Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LA SECTION OTTOMANE
Parmi les participations étrangères, celle des
industriels, des commerçants et des artistes otto-
mans ne pouvait manquer d’offrir un intérêt
tout particulier.
Il semble bien que les dirigeants, et à leur tête
il faut citer M. Georges Vaxelaire, commissaire-
général entre tous actif, ingénieux et dévoué, ont
compris que l’attention des visiteurs se porterait
immanquablement sur un pays dont l’histoire
et la politique européennes ont eu récemment
à enregistrer les profondes transformations, la
régénération radicale.
Si, géographiquement, la Turquie, à la fois
étendue aux confins de l’Europe et à ceux de
l’Asie, demeure toujours la vieille terre de tran-
sition entre deux aspects physiques, deux civi-
lisations et deux mentalités bien différents
les uns des autres, intellectuellement comme
dans la forme de son gouvernement, par ses
mœurs comme par sa religion même, l’empire
des sultans s’est modernisé.
La Jeune-Turquie, qui fait aujourd’hui la loi
à Constantinople, et qui règle selon de neuves
et hardies formules les destinées d’un peuple
longtemps confiné dans les entraves étroites
de ses traditions et de ses préjugés, ne pouvait
se désintéresser d’une manifestation universelle
du genre de celle qui réunit périodiquement,
dans l’une ou l’autre capitale du monde civilisé,
adhérents au vaste tournoi économique et scien-
tifique. Pour la première fois, le Gouvernement
impérial ottoman participa donc officiellement
à une exposition universelle. Ce nous est un
honneur de bénéficier des circonstances excep-
tionnelles dans lesquelles se produisit cet évé-
nement.
Certes, l’unanimité n’a pu être obtenue dès
la première tentative, et, comme l’a fort sincè-
rement fait observer le commissaire-général dans
le discours qu’il prononça le jour de sa fas-
tueuse inauguration du compartiment, toute l’in-
dustrie, tout le travail, tout l’art, tout le com-
merce turcs ne sont point représentés en ce
moment à Bruxelles. Mais l’ampleur déjà obte-
nue dans les installations, leur variété et leur
originalité suffisent amplement à assurer le
succès de ce coin pittoresque et riche des
grandes halles internationales.
* *
Au surplus, le Turc n’exploite guère les ri-
chesses naturelles dont le sol qu’il habite n’est
cependant point avare. Rares seraient les pro-
duits industriels que pourraient nous envoyer,
par exemple, les usines d’un pays abondant
en minerais de tous genres. Les montagnes
de Roumélie, d’Anatolie et du Taurus n’ont
à peu près rien livré encore des trésors qu’elles
renferment en leurs flancs.
Le nouveau régime se montrera-t-il plus ac-
cueillant aux entreprises de moyens de transport,
ce premier des jalons à planter dans la voie
de la mise en valeur des ressources d’une con-
trée jusqu’ici trop vaste pour la population qui
l’habite ? Qu’est-ce, en effet, que vingt-quatre
millions d’habitants répartis sur une surface de
près de trois millions de kilomètres carrés, lors-
qu’on la compare, par exemple, à nos sept mil-
lions, et plus, de Belges serrés sur moins de
trente mille kilomètres carrés de territoire ?
Si la grande industrie fait défaut dans l’em-
pire ottoman, les arts n’y trouvent guère non
plus de représentants. L’architecture elle-même
y est, de nos jours, à peu près sans caractère
et surtout sans variété. Il n’est point étonnant,
dès lors, de voir recourir à l’évocation des for-
mes et du style égyptiens quand on veut, comme
l'a très brillamment fait M. Van Ophem, don-
ner à la section ottomane un cadre original et
“imposant tout ensemble.
1
R:'
FAÇADE DE LA SECTION OTTOMANE.
&
Une majestueuse colonnade supporte de mas-
sifs frontons ouvragés. Sur les fûts cylindriques
comme sur les faces des lourds pylônes teintés
d’ocre clair, des peintres adroits ont repro-
duit les signes, les caractères et les personnages
polychromes ainsi que les grands éperviers
symboliques aux ailes éployées. D’autres ont
brossé sur des toiles de fond, illusionnantes
et profondes comme des décors de théâtre, des
paysages du Nil poétique et légendaire.
*
* *
Eh ! bien, c’est devant ce monumental por-
tique que les bazars turcs étaient leurs riches
marchandises, que dans des échopes où s’en-
tassent les bibelots et s’empilent les tissus, les
indigènes au visage basané, aux cheveux de jais
s’échappant de l’immuable fez, sollicitent de leur
parler grasseyant les visiteurs vite séduits par
leurs boniments familiers.
Le même comptoir vous offre des babouches
de soie cabochonnée de perles multicolores,
des verroteries et des bijoux de filigrane, des
vases de cuivre curieusement repoussé, des lames
damasquinées et des étoffes légères, des soies
brodées, d’épaisses laines, lourdes de soutaches
compliquées.
A côté des mules couvertes d’or, vous verrez
trembler dans de longues fioles minces l’essence
de roses provenant des youlouks qui avoisinent
le palais d’Yldiz. Le même marchand vous ven-
dra des meubles de bois sombre ouvragé tout
incrusté de nacre, des tapis d’Anatolie ou de ces
bibelots parmi lesquels le scarabée stérilisé
monté en tête d’épingle, en corps de broche,
en plaque de bouton est une abondante spé-
cialité.
Plus loin, une jolie parfumeuse, de qui les
grands yeux sombres évoquent nos fabuleux
souvenirs des femmes voilées des harems mys-
térieux, nous offre les fines essences distillées
dans les champs de Mytilène, de Samotrace
et d’Andrinople. Sa voisine trône parmi les
architectures élégantes que ses mains ont édi-
fiées au moyen des boîtes, des paquets, et des
caisses de cigarettes odorantes roulées dans ce
tabac blond qui tombe en fines chevelures des
coupes de cristal sur lesquelles on l’expose.
Tel s’obstine complaisamment à étaler sous
vos yeux tous ses tissus de soie aux teintes
claires et aux dessins variés à l’infini, ou bien
à draper sur les épaules des passantes qu’il
arrête les jebba vaporeuses dont elles pourront
faire de ravissants saut-de-lit et celles de cache-
mire soutaché d’or, d’argent et de perles qui
deviendront d’élégantes et riches sorties de bal.
Mais aussi, comme l’empire du sultan confine
à celui du schah sur la carte du monde, la
section ottomane est voisine de la persane dans
les halles de l’Exposition. Pour une fois, le
paradoxal imbroglio géographique qu’est ce
rendez-vous des nations ne ménage aucun inco-
hérent contraste. Il peut sembler que les com-
merçants de Stamboul continuent le négoce de
ceux d’Ispahan. Ici comme là le tapis est le
maître du marché. On en a mis partout. Ils
couvrent les cloisons, s’entassent, roulés dans
les coins, s’empilent sur les rayons, s’étalent
sur des chevalets, s’étendent sur des meubles,
se drapent sur des sofas ; et partout nos pieds
s’enfoncent agréablement dans leurs laines ou
leurs soies profondes.
Smyrne est ville turque. Et Smyrne, depuis
des siècles, est la cité des tapis, bien que ceux-ci
soient confectionnés à Constantinople aussi bien
qu’à Konieh, dans les manufactures de Sivas
comme celles d’Angora.
Nous retrouvons ici toutes les richesses et