ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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232 L’EXPOSITION DE BRUXELLES ment hardi d’un art nouveau à peine tempéré par une indéracinable fidélité aux anciennes tra- ditions qui suggéraient aux artisans de Meissen l’interprétation des délicates et gracieuses figu- rines de Watteau, de Boucher, de Knaus et de Lefèbre. Au Japon, nous verrions les dures pâtes flammées ou les feuilles transparentes et fragiles délicieusement dorées et polychromées qui ser- vent à modeler des tasses et des soucoupes im- pondérables. En Chine, ce seraient les vases aux opulents et rares coloris. En France, nous découvririons le monde énorme qui sépare la magnificence classique des Sèvres décorés somp- tueusement, des reflets imprévus et des formes uniques imposés aux verreries de Daum. L’An- gleterre nous offrirait le régal des services aux modèles et à l’ornementation si caractéristiques qui sont une des beautés de la salle claire et vaste où s’alignent ses gracieuses vitrines. Bac- carat aurait sa page, Delft et les potiers du golfe Juan auraient les leurs. Mais les cristaux de Bohême prendraient dans cette revue importante et variée une place d’hon- neur, tout comme ils en occupent une dans le compartiment autrichien. Pas ou peu de nouveauté dans les formes ou dans les tonalités. Guère de recherches d’origi- nalité. Mais une tradition entend se perpétuer et, méprisant la concurrence des innovations audacieuses et des trouvailles modernistes, elle conserve fidèlement les mérites d’une fabrication luxueuse et patiente. Les cristaux teintés ne varient guère leurs nuances : c’est le mauve, le jaune d’ambre, le vert-olive, le rosé ; la ligne des vases, des coupes, des verres est classique ; la taille de la matière seule est infiniment di- verse, mais toujours superbe de perfection. Les cristaux coloriés conservent leurs surcharges de pâtes aux nuances vives où le grenat et l’or à profusion, en appliques épaisses sur les flancs, en lignes ténues sur les bords, dominent. Mais si Carlsbad n’accuse en ses fragiles et scintillants produits aucune neuve curiosité, d’autres manufactures autrichiennes témoignent d'un souci souvent heureux d’inédit et de pitto- resque. Sans pouvoir lutter d’originalité avec celles de la Manufacture bavaroise de Nym- phembourg, par exemple, de la Manufacture grand-ducale de Darmstadt, des poteries de Carlsruhe et de quelques autres qui font le principal intérêt des salles consacrées par l’Alle- magne à son Art appliqué, les potiers, les céra- mistes et les porcelainiers viennois et galiciens méritent qu’on s’arrête devant les pièces rare- ment banales qu’ils nous ont envoyées. Les faïenciers d’art hongrois révèlent des trouvailles uniques de tonalités chaudes et rares, des rouges vifs comme du sang sortant d’une plaie, des bleus électriques, des ors éblouissants, de fauves reflets de flamme et d’acier. Paul André. SECTION INTERNATIONALE DES BEAUX-ARTS DESSINS, EAUX-FORTES ET GRAVURES Ceci paraît un art austère. Le dessinateur, l’aquafortiste et le graveur n’ont point, pour mettre en valeur leur conception, la parure séduisante des couleurs, bien que parfois ils s’évadent de la prison de l’ombre pour rehausser henry meunier. — La Rafale. de quelques nuances les tons uniformes qu’ont imprimé sur le papier ou la pierre le crayon ou le burin. Et pourtant, quel sentiment d’artistique huma- nité se dégage de ces œuvres ! L’ombre et la lumière n’ont, le plus souvent, que deux éléments d’expression, le blanc et le noir, et c’est à l’aide de ces deux oppositions que le dessinateur ou l’aquafortiste exprimèrent parfois les plus émou- vantes et les plus tragiques conceptions. Le trait vigoureux, la ligne énergique indi- quent les contours. Parfois ceux-ci sont sim- plement esquissés, laissant à l’imagination, par une singulière puissance de suggestion, le soin de les compléter ; parfois aussi, ils sont précisés dans leurs éléments essentiels. Mais toujours la part de l'individualisation reste grande, tou- jours elle nous exprime, plus fortement peut-être qu’en tout autre genre, la part d’humanité, de personnalité qui revient à l’œuvre d’art. Dé- pouillée de la séduction de la couleur, de ce qui apparente la vision du peintre à la réalité complète de la nature, elle peut être une inter- prétation d’artiste, vivante, multiple et triom- phante. Il est telles eaux-fortes, telles gravures, tels dessins de maître qui nous donnent, dans l’impression fouillée qui s’en dégage, une des plus admirables conceptions des arts plastiques, parce qu'elles semblent débarrassées de toute vaine parure et que, dans leurs teintes mysté- rieuses et profondes, elles rendent ce que le monde extérieur a déposé dans notre âme de plus mystérieusement intime. M. Fernand Khnoppf reste fidèle à son rêve hautain. Une idée poétique est exprimée par lui dans un dessin rehaussé, celle qui obsède l’artiste quand il songe aux œuvres qu'il aurait pu créer et qu’il ne fit pas, dont il eut un instant la fugitive perception et que l'oubli em- porta avec lui dans ses ombres, ne laissant qu’une vague lumière de souvenir. En souvenir d’œuvres rêvées et perdues, tel est le titre de ce triptyque. Un chevalier est couché, revêtu d’un ample manteau que l’ima- gination croit orné d’hiératiques figures by- zantines, d’anges tenant l’épée flamboyante ou de fleurs mystiques. L’adolescent, dont les traits ont des douceurs féminines, porte à ses lèvres la coupe qui donne l’oubli. Dans l’ombre bril- lent d’étranges reliquaires. Par une ouverture, la silhouette de l’hôpital Saint-Jean, de Bruges, se perçoit. Sur le volet de droite du triptyque, l’artiste a dessiné le quai du Rosaire ; sur celui de gauche, le mausolée de Marie de Bour- gogne à l’église Saint-Sauveur de Bruges. M. Edmond Van Offel est un artiste dont l’imagination est puissante, assurément. Son eau- forte qu’il intitule On va crucifier un homme nous le prouve. Il y a dans l’exécution, dans les oppositions très vives d’ombres et de lumière une réminiscence de Rembrandt, mais la con- ception appartient à M. Van Offel et la con- ception est très belle. La foule houleuse et triomphante escorte le Christ marchant au supplice. Elle triomphe dans ses instincts mauvais ; elle va assister à la mort d’un condamné. Elle exulte, elle ricane. Sa joie est inconsciente, pourtant, chez l’enfant, rejeton d’une race perverse, qui se hausse au premier plan sur les épaules de sa mère. Cette symbolisation, sur laquelle l’artiste a évidem- ment voulu insister, produit un grand effet. D’autres figures de jeunes garçons l’accentuent encore. Ce que l’humanité a de pire prend part au cortège infâme. Nègres portant une civière, soldats levant haut la lance, courtisanes traînant leurs robes de fête. Dans le lointain, derrière la croix qu’il soutient, le Christ s’aperçoit et la lumière qui enveloppe son divin visage dissipe les ombres qui, de toutes parts, se répandent. On dirait que celle-ci éclaire cette foule pour rendre plus vivant ce grouillement pitoyable