Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Les maisons-jumelles exposées par le Grand-
Duché de Luxembourg sont aussi des maisons
rurales, mais plus vraiment plébéiennes. Elles
ont été construites par M. Emile Hellemans,
en vue des populations agricoles du pays des
Ardennes. Complétées par une étable, une por-
cherie et une fosse à fumier étanche et cou-
verte, chose inconnue auparavant en ces con-
trées, elles répondent admirablement à leur des-
tination. Les façades, protégées par une ample
couverture d’ardoises, sont ainsi faites en vue
de l’altitude et du climat des Ardennes luxem-
bourgeoises. Ces deux maisons coûtent, sans
le terrain, 1 1,400 francs, soit une mensualité
de 28 fr. 20, y compris l’assurance-vie.
Que dire des maisons à toits de tuiles rouges
du délicieux Port-Sunlight, qui n’ait été publié
cent fois ? Celles qui figurent actuellement au
parc Scheyven ne sont ni les meilleures ni les
plus jolies de celles créées dans la fameuse
cité manufacturière du comté de Chester. Elles
sont, néanmoins, et à l’intérieur comme à l’exté-
rieur, des modèles d’esprit pratique, d’aisance
et de confort : tout y est solide sans lourdeur
et commode avec grâce. Leur prix est de
8,000 francs chacune, sans le terrain. Je ferai
à leur architecte une seule observation : je les
trouve un peu petites pour une nation où, surtout
dans le peuple, les familles sont souvent très
nombreuses.
Et, cette observation, je l’étendrai aux maisons
allemandes de l’Exposition : les hauteurs d’étage
me semblent, ici, insuffisantes pour être con-
formes à l’hygiène. Quant à l’emploi à peu
près exclusif du bois dans leur construction,
outre que cela présente toujours des dangers
d’incendie, une telle matière utilisée pour les
revêtements intérieurs et extérieurs réclame un
entretien de peintures, fréquemment renouvelées
et coûteuses. Par contre, le système de chauf-
fage, un peu encombrant, certes, dans la salle
commune de l’une des maisons allemandes, est,
à la fois, économique et très ingénieux ; la
façade vraiment artistique de ces habitations,
la terrasse qui les entoure, le jardin légumier
et fleuriste qui les continue par derrière, leur
donnent, outre le charme d’une intimité hospita-
lière, un caractère de prospérité et de gaieté,
doux au cœur, séduisant aux yeux.
Marguerite Van de Wiele.
L’Enseignement professionnel des Industries artistiques
en Belgique
Bien plus que les salons ordinaires, les expo-
sitions internationales sont un heureux prétexte
de parler sur l’art décoratif et de dresser le
bilan de la production artistique. Grâce à elles,
les arts appliqués sont mis sur un pied d’égalité
véritable avec les arts dits majeurs. D’autre
A l’Ecole provinciale des Arts et Métiers
de l’arrondissement de Mons, à Saint-Ghislain.
La classe des modeleurs-mouleurs
de la section de la faïence et de la porcelaine.
part, les exigences de la réclame et le souci
de donner aux plus modestes choses un décor
de beauté, favorisent une émulation qui ne
manque ni de mérite, ni de goût et qui crée
une ambiance ornementale d’une intéressante
diversité.
Dans les expositions d’art, les ameublements
sont souvent relégués aux mauvaises places, dans
l’ombre des coins. Les sections purement déco-
ratives ne sont pas mieux partagées. Quant aux
bibelots usuels ayant un caractère d’art, on les
oublie ou on leur fait l’aumône d’une niche
sans lumière, comme à regret. L’erreur est fâ-
cheuse. Il y aurait quelque mérite à mieux pla-
cer, dans les salons, les productions de l’art
ornemental, lesquelles bénéficieraient de la di-
version reposante qu’elles procurent aux yeux
souvent las de trop de toiles.
Une telle critique ne serait pas à sa place
vis-à-vis de l’Exposition de Bruxelles. Non seu-
lement l’art décoratif a été généreusement mis
à contribution au Solbosch, mais la plupart des
pays participant à la Worlds-Fair, ont tenu à
synthétiser les tendances d’esthétisme qui se ma-
nifestent chez eux.
On paraît avoir compris quelle orientation
nouvelle devra prendre la production moderne,
si elle veut vivre et prospérer. Le caractère
de chaque peuple doit se manifester dans un art
décoratif qui lui est propre et il n’est plus
permis pour une nation qui se croit imprégnée
d’idées progressives, de se déclarer incapable
d’établir pratiquement des œuvres utilisables par
la foule, voire dans les plus modestes expres-
sions de sa vie.
La manifestation osée — le mot n’est pas
trop audacieux — par la collectivité allemande
à l’Exposition de Bruxelles est, à ce point de
vue, particulièrement suggestive. On peut ne pas
aimer la lourdeur et l’étrangeté de cet art orne-
mental, la bizarrerie maniérée et sans précise
ascendance de certains panneaux décoratifs ali-
gnés aux frises des salles, mais on doit s’inté-
resser à la tenace volonté marquée par un tel
effort, au désir, si audacieusement exprimé, d’un
peuple souhaitant de posséder, lui aussi, un art
national.
Au surplus, notre impression ne saurait être
définitive. Nous subissons encore l’influence des
affinités latines, et d’heureuses similitudes de
races et d’instincts nous portent à préférer les
créations de ce génie français dont tant d’œu-
vres vivantes perpétuent à travers les siècles,
la prédominance.
Cependant, depuis quelques années, un mou-
vement de rénovation des arts ornementaux s’est
manifesté dans notre pays. Nous fûmes précédés
dans cette voie par les Anglais qui surent donner
à l’art nouveau un caractère relativement prati-
que qui charma et conquit le public. Mais notre
effort fut si peu négligeable que les tendances
de quelques-uns des nôtres, de Van de Velde,
par exemple, servirent singulièrement les desseins
des rénovateurs allemands.
Ce qu’il nous a manqué et ce qui a, très
tôt, assuré la réussite des tentatives entreprises
en Allemagne, à Weimar, à Darmstadt, à Mu-
nich, etc., c’est le sens pratique et la ténacité.
Nos efforts, pour généreux qu’ils furent, n’ont
pas donné tous les résultats que nous en atten-
dions, parce que nous ne possédons pas, au
même degré que le Germain, le sens positif
de la vie, ou mieux des affaires, parce que les
essais de quelques créateurs n’ont pas été encou-
ragés, parce que nous n’avons pas suffisamment
compris le bénéfice économique que nos indus-
triels pouvaient retirer d’une étroite collabora-
tion de l'art et du commerce.
Parfaitement !
Il serait temps que le public belge s’intéresse
d’une façon plus effective aux tentatives des
artistes. Certes, les encouragements moraux sont
précieux, mais les encouragements matériels le
seraient davantage.
Mais non, il y a chez le public une sorte
de méfiance. On redoute d’acquérir ce qui sort
de l’ordinaire banalité, souvent parce que le prix
est plus élevé et on semble oublier que les
artistes sont au fond des commerçants. S’ils
étudient et s’ils produisent, ce n’est pas uni-
quement pour leur plaisir, mais aussi pour
vendre.
En Angleterre, en France, en Allemagne, en
Hollande et au Danemark, il n'en va pas ainsi.
Soucieux de tirer profit des nouvelles tendances,
tout en rénovant, les industriels et les commer-
çants n’ont pas hésité à encourager les artistes.
Certes, ils l’ont fait à leur bénéfice, en pro-
duisant beaucoup et en asservissant les origina-
L’École industrielle de La Louvière
où se donne un cours de décoration sur faïence.
lités esthétiques aux exigences du public. Mais
en fin de compte le résultat a été heureux, aussi
bien pour la foule qui s’est intéressée et ins-
truite que pour les commerçants et les artistes.
L’expansion économique aidant, l’art décoratif
nouveau s’établit chez nous au profit des étran-
gers surtout. Les tentures, les cérames, les