Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
217
s'affirme énergiquement de sa race. Il nous
peint ses origines. Dans ses Idoles, M. Nicolas
Roerich nous donne une impression d’asiatisme ;
M. Petrow-Wodkine est bien russe dans ses
représentations si étranges de la Sorcière et
d’Aischa. M. L. Bakst participe également de
cette imagination slave, un peu mystique, très
vive, qui aime la bizarrerie. Les écrivains russes
Nicolas Gogol, Lermontoff, Pouschkine nous ré-
vélèrent cette tendance de la race. Nous la re-
trouvons chez les peintres.
Le Terror antiquus est une œuvre singulière
et assez emphatique qui évoque un panorama
de villes, de mer et de vastes espaces sur les-
quels semble passer le souffle terrible de la
divinité, tandis qu’au premier plan, tel un phare
prestigieux, se dresse l’idole antique.
M. Boris Kustodiew est plus modeste. Il ne
se soucie pas de nous rappeler les grandeurs
d’un passé disparu. Le présent l’attire. Son
pays le retient. C’est un humoriste et un obser-
vateur. Il connaît les mœurs patriarcales et un
peu ridicules des gens de sa province, et il
nous les peint avec une vérité d’où un peu
d'ironie n’est pas exclue. Rien n’est plaisant
comme de voir ces bons bourgeois russes,
hommes, femmes et enfants, alignés bien sage-
ment au premier plan d’un paysage un peu
fantaisiste qui leur fait un cadre funambulesque.
Cet humour est de tradition dans la peinture
russe. On la retrouve dans les œuvres de Boug-
danew-Belsky et de Fedotow, mais rarement
elle s’est exprimée avec plus de laisser-aller
et de naturel bon enfant que sur la toile de
M. Boris Kustodiew.
Les peintres hongrois apportent dans leurs
œuvres cette fougue toute particulière des peuples
nouvellement éveillés à la conscience artistique. Ils
ont des audaces et d’évidentes fautes de goût,
mais ils font preuve d’une originalité séduisante
et d’une sincérité remarquable. Examinez dans
la section internationale ce tableau d’observation
où M. Perlmutter nous introduit dans un inté-
rieur de paysan magyar. C’est une après-midi
de dimanche. Hommes et femmes, enfants
même, sont réunis dans la chambre commune
où quelques rafraîchissements sont servis. Les
physionomies des assistants sont curieusement
étudiées. Dieu merci, l’artiste n’a pas flatté
ses rustiques compatriotes I Ce sont bien là
des êtres assujettis à la glèbe qui, dans un jour
de repos, semblent étonnés de se trouver libres
et débarrassés des lourds soucis de la vie quo-
tidienne. Leurs gestes sont embarrassés, leur phy-
sionomie est hébétée. Et tout ce qui les entoure,
les lambris de bois, les menus objets et même
la lumière filtrant par la fenêtre basse, accroît
l’impression d’étrangeté qui se dégage de ces
gens un peu barbares, transportés dans la
demi-civilisation de leurs habits de fête et des
régalades campagnardes.
Une jolie composition est celle de M. Stro-
bentz Frigyer, Les modèles: deux femmes, l’une
assise, l’autre debout, celle-ci habillée, celle-là
demi-nue, donnent l’impression de cette indiffé-
'rence insoucieuse qu’on prête facilement à celles
qui livrent les trésors de leurs corps aux regards
de l’artiste dont la mission est de faire surgir
de ces corps inertes la flamme de la beauté.
Nous remarquons encore en passant la Nais-
sance de Jésus-Christ, de Beruth Ander, les
Tziganes et le Soir, de Charles Ferenczy, la
Gorge, de Robert Nadler, et nous sommes un
PETROW-WODKINE. — AischU.
peu étonnés de ne point trouver ici un de ces
caractéristiques portraits de Lazlo qui figurèrent
souvent à nos triennales.
En traversant les salles de la section suisse,
notre attention se fixe un instant sur les toiles
de M. Bachmann (VAdoremus et la Vision),
sur le Chasseur, de M. Aloïs Balmes, sur le
Nepos au Sillon, de M. Kaufmann, et Bergiin
dans les neiges, de M. Kàgi, et tout cela ne
nous donne pas de la peinture suisse une idée
suffisante.
Le Grand-Duché de Luxembourg nous a en-
voyé un nombre considérable de toiles. Cette
exposition est, de toute évidence, plus remar-
quable par la quantité et par la variété que par
la qualité. En effet ,il y a là de tout un peu,
des paysages, des portraits, des fleurs, sans que
rien ne s’élève au-dessus d'une honnête médio-
crité.
Arthur de Rudder.
LE GENIE CIVIL
Un palais spécial abrite la section du Génie
civil. Il est un des plus vastes de tous ceux
que l’Exposition a vu s’édifier. On eut un instant
le désir de lui épargner le sort des autres
constructions érigées en matériaux éphémères
et parées de décors postiches. Le projet était
louable ; il était surtout logique en l’occurrence.
Mais des hasards et des déboires vinrent le con-
trecarrer. Plutôt que de ne voir leur palais
terminé qu’à l’automne, les entrepreneurs, déjà
fort en retàrd, bien longtemps après l’inau-
guration de toutes les autres sections, prirent
le parti d’achever èn bois, en plâtre et en staff
ce qui avait été commencé en pierres et en
briques.
L’architecture seule nous apparaît donc con-"
forme aux intentions. Elle donne incontestable-
ment grand air à ce palais en trois ailes per-
pendiculaires deux à deux, malheureusement
situé en un endroit écarté, derrière les pavillons
des colonies françaises, ce qui ne favorise guère
l’effet décoratif qu’il eût pu produire.
Et puis, était-ce bien dans cet esprit-là que
devait être conçu le « Palais du Génie civil » ?
L'ordonnance classique de sa colonnade aux
riches fûts de granit et de marbre, aux chapi-
teaux d’or ; la ligne correcte mais froide de
son entablement et la plantation conventionnelle
des statues de banale allégorie qui surmontent
le portique ; la régularité même de ces deux
retours symétriques enfermant le bâtiment prin-
cipal n’eussent-elles point heureusement été rem-
placées par plus de hardie nouveauté, par des
recherches et des trouvailles originales non seu-
lement dans la forme mais aussi dans la matière ?
N’était-ce pas l’occasion excéllente d’adopter
notamment à profusion l’emploi industriel et
ornemental du fer et de l’acier moulé, des bé-
tons armés, des céramiques et des verres déco-
ratifs ?
Un exemple admirablement ingénieux avait
cependant été donné par M. Hermant, qui
réalisa,- il y a dix ans, à Paris, une des plus
belles et des plus audacieuses constructions du
Champ-de- Mars. Dans son Palais du Génie
civil, l’ingénieur français maria sa science à l’art
novateur de l’architecte. Tous les spécialistes
se souviennent de cette façadë monumentale
éloquemment adaptée à la destination de l’édi-
fice qu’elle décorait et derrière laquelle s’épa-
nouissait une nef immense. Et celle-ci était un