Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
ment hardi d’un art nouveau à peine tempéré
par une indéracinable fidélité aux anciennes tra-
ditions qui suggéraient aux artisans de Meissen
l’interprétation des délicates et gracieuses figu-
rines de Watteau, de Boucher, de Knaus et de
Lefèbre. Au Japon, nous verrions les dures pâtes
flammées ou les feuilles transparentes et fragiles
délicieusement dorées et polychromées qui ser-
vent à modeler des tasses et des soucoupes im-
pondérables. En Chine, ce seraient les vases
aux opulents et rares coloris. En France, nous
découvririons le monde énorme qui sépare la
magnificence classique des Sèvres décorés somp-
tueusement, des reflets imprévus et des formes
uniques imposés aux verreries de Daum. L’An-
gleterre nous offrirait le régal des services aux
modèles et à l’ornementation si caractéristiques
qui sont une des beautés de la salle claire et
vaste où s’alignent ses gracieuses vitrines. Bac-
carat aurait sa page, Delft et les potiers du
golfe Juan auraient les leurs.
Mais les cristaux de Bohême prendraient dans
cette revue importante et variée une place d’hon-
neur, tout comme ils en occupent une dans le
compartiment autrichien.
Pas ou peu de nouveauté dans les formes ou
dans les tonalités. Guère de recherches d’origi-
nalité. Mais une tradition entend se perpétuer
et, méprisant la concurrence des innovations
audacieuses et des trouvailles modernistes, elle
conserve fidèlement les mérites d’une fabrication
luxueuse et patiente. Les cristaux teintés ne
varient guère leurs nuances : c’est le mauve, le
jaune d’ambre, le vert-olive, le rosé ; la ligne
des vases, des coupes, des verres est classique ;
la taille de la matière seule est infiniment di-
verse, mais toujours superbe de perfection. Les
cristaux coloriés conservent leurs surcharges de
pâtes aux nuances vives où le grenat et l’or à
profusion, en appliques épaisses sur les flancs,
en lignes ténues sur les bords, dominent.
Mais si Carlsbad n’accuse en ses fragiles
et scintillants produits aucune neuve curiosité,
d’autres manufactures autrichiennes témoignent
d'un souci souvent heureux d’inédit et de pitto-
resque. Sans pouvoir lutter d’originalité avec
celles de la Manufacture bavaroise de Nym-
phembourg, par exemple, de la Manufacture
grand-ducale de Darmstadt, des poteries de
Carlsruhe et de quelques autres qui font le
principal intérêt des salles consacrées par l’Alle-
magne à son Art appliqué, les potiers, les céra-
mistes et les porcelainiers viennois et galiciens
méritent qu’on s’arrête devant les pièces rare-
ment banales qu’ils nous ont envoyées. Les
faïenciers d’art hongrois révèlent des trouvailles
uniques de tonalités chaudes et rares, des rouges
vifs comme du sang sortant d’une plaie, des
bleus électriques, des ors éblouissants, de fauves
reflets de flamme et d’acier.
Paul André.
SECTION INTERNATIONALE DES BEAUX-ARTS
DESSINS, EAUX-FORTES ET GRAVURES
Ceci paraît un art austère. Le dessinateur,
l’aquafortiste et le graveur n’ont point, pour
mettre en valeur leur conception, la parure
séduisante des couleurs, bien que parfois ils
s’évadent de la prison de l’ombre pour rehausser
henry meunier. — La Rafale.
de quelques nuances les tons uniformes qu’ont
imprimé sur le papier ou la pierre le crayon
ou le burin.
Et pourtant, quel sentiment d’artistique huma-
nité se dégage de ces œuvres ! L’ombre et la
lumière n’ont, le plus souvent, que deux éléments
d’expression, le blanc et le noir, et c’est à l’aide
de ces deux oppositions que le dessinateur ou
l’aquafortiste exprimèrent parfois les plus émou-
vantes et les plus tragiques conceptions.
Le trait vigoureux, la ligne énergique indi-
quent les contours. Parfois ceux-ci sont sim-
plement esquissés, laissant à l’imagination, par
une singulière puissance de suggestion, le soin
de les compléter ; parfois aussi, ils sont précisés
dans leurs éléments essentiels. Mais toujours
la part de l'individualisation reste grande, tou-
jours elle nous exprime, plus fortement peut-être
qu’en tout autre genre, la part d’humanité, de
personnalité qui revient à l’œuvre d’art. Dé-
pouillée de la séduction de la couleur, de ce
qui apparente la vision du peintre à la réalité
complète de la nature, elle peut être une inter-
prétation d’artiste, vivante, multiple et triom-
phante. Il est telles eaux-fortes, telles gravures,
tels dessins de maître qui nous donnent, dans
l’impression fouillée qui s’en dégage, une des
plus admirables conceptions des arts plastiques,
parce qu'elles semblent débarrassées de toute
vaine parure et que, dans leurs teintes mysté-
rieuses et profondes, elles rendent ce que le
monde extérieur a déposé dans notre âme de
plus mystérieusement intime.
M. Fernand Khnoppf reste fidèle à son rêve
hautain. Une idée poétique est exprimée par
lui dans un dessin rehaussé, celle qui obsède
l’artiste quand il songe aux œuvres qu'il aurait
pu créer et qu’il ne fit pas, dont il eut un
instant la fugitive perception et que l'oubli em-
porta avec lui dans ses ombres, ne laissant
qu’une vague lumière de souvenir.
En souvenir d’œuvres rêvées et perdues, tel
est le titre de ce triptyque. Un chevalier est
couché, revêtu d’un ample manteau que l’ima-
gination croit orné d’hiératiques figures by-
zantines, d’anges tenant l’épée flamboyante ou
de fleurs mystiques. L’adolescent, dont les traits
ont des douceurs féminines, porte à ses lèvres
la coupe qui donne l’oubli. Dans l’ombre bril-
lent d’étranges reliquaires. Par une ouverture,
la silhouette de l’hôpital Saint-Jean, de Bruges,
se perçoit. Sur le volet de droite du triptyque,
l’artiste a dessiné le quai du Rosaire ; sur celui
de gauche, le mausolée de Marie de Bour-
gogne à l’église Saint-Sauveur de Bruges.
M. Edmond Van Offel est un artiste dont
l’imagination est puissante, assurément. Son eau-
forte qu’il intitule On va crucifier un homme
nous le prouve. Il y a dans l’exécution, dans
les oppositions très vives d’ombres et de lumière
une réminiscence de Rembrandt, mais la con-
ception appartient à M. Van Offel et la con-
ception est très belle.
La foule houleuse et triomphante escorte le
Christ marchant au supplice. Elle triomphe dans
ses instincts mauvais ; elle va assister à la
mort d’un condamné. Elle exulte, elle ricane.
Sa joie est inconsciente, pourtant, chez l’enfant,
rejeton d’une race perverse, qui se hausse au
premier plan sur les épaules de sa mère. Cette
symbolisation, sur laquelle l’artiste a évidem-
ment voulu insister, produit un grand effet.
D’autres figures de jeunes garçons l’accentuent
encore. Ce que l’humanité a de pire prend part
au cortège infâme. Nègres portant une civière,
soldats levant haut la lance, courtisanes traînant
leurs robes de fête. Dans le lointain, derrière la
croix qu’il soutient, le Christ s’aperçoit et la
lumière qui enveloppe son divin visage dissipe
les ombres qui, de toutes parts, se répandent.
On dirait que celle-ci éclaire cette foule pour
rendre plus vivant ce grouillement pitoyable