ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 183 LA SECTION ESPAGNOLE DES BEAUX-ARTS Il existe en ce moment en Espagne une acti- vité artistique qui mérite d'être étudiée. Mal- heureusement, les occasions de l’apprécier sont peu fréquentes. De loin en loin apparaissent à nos expositions des œuvres de l’école espa- gnole, détachées de leur ensemble, isolées du mouvement et des tendances auxquelles elles se rattachent. On peut les admirer séparément ; il est bien rare qu’on puisse saisir, dans un groupement bien ordonné, les gran- des lignes qui les caractérisent. L’Exposition des beaux-arts de Bru- xelles nous offre cette occasion. Certes, nous n’y rencontrons pas tous les maî- tres dont s’honore l’Espagne contem- poraine. Zuloaga n’est pas là, non plus que Sarrolla, le chef de l’école de Va- lence ; nous n’y trouvons que très peu d’œuvres des grands peintres andalous, et cependant les trois groupes artis- tiques de Madrid, de Barcelone et du pays basque sont représentées d’une manière suffisante pour, en caractéri- sant ceux-ci, nous donner de la peinture espagnole contemporaine une idée sai- sissante sinon absolument complète. On peut dire que parmi tous les pays qui participèrent à notre exposition des beaux-arts, l’Espagne figure d’une fa- çon remarquable, et que l’ensemble des œuvres est digne d’attirer l’attention de l’artiste ou de l’amateur. Les trois principales écoles espagnoles sont celles de Madrid, de Barcelone et du pays basque. Chacune d’elles possède son originalité et si la madrilène possè- de peut-être des qualités plus brillantes que les autres, celles-ci, à leur tour, se recommandent par des tendances qui leur sont bien personnelles. Nous parlerons d’abord des peintres de Madrid, et sous ce nom générique nous désignerons un groupe d’artistes qui, en dehors de la capitale même, sont unis entre eux par la recherche d un même idéal. Ce qui les distingue, c’est la science et la richesse du coloris, en même temps que le soin qu’ils apportent à donner du caractère à leurs œuvres. MM. Federico Beltran, Manuel Benedito Vives, Carlos Vazquez, Eduardo Chicharro sont à la section espagnole de notre exposition les principaux représentants de cette tendance. Les Catalans nous semblent tâtonner encore ; ils cherchent leur voie et nous montrent des toiles, très intéressantes assurément, mais d’une rutilance et d’une audace de couleur qui parfois nous étonnent. Nous rencontrons ici MM. Elises Meifren, Mir, Laurceano Barratt, Baixeras, Ru- sinol, Raurich, l’auteur de ce curieux tableau intitulé Mar latina. Les tableaux des peintres de l’école catalane nous charment et nous impressionnent à la fois Par la joie et l’éclat de leurs couleurs. Ce sont bien là des visions de soleil. La mer, les mon- tagnes, les jardins se teintent d’azur et de pourpre, de mauve et d’or. Les Pics de Ma- Hrque, de M. Mir, nous évoquent des sites enchantés. La Mer Latine, de M. Raurich, est un empâtement de couleur vraiment extraordi- naire. On dirait une gageure tentée par cet artiste de nous donner une impression par l’ac- Federico beltran nasses : L’alcade de Cabezon. (Vallée de Soller), de M. Elises Meifren (les Amandiers de Mallorca), de M. Laùrceano Bar- ran (les Oranges) et de M. Urgell (San Ger- vasio). Passons aux peintres du groupe de Madrid et, d’abord, arrêtons-nous devant la grande toile de M. Eduardo Chicharro : Paysans grecs. Elle est d’un coloris puissant, d’une composition remarquable. S’éloignant de l’autel, où elles participèrent au service divin, deux femmes grecques, revêtues des habits multicolores de leur pays, ont l’aspect effaré et mystique des primitives dévotes. La première esquisse le geste de se signer, tandis que la seconde porte un cierge dont la lueur bizarre éclaire son visage. Le fond du tableau nous laisse entrevoir les clartés du soleil qui, en pénétrant à travers les rideaux, éclairent le temple d’une belle lu- mière. M. Chicharro est un maître coloriste qui sait harmoniser les nuances et les faire vibrer en.gammes chaudes et puissantes. Voici un autre peintre madrilène, M. Manuel Benedito Vives dont les qualités de coloriste méritent de retenir l’attention. Il a deux toiles, fort intéressantes : Vieux Hollandais, qui obtint la médaille d’or à l’exposition de Santiago, et La Barrique, doutes deux sont remarquables cumulation de la matière colorante. Et, cepen- dant, cette impression existe ; le but est atteint de nous donner, grâce à des tons très francs, de rouges, de bleus vifs, la perception d’une nature méridionale chaude et vibrante. Nous retrouvons une sensation analogue de soleil et de lumière, bien que produite ici par des moyens plus simples, dans les toiles de M. Rusinol par la beauté de la couleur, très franche et bien harmonisée, malgré leur éclat, et aussi (la se- conde surtout) par la bonne ordonnance de la composition. Nous remarquons encore ce souci de la com- position, si heureusement allié au souci de la coloration, dans une très belle toile de M. Lopez Mezquita, la Juerga, qui représente une fête très animée. Dans le fond, des couples dansent, tandis qu’au premier plan trois musiciens les accompagnent sur leurs instruments. Deux d’entre eux semblent plongés dans cette sorte d’hébétude que donne la musique aux âmes primitives, tandis que le troisième, celui du milieu, boit, à pleines gorgées, le contenu du verre que lui a tendu une gitane souriante. M. Federico Beltran se rattache aux peintres de l’école madrilène, bien que, comme beaucoup de ces derniers, il habite Barcelone. Nous remarquons de lui deux tableaux, que nous n’hési- tons pas a déclarer de premier ordre, par l’exactitude de l’observation et par la très jolie humour qui présida à leur exécution. C’est d’abord l'Alcade de Cabezon, un type de vieux magistrat paysan, d’une saveur villageoise toute particulière. Il est assis sur une chaise rustique et tient en main sa canne et son chapeau ; il est tout pénétré de son importance, et cependant grotesque à peine, tant est fortement caractérisée sa personnalité paysanne, noueuse, âpre comme un tronc d’arbre. Le Joselin d’Amor est le titre d’une autre toile de M. Beltran qui ne le cède en rien à la première pour ses qualités d’observation et d’humour. C’est un vacher, au visage rougeâtre, fortement caractérisé lui aussi, un type de paysan puisam- ment indiqué. Il est vêtu d’un sarrau bleu et tient entre ses bras la tête d’un bœuf, son ami et son compagnon d’étable. Un gros rire s’épanouit sur ses joues et donne à sa physionomie un aspect jovial et bon enfant, qui, en dépit de ses allures villa- geoises, le rend plus sympathique que ridicule. Nous dirions volontiers que ces deux toiles sont charmantes, si nous nous en tenions à l’im- pression agréable qu’elles nous donnent et si elles ne méritaient pas, par des mérites supé- rieurs, une épithète moins banale qui précise la sensation de puissance que nous recevons d’elles. M. Vazquez est également un de ces barce- lonais qui demandent leurs inspirations à Ma- drid. Lui aussi, il caractérise vivement ses per- sonnages et nous communique le charme de son coloris puissant. Sa Belle-mère nous montre, en une scène originale à laquelle prennent part quatre personnages vêtus des fastueux habits des provinces catalanes, les tendances de l’école madrilène. Les Fleurs de Marie, de Valentin Zubiaurre (école basque), attirent de suite l’attention du visiteur qui pénètre dans la salle d’honneur de la section espagnole. Autour d’un autel rustique que surmonte la statue de la vierge entourée d’ornements simplistes, des paysans, hommes et femmes, sont rangés. L’une des villageoises