toute l’indépendance
de leur talent, les écrivains sont les interprètes
des plus hautes aspirations qui doivent embellir
la vie de la nation et en éclairer l’âme.
» De même que les peintres fixent sur des
toiles immortelles les images de la vie, de même
l’écrivain, traduisant en des œuvres saines et
fortes les sentiments du peuple, synthétise la
nation dans ce qu’elle pense, ce qu'elle espère,
ce qu’elle souffre, ce qu’elle crée par un in-
cessant labeur.
» Dans notre passé, le souvenir des plus
grandes époques est resté vivant grâce à l’uni-
verselle renommée de nos écoles de peinture
et de nos incomparables architectes. Une pléiade
d’artistes honore encore le nom belge, mais,
jamais, nous n’avons eu une efflorescence litté-
GEORGES EEKHOUD.
raire égale à celle d’aujourd hui. Il s affirme
actuellement, dans ce pays, un effort esthétique
intense et prodigieux qui, désormais, fait partie
de la vie de la nation et sera une des gloires
de la Belgique contemporaine.
» Comme on l’a si bien dit, il y a des œuvres
de la pensée belge qui resteront des monu-
ments durables de notre génie national, de même
que les cathédrales, les beffrois et les hôtels
de ville de nos vieilles cités.
» Le brillant renouveau de nos lettres, Mes-
sieurs, vient à son heure. N est-il pas le vrai
couronnement de l’extraordinaire développement
de nos industries et de notre commerce ?
» Ce qui me réjouit particulièrement et ce
qui doit nous réconforter, c’est de voir unis
par une franche cordialite les représentants de
nos langues nationales. Ils affirment ainsi que,
tout en s’exprimant différemment, ils n’en sont
pas moins Belges de cœur et d âme, exaltant
avec une égale ardeur, le génie de nos deux,
races.
» Le pays tout entier est avec vous, Mes-
sieurs ; il vous comprend, il suit vos efforts et
partage votre idéal ; il rend hommage à votre
labeur immense et fécond; j’en suis heureux,
car, grâce à vous, la Belgique donne fièrement
l’exemple d’un peuple prenant sa large place
dans les plus nobles domaines du génie hu-
main. »
L’assistance acclame chaleureusement ce dis-
cours que le Roi a prononcé d une voix forte.
Puis le Souverain exprime le désir de se voir
présenter Camille Lemonnier. Courtes congra-
tulations, et, au moment où l’on va s’asseoir
pour écouter les conférenciers, un incident char-
mant se produit.
La place d’Emile Verhaeren est à la gauche
de la Reine, tandis que le ministre est à, la
droite du Roi. Le poète, s’adressant à Camille
Lemonnier, lui dit :
— C’est ta place, tu es mon aîné.
FERNAND SEVERIN.
Et c’est le brillant écrivain qui se place
à côté de notre jeune et charmante souveraine.
Les Conférenciers
M. Picard, prenant la parole, remercie tout
d’abord le Roi et la Reine et caractérise leur
présence comme une manifestation de fierté pa-
triotique en l’honneur des lettres.
« Nous avons désormais, dit-il, un art litté-
raire à nous, séduisant, original et fécond:
poètes, romanciers, humoristes, journalistes, tous
sont représentés dans notre esthétique littéraire.
Il en est de glorieux dont la renommée dépasse
la frontière. »
L’orateur ajoute :
« 1830 a renouvelé à la moderne le règne
des ducs de Bourgogne. Philippe-le-Hardi se
retrouve en Léopold Ier, puis sous l’œuvre de
Léopold II. Voilà que leur successeur pourra
être le correspondant de Philippe-le-Bon. »
On applaudit l’orateur, et voici que l’abbé
Ugo Verriest, l’éminent écrivain flamand, monte
à la tribune. Sa physionomie distinguée, son
accent expressif, la conviction qui se dégage
de sa personne conquièrent les sympathies.
D’une voix souple et elegante, il retrace a
grands traits l’histoire des lettres flamandes.
STYN STREUVELS.
Il évoque la lutte du peuple flamand, sans appui,
sans argent, sans notoriété, pour en arriver a
dégager sa pensée.
Ce peuple, malgré tout, en est arrive a pro-
duire, en dépit de tout, les grands prosateurs
et les grands poètes Ledeganck, Van Duyse,
Dautzenberg.
Après un vif éloge de Guido Gezelle, 1 ora-
teur parle de Styn Streuvels, « son parois-
sien ».