Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
229
du travail, le chien rentrait et, joyeusement,
reprit son servage.
Le taudis où besogne le ménage d’éjarisseurs
de poils, de Lokeren, évoque l’enfer. C’est af-
freux, c’est atroce, c’est révoltant. Dans l’atmos-
phère flotte la mort. L’étouffement est abomi-
nable. On respire un mélange de pourriture
et de poussière. Les places où s’accrochent des
chairs en décomposition, les poils qui tourbil-
lonnent dans l’air, la misère qui règne, forment
le tableau le plus répugnant et le plus dou-
loureux qu'on puisse imaginer. On fuit ce logis
empesté et arrivé sur le seuil, au ciel libre,
on est pris de l’envie de pleurer, de pleurer
sur le sort malheureux de ces êtres humains
voués à cette épouvante.
Dans le pavillon du travail à domicile, d’au-
tres petits métiers sont encore présentés : la
lingère, la casquettière, le tailleur, le cordonnier,
la boutonniériste, le confiseur en chambre... Le
confiseur en chambre ! Cette profession consiste
à orner de menues lithographies, de pennes, de
festons, de toute une décoration de pacotille, des
sucreries infimes. On nous montre la photo-
graphie d’une fillette de quatre ans. La pauvre
enfant est employée, dans ce métier, à monter
des boules de massepain sur des tiges de fils
de fer, dans le but de former des cerises.
A cette fin, il faut faire fondre la friandise à
la chaleur d’une lampe et exercer sur le métal
une torsion au moyen du pouce et de l’index
de la main gauche. Ce mouvement condamne
l’ouvrier, inexorablement, à la paralysie du bras
gauche. L’enfant de quatre ans a été frappée
de cette maladie professionnelle !...
L’HYGIÈNE PROFESSIONNELLE
En prononçant son discours inaugural, M.
Beco, l’estimé gouverneur du Brabant, président
de la section de l’hygiène et de la bienfaisance,
a marqué le constant souci des autorités en
matière de philanthropie. 11 a montré les amé-
liorations apportées au milieu hygiénique et les
luttes entreprises contre les maladies profes- ion-
nelles.
Autour de lui, dans les multiples stands de
la section, mille choses affirmaient la réussite
de ces généreux efforts. Des modestes dia-
grammes caractérisant l’efficacité des prophi-
laxies, aux maquettes donnant une vision de
maisons ouvrières coquettes ou de sanatoria pour
malades, toutes attestaient l’importance et l’uti-
lité de la tâche entreprise. Si bien qu’en der-
nière analyse, on éprouvait quelque satisfaction
à constater combien notre action fut généreuse
pour laborieuse qu’elle fut parfois.
Car, il y eut des débuts très durs. Nous
nous souvenons notamment des difficultés que
certaines administrations provinciales rencontrè-
rent, il y a quelques années, quand elles vou-
lurent combattre l’ankylostomasie, cette terrible
nraladie qui ravageait nos bassins charbonniers.
A présent, toutes les préventions sont éva-
nouies.
Parce qu’ils ont compris leur véritable intérêt,
les particuliers s’empressent d’appliquer des lois
de prévoyance sociale. Notre savoir industriel
LE CIGARIER.
possède, infiniment mieux, le sens de la vie
collective.
Nous avons eu, pour guider nos générosités,
les exemples de l’Amérique et de l’Allemagne.
C’est le Yankee qui a, le premier, apporté à
l’usine le confort et l’hygiène du home. « L’ate-
lier, a-t-il dit, est la maison industrielle de
l’ouvrier. »
11 a créé, pour les travailleurs, à côté des
foyers familiaux, d’autres foyers qui sont les
fabriques elles-mêmes. Ce sont les « usines-
clubs », types nouveaux de l’organisation éco-
nomique.
Le début de cette évolution fut la réforme
des immeubles. Les usines furent entourées de
parcs. On embellit les halls. Sur les cérames
claires des murs, on fit courir des frises déco-
ratives. Des plantes ornementales fleurirent sur
les entablements des croisées.
On construisit, à l’entrée des manufactures,
des garages pour les cycles et des vestiaires.
On multiplia les bains-douches, les réfectoires.
Aujourd’hui, dans maintes usines, il y a, près
de la salle à manger, des fumoirs, des biblio-
thèques et des salles de jeux.
Ce souci de donner à l’ouvrier le maximum
de confort, même pendant les heures de travail,
a engagé les sociétés industrielles à améliorer
le labeur lui-même. Toutes les transformations
hygiéniques ont été apportées. Des ascenseurs
suppriment la fatigue des montées, des sièges
sont mis à la disposition des travailleurs devant
les outils. On a multiplié les instants de repos
durant la tâche quotidienne.
A dire vrai, l’usinier américain n’a pas fait
preuve de ces initiatives uniquement par géné-
rosité. C’est autant parce que le rendement de
l’ouvrier augmente, qu’il organise ainsi le travail
collectif.
Peu importe, puisque le but est atteint.
Nous n’en sommes pas encore là en Belgique,
et à part quelques exceptions, la plupart de nos
usines ne se sont pas transformées comme les
industries américaines, allemandes ou anglaises.
Mais nous avons, depuis dix ans, réalisé de
remarquables progrès. D’autre part, l’extraordi-
naire éparpillement de nos efforts industriels
et la division de nos activités, rendent d’appli-
cation plus difficile ces améliorations coûteuses.
Est-ce à dire que cette tâche généreuse nous
paraisse trop lourde ?
Nullement. Et il n’en faut pour preuve que
l’ensemble des réalisations que nous pouvons
admirer, groupées en instructive synthèse, dans
les stands réservés à l’hygiène et aux maladies
professionnelles.
Ici, ce sont des moulages, des maquettes, des
diagrammes des Instituts de bactériologie du
Hainaut et des provinces de Liége et de Na-
mur. Là, ce sont des installations-types de
vestiaires pour les usines et les charbonnages,
LE CORDIER.
avec les douches et le porte-vêtements mobiles
des plafonds. Plus loin, des photographies ou
des moulages en cire, caractérisent les ravages
des affections professionnelles, l’ankylostomasie
du mineur, l’empoisonnement des travailleurs
du plomb, l’anémie des carriers, l’intoxication des
ouvriers des filatures, etc.
Une vision d’humanité qui souffre de son tra-
vail s’inscrit en tragiques images. Mais, à côté
de ces tristes évocations, voici la synthèse de
la lutte entreprise. Et ce sont des statistiques
et des diagrammes qui montrent le succès des
efforts, les maladies vaincues, la mortalité dimi-
nuée.