Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
que constitue une disposition originale des pro-
duits nombreux et variés qu’elle présente à
l’attention. Cinq cents mètres carrés, ce n’est
guère pour une grande nation qui a devancé
toutes les autres dans l’organisation de ses
écoles et que la concurrence de l’Allemagne -
la seule redoutable pour elle — ne gêne nulle-
ment dans son développement scientifique, as-
suré à la fois par des établissements publics
’x^si
STAND DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
de tous degrés et par la plus riche moisson
d’activités collectives qui soit au monde. Car
si la centralisation française a ses périls, elle
a aussi ses vertus. L’université napoléonienne
a donné un essor unique à l’instruction nationale
en la généralisant et en la régularisant à une
date où elle n’était qu’embryons partout. Mais
elle n’a nullement tari les sources provinciales et
locales de la curiosité intellectuelle. Là où
l’ancien régime avait, dans des Académies et des
sociétés savantes, groupé des bonnes volontés,
l’organisation scolaire a bénéficié de tout l’ac-
quis antérieur, et maintenant encore, la pros-
périté de certaines universités régionales est
due moins à l’affluence des élèves qu’à une
collaboration plus ou moins avouée et directe
des professeurs et d’érudits locaux, la plupart
gens titrés ou rentés, dont le labeur désintéressé
n’est nullement perdu pour la science.
A l’Exposition de Bruxelles, le compartiment
de l’enseignement supérieur français mérite
d’être étudié à ce point de vue particulier. Les
universités de province ont mis une sorte d’or-
gueil à n’être inférieures à personne. C’est, par
exemple, Lille qui nous invite à feuilleter des pro-
grammes de cours de dates diverses et nous in-
cite ainsi à des comparaisons instructives. Ce n’est
pas sans une émotion sui generis qu’un univer-
sitaire arrête son regard sur un programme
jauni de la Faculté des sciences de 1876. Cette
faculté avait alors son siège à Douai, et le doyen
s’appelait Louis Pasteur I Or, sur ce programme
d’une étonnante modestie ne figurent que six
ou sept enseignements, alors que maintenant
la même faculté foisonne des cours les plus
variés, en quoi elle ne le cède évidemment pas
à la Faculté de médecine, dont le programme
de 1909-10 est affronté à celui qu’a signé le
plus illustre des savants français. Dans ce pro-
gramme de 1909-10, la seule chirurgie dentaire
monopolise plus d’activité scientifique que n’en
comprenait la petite équipe dirigée alors par ce
bienfaiteur de l’humanité.
Non loin de là, l’Institut électro-technique
de Grenoble attire l’œil. Des photographies nous
en révèlent l’aspect extérieur ; mais toute la vie
interne en est résumée dans une série d’albums
et de recueils de travaux et de rapports, attes-
tant une remarquable activité. Il y a là, pour
le spécialiste, une documentation plus qu’esti-
mable, et nous citerons notamment, parmi les
rapports de stage, les études sur le chemin de
fer de Chamonix, dont l’illustration ne peut
laisser indifférent personne. Et quant à la popu-
lation dudit Institut, qu’il est intéressant de
comparer avec l’Institut Montefiore, à Liége,
voici des chiffres éloquents: en dix ans, le
nombre des élèves régulièrement inscrits a passé
de 18 à 209; celui des auditeurs libres, de
93 à 167.
On ne peut quitter Grenoble sans avoir signalé
une autre institution qui classe cette petite uni-
versité parmi les premières de son pays(i).Nous
voulons parler des cours de vacances, dont le
succès a pris des proportions stupéfiantes. En
1909, il s’est trouvé 635 étrangers des deux
sexes pour mettre à profit les mois d’été et pour
venir demander aux maîtres de Grenoble une
connaissance plus approfondie de
française.
CTO.
C’est la, avec les sciences appliquées, ce qui
apparente surtout Grenoble à une autre uni-
versité de l’Est, Nancy, dont les cours de va-
cances, signalés d’ailleurs, eussent mérité d’oc-
cuper ici une place plus en vue. Sa faculté des
sciences y est, en revanche, dignement repré-
sentée par des graphiques, des plans, des photo-
graphies et des préparations anatomiques. De
l’autre côté de la cloison, on s’attardera à exa-
(1) Encore y a-t-il lieu de noter qu’un professeur
de Grenoble, M. J. Luchaire, a créé l’Institut français
de Florence et ouvert ainsi des perspectives plus
étendues à l’activité de son établissement, de même
qu’à Bordeaux et à Toulouse, on s’est dirigé vers
l’Espagne.
miner certaines illustrations du meme ensei-
gnement de vacances. Les plus curieuses sont
.sans conteste celles qui décrivent des expériences
de phonétique pratique, et ce n’est pas sans un
sourire légitimement satisfait, qu’un bon Français
contemple, dans le laboratoire installé à Lille,
sur le modèle de celui de l’abbé Rousselot, à
Paris, deux jeunes Allemands faisant les exer-
cices buccaux, nécessaires pour assouplir leurs
organes de la parole et les rendre propres
à l’usage oral de notre langue.
Retournez-vous et, non sans émotions, vous
verrez, dans une très simple vitrine où sont
rangées des. préparations de laboratoire, le mi-
croscope avec lequel Louis Pasteur a commencé,
à Lille, ses célèbres études sur la fermentation.
Tout à côté sont déposées d’autres reliques
du grand homme, notamment des échantillons
de cristaux taillés dans du liège pour ses tra-
vaux sur la symétrie moléculaire !
*
* *
Mais il est d’autres manifestations de l’acti-
vité régionale des universités qui mériteraient
d’être décrites. Les plus significatives me pa-
raissent consister en des publications, qui se
sont multipliées depuis quelques années et qui
symbolisent, en l’accentuant, l’autonomie de ces
filiales de l’Université de Paris. Celle-ci n’a
pas, en somme, la place proportionnelle qui lui
reviendrait dans cette exposition. Et c’est très
naturel. N’est-elle pas depuis longtemps « hors
concours » ? Est-ce qu’elle n’a pas hérité de la
notoriété universelle dont jouissait, dès le XIIe
siècle, la fondation de Robert de Sorbon ? Tout
au plus a-t-on cru utile de réunir quelques
échantillons de l’activité scientifique des facultés
parisiennes, notamment des préparations anato-
miques, où le spécialiste reconnaîtra, avec une
sorte d’intérêt passionné, les témoignages par-
lants de progrès accomplis par la chirurgie et
les diverses branches médicales. Puis ce sont
des publications vraiment nouvelles, comme ce
Livret de l’Etudiant, qui, pour la seule Uni-
versité de Paris, comporte près de deux cents
pages et constitue un véritable guide. Mais
d’autres livrets, qui voisinent avec ce volume
de taille déjà respectable, rappellent l’atten-
tion sur l’activité provinciale. Voici les bro-
chures qu’on remet aux étudiants étrangers à
Besançon, Grenoble, Dijon, Nancy, Lille, etc. ;
voici le Livret de la bibliothèque de l’Université
de Reims, plaquette élégante, qui nous renseigne
sur les sources d’enrichissement et les acquisi-
tions nouvelles de la bibliothèque de cette uni-
versité ; voici ^Annuaire de la Jeunesse et com-
bien d’autres publications, montrant, avec quelle
ingéniosité jamais à court, se perpétuent et se
renouvellent, en France, les moyens de propa-
gande dont usent les hauts éducateurs de la
nation.
Enfin, si l’on voulait ne rien omettre, il con-
viendrait d’étudier, fût-ce 'Sommairement, les ta-
bleaux, reliefs et photographies dont se compose
le compartiment des Missions scientifiques.
Mais, bien que les hommes d’enseignement cons-
tituent le personnel ordinaire et indiqué de ces
missions, il sera préférable de réserver les ob-
servations que suggère le compartiment pour
une étude comparative avec la Belgique, l’Alle-
magne, etc. Au surplus, même ainsi délestée,
l’exposition de l’enseignement supérieur français
forme un ensemble imposant et richement ins-
tructif. Les tendances décentralisatrices de cet
enseignement y sont mises en belle et complète
lumière.
M. WILMOTTE.