Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L'EXPOSITION DE BRUXELLES
exécution) ; de M. Derksen van Angeren, ont
depuis longtemps conquis une réputation uni-
verselle.
Nous avons dit déjà les mérites des dessins
de l’italien Alberto Martini qui, après Poë,
Baudelaire et Wells, s’efforce de créer un
frisson nouveau.
Dans la section internationale, nous remar-
quons de curieux dessins décoratifs de M. Lebe-
dew Ostreoumow, des architectures se dessinant
audacieusement dans la blancheur d’un ciel sep-
tentrional, esquisses délicates et fraîches ; les
eaux-fortes en couleur de M. M. Falileew (Sur
le Volga, Mur du Monastère) ; celles de M. Ivan
Formine ; les aspects de ville de M. Mstilaw
Dobouginski ; les illustrations de M. Nicolas
Ivanoff ; les très intéressantes eaux-fortes de
M. Emile Zoir, et en terminant, pour rappeler
tout le bien que nous en pensons et que nous
en avons dit déjà, le savoureux dessin rehaussé
du Suédois Carl Larsson.
Arthur de Rudder.
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
III
L’Allemagne
Le visiteur éprouve tout d’abord une décep-
tion. Il demande aux gardiens où est le stand
de l’Enseignement supérieur et on lui répond
qu’il n’y en a point. Vite, il consulte son cata-
logue. Mais le catalogue est muet. Le hall
des cultes (on a voulu dire: de la culture,
j’imagine), qui englobe l’industrie du livre, les
instruments de précision et la chirurgie, ren-
ferme vingt-trois salles consacrées à l’Enseigne-
ment. Mais il n’y a là que des documents et
des renseignements sur les études primaires,
secondaires et normales. Le catalogue va même
jusqu’à parler de « deux moitiés de notre ensei-
gnement public », qui seraient l’école et le gym-
nase. Est-ce un oubli ? Est-ce voulu ?
C’est voulu ; car un autre catalogue, plus
détaillé et dont on, vous, fait# cadeau avec une
libéralité qui n’exclut pas le discernement, vous
avertit dans son avant-propos qu'on a été con-
traint à des amputations vu le manque de place
et aussi la difficulté qu’il y a d’exposer d’une
façon générale et systématique les résultats de
l’activité universitaire. Confessons que la raison
est sérieuse et 'que la comparaison avec la France
et la Belgique lui donne du poids. N’ai-je pas
constaté la quasi-abstention de nos universités
d’Etat, et aussi que celle de Paris s’effaçait
devant ses succursales de province ? On dirait
d’une bonne mère qui se prive pour que ses
enfants mangent à leur faim. En Allemagne, où
la décentralisation est la, conséquence forcée
SECTION ALLEMANDE. — UNE BIBLIOTHÈQUE.
du régime politique et administratif, on ne pou-
vait exiger une telle abnégation, et les Uni-
versités n’exposent point, de peur de devoir
trop exposer.
*
* *
E pur si muove... Et pourtant les Universités
ne sont pas totalement absentes. Dans le prin-
cipal hall de l’Enseignement, tapissé de livres
et ouvert du côté des Arts industriels, auxquels
on accède par un double escalier, des sièges
invitent le visiteur au repos, mais aussi à la
méditation. Dans chaque coin, ils sont disposés
autour d’une table, chargée d’albums, de livres,
de fardes documentaires. Le hasard met une
de ces fardes entre mes mains, puis une deu-
xième, puis une autre. C’est le signe de présence
des établissements d’enseignement supérieur, qui
y ont classé des pièces officielles, des pro-
grammes, des circulaires, etc. La sélection est
habile et heureuse ; car elle nous renseigne
sur toute une série d'institutions nées à l’ombre
de l’Université et qui la transformeront peu
à peu.
Ce sont d’abord les cours de vacances. Vous
vous rappelez que j’ai mentionné ceux de Nancy,
de Grenoble, etc., leur vogue grandissante et
la démocratisation intellectuelle, dont ils étaient
l’indice rassurant. L’Allemagne ne le cède pas
à la France à cet égard, et si l’on veut bien
réfléchir que ses universités étaient encore, il
y a quelques années, des temples fermés aux
profanes, interdits même aux femmes, il y a lieu
d’être surpris du changement de front que l’ou-
verture de « Feriencursies » suppose chez l’un
des peuples les plus traditionalistes qui soient.
Les cours de vacances existent dans un certain
nombre d’universités et ils s’adressent à deux
catégories bien distinctes, aux étrangers d’abord,
ensuite et surtout aux instituteurs et professeurs.
Pour ceux-ci, ils constituent la meilleure for-
mule de mise au courant d’un savoir qui com-
mence à se défraîchir, comme un vêtement élimé,
au milieu des soucis professionnels ou sous l’ac-
tion déprimante de la routine scolaire ; ou bien
(et c’est aux primaires que je pense) il est
la révélation saisissante d’une atmosphère autre-
ment pure et salubre que celle où l’instituteur
est condamné à vivre ; après avoir connu les
rudiments de la science à l’école normale, le
voilà tout à coup assis sur les mêmes bancs
que les futurs « docteurs », remaillant la parole
des plus fameux maîtres et autorisé à ques-
tionner ceux-ci, à leur demander une règle de
vie intellectuelle et une méthode de travail.
Et quel libre esprit règne dans ces cours
de vacances ! On y enseigne toutes choses, sans
arrière-pensée philosophique et pédagogique.
A Yena, à partir du 4 août de cette année,
Mme Ada Weinel, doctoresse en philosophie,
traitera des miracles du Nouveau-Testament et
de la façon dont on peut en parler dans l’école.
Ailleurs, on fait appel à des maîtres français.
Le professeur Souviau, de Caën, est chargé
d’un cours littéraire à Marbourg ; à Kaisers-
lautern, c’est un professeur du lycée du Puy
qui tient le même emploi ; à Dantzig, c’est à
deux Français qu’on a confié le soin d’enseigner,
et dans leur langue, la géographie et l’histoire
de leur pays et l’histoire de leurs lettres. A
Munster, la théologie catholique fait tous les
frais du programme ; ailleurs, ce sont les scien-
ces, etc., etc.
J’ai nommé des villes non-universitaires, et
voilà une seconde innovation, qui a son prix.
Les Allemands ont deviné le parti qu’on pouvait
tirer de cette méthode de colonisation scienti-
fique, si j’ose dire ; à Lubeck, à Neuwied, ail-
leurs encore on ouvre des cours qui attirent
un public dont on devrait se passer à vingt
lieues de là, dans la ville morte où chôme à
cette date l’Université.
On y attire surtout des femmes, institutrices
ou non, que le désir d’apprendre détermine soit
à un exode, soit, dans leur ville même, à un
sacrifice de temps et d’argent. Le sacrifice n’est,
d'ailleurs, plus inutile. Jusqu’en 1908, la femme
ne pouvait franchir le seuil de l’Université ; l’y
admettait -on, elle devait renoncer aux diplômes
et certificats réservés aux seuls étudiants mâles.
Le décret du 18 août 1908 a entre-bâillé la
porte de ces établissements supérieurs (1) ; le
(1) 1 856 femmes sont inscrites dans les 21 universités
de l’Empire, au lieu de 1,432 au semestre précédent, de
320 en 4908.