Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Rappelons ce que c’est que l’ozone. Quand
on fait passer une étincelle électrique dans un
tube contenant de l’oxygène, cet oxygène devient
d’un pouvoir oxydant très grand et il prend
une odeur particulière. C’est de l’ozone, qui
n’est donc autre chose que de l'oxygène mo-
difié, de l’oxygène condensé. Si, le matin, vers
huit heures, en vous promenant dans les chemins
où la végétation est abondante au Bois de la
Cambre, vous y sentez une odeur particulière
et fort agréable, respirez avec avidité cette sub-
stance parfumée, vivifiante: c’est l’ozone.
Les appareils producteurs d’ozone qui sem-
blent actuellement donner le meilleur rendement
sont composés de deux tubes en verre, recou-
verts d’un enduit métallique et placés concen-
triquement, comme un petit verre de lampe dans
un plus grand. L’air circule entre ces surfaces
chargées d’électricité. Et nous avons vu que
l’ozone n’est en somme qu’une modification, par
l’électricité, de l’oxygène de l’air. L'effluve ainsi
formé produit par synthèse de l’ozone. L’air
ozonisé est insufflé dans l’eau qu’il raffraîchit,
aère fortement, en même temps qu’il y détruit
les bactéries pathogènes. L’ozone s’emploie aussi
à la purification de l’air. Des eaux aussi impures
que celles de la Seine ne coûtent pas plus de
6/10 de centime à purifier par l’ozone.
L’ozone trouve un usage pratique aussi pour
la conservation des comestibles, au lieu de la
congélation ; pour la désinfection des navires ;
pour la production artificielle du camphre, du
caoutchouc, des parfums ; en brasserie, il sert
à éliminer à temps les éléments de réactions
biologiques ; en médecine, peut-être contre les
affections cancéreuses, et en chirurgie, pour la
coagulation du sang et la stérilisation des plaies.
On l’utilise dans la métallurgie de l’or et de
l’argent ; pour le blanchiment du linge et des
textiles, ainsi que des sucres, amidons, farines,
dentelles et plumes d’autruche. C’est l’ozone
qui fait blanchir le linge sur les prairies.
Dans les villes, dans les régions peuplées,
au ras du sol. l’ozone disparaît complètement.
Comme il brûle les poussières, il est brûlé
par elles et redevient de l’oxygène. Il est très
abondant à la surface des nuages et des eaux
en mouvement, près des brisants de la mer
et dans les montagnes neigeuses. Il se trouve
atmosphériquement à l’état maximum dans les
régions boisées et à la surface des prairies au
lever du jour. Sans que ce point ait été mathé-
matiquement établi, dit le professeur Gérard,
sa production semble intimement liée au fonc-
tionnement physiologique des végétaux et aux
phénomènes physiques accompagnant l’évapo-
ration. L’électricité atmosphérique sous forme
d’étincelles disruptives produit de l’ozone, mais
bien moins que l’effet permanent d~s décharges
obscures qui chiffre sur la surface de la terre
chargée de végétation par des sommes con-
sidérables d’énergie.
LE TRAVAIL A DOMICILE
L’exposition du travail à domicile est poi-
gnante. Située non loin de la Plaine des Attrac-
tions, dans le parc Scheyven, elle attire les
visiteurs par les promesses de frais ombrages. On
y arrive pour y savourer les joies de la nature ;
on y trouve horreur et épouvante. Il faut pour-
tant aller voir cela : c’est fort instructif et ça
emplit les cœurs d’une profonde compassion
et d’une souveraine bonté.
Ce sont de toutes parts des cabanes lamen-
tables, des huttes sinistres, des brasures informes.
Ces bicoques sont des habitations huînaines.
La lumière y pénètre à peine tant les fenêtres
sont basses ; les murs se couvrent de crypto-
games ; des relents étranges envahissent l’atmos-
phère. On a l’impression de se trouver en face
d’antres infâmes où se préparent, se cuisinent
des crimes abjects... Ce sont, hélas 1 des labo-
ratoires de misère où les douleurs physiques
et morales sont distillées goutte à goutte...
Voyez cette maisonnette en briques ; la façade
décrépite porte les traces de ravages causés
par le temps et par les intempéries. Devant
cette étroite demeure court un long sentier.
Sur ce sentier un homme qui, avançant, recu-
lant en une promenade perpétuelle, suit un fil
de chanvre qu’il caresse d’un geste mécanique.
C’est le cordier de Hamme livré à son travail
préhistorique. Au bout du sentier, moins libre
que l’écureuil dans sa cage, — car la cage est
composée de barreaux qui laissent l’illusion de
l’immensité, — enfermé dans un abri fait d’une
caisse close, un gamin manœuvre désespérément
une manivelle. Pauvre gosse ! Le hard-labour
à dix ans !...
Nous dirons plus loin le salaire qui rému-
nère les travaux de forçats auxquels nous assis-
tons.
Plus loin, la maison de l’armurier de Liège,
qui présente un peu de confort. Un pigeonnier
nous indique que l’artisan trouve quelque joie
à certaines heures. La forge ronfle, le marteau
meurtrit l’acier. Le geste de cet ouvrier au
travail a de la grandeur.
En face, en traversant le parc, on trouve
la demeure d’un tisserand de Heule lez-Courtrai.
Sur la maisonnette s’appesantit du chaume. Le
réduit est lamentable. Des cachots du moyen
âge, exigus et sombres, servent de chambres
à couche. En haut, sous la paille de la toiture,
dans un grouillement indescriptible, dorment les
enfants. La plus grande partie de l’habitation
est consacrée à l’atelier. Le métier s’y étend,
gris et morne, envahissant tout et emplissant
la cellule du bruit mélancolique de la navette.
Masure ardennaise bâtie en fragments de rocs
et recouverte d’ardoises, telle s’offre la maison
du cloutier de Bohan. La demeure est une forge.
L’homme bat le fer dans un feu d’artifice d’étin-
celles. Son marteau façonne des pointes informes
qui serviront à clouer le cuir des lourdes et
grossières chaussures de paysans. Un souci
d’hygiène, ici. Un ventilateur aspire les gaz
délétères. Ce ventilateur est actionné par un
moteur vivant, un pauvre chien fauve, à l’œil
triste, qui, courant perpétuellement sur place,
fait tourner la roue qui l'emprisonne. Malheu-
reux homme, malheureuse bête... Tous Es êtres
vivants souffrent donc de la mauvaise organi-
sation du travail ?
Le cloutier dit au visiteur sa tendresse pour
la bête. Il vante l’intelligence et la fidélité
du brave animal. L’anecdote est touchante.
Quand la maisonnette se trouva reconstituée
à l'Exposition on amena le chien dans le parc
Scheyven. Tout de suite, sans la moindre hési-
tation, il reconnut l'habitation de son maître
et en prit possession. Un dimanche matin,
curieux sans doute des nouveautés qu’il devinait
autour de lui, il s’échappa. Le cloutier le crut
perdu et se lamenta. Le lundi matin, à l’heure