Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
17
HUGO VOGEL : PROMÉTHÉE APPORTANT LE FEU AUX HOMMES.
GRANDE TOILE ORNANT LE FOND D’UN DES HALLS DE LA SECTION ALLEMANDE.
L’ALLEMAGNE
Toutes les grandes manifestations de la pensée
°U de 1 activité humaines portent en elles leur
symbole. L’Exposition universelle de Bruxelles,
lui léunit sur un coin de notre terre de Belgi-
que les peuples les plus lointains, a le sien, lumi-
neux et salutaire. A quelques mètres de distance,
ace a face pour ainsi dire, la grande nation
‘atme, la France,
enne, est placée à côté de sa rivale germani-
que, 1 Allemagne. Ces deux centres de civili-
qu’accompagne sa sœur ita-
ation, qui se complètent en s’opposant, sont
assemblées chez nous dans un commun et paci-
f'que effort.
nous a toujours semblé que c’était en Bel-
h'que que devait se préparer la fusion des deux
aces latine et germanique. Une providence n’a
cn va*n placé notre peuple au carrefour
(|( . natlons- Elle ne l’a pas sans dessein doté
es qualités des unes et des autres. Les éléments
nsti,utifs de la nationalité belge, ses langues
SJS mœurs’ lui permettent de comprendre et
’s assimiler les tendances et l’esprit des pays
Iui 1 entourent. Une mission magnifique s’im-
(lo'C'’('OnC à notrc peuple. Plus que tout autre il
1 itre attentif aux manifestations de ces pensées
,c,e <es actes si divers. Il ne nous paraît pas
-ait,!e droit de rester indifférent. Il a le
evoir d étudier et de comprendre. Le symbole
que lui offre le spectacle des deux grandes
nations, réunissant sur son sol, dans une rivalité
pacifique, le résultat de leurs efforts, ne peut
échapper à sa curiosité avertie.
C’est de l’Allemagne que nous nous occu-
perons aujourd’hui, puisque sa section, presque
complètement terminée, a été inaugurée il y a
une semaine à peine.
Les Allemands modernes ont donné au monde
une leçon qui, saris nul doute, ne restera pas
stérile. Ce n’est pas sans raison qu’on ppu
les appeler les Américains de l’Europe. Et par
cette comparaison il faut entendre que tout en
conservant les traditions dont ne peut et ne
doit se débarrasser un peuple dont le passé a été
très vivant, il est entré résolument dans la voie
des réformes pratiques. Qu’on y songe, l'effort
fut immense. Il a de quoi provoquer à la fois
notre étonnement et notre admiration ; notre
étonnement si nous considérons cette évolution
rapide en apparence — en apparence seulement,
— brusque et sans transition , ■notre admiration,
si nous pensons à la puissance de volonté qui
fut nécessaire pour réaliser cette transformation.
Dans la première partie du XIXe siècle, l’Alle-
magne subit l’influence des idéalistes. Le ratio-
nalisme d’un Kant dans la philosophie, d’un
Gœthe dans la littérature a sa base dans cet
idéalisme. Les grands mouvements politiques
de cette période ont une origine idéalogique.
On n’observerait dans l’histoire d’aucune autre
nation la répercussion aussi vive de l’activité
de ses philosophes et de ses écrivains sur
l’évolution des idées courantes, sur les institu-
tions et sur les mœurs. Le panthéisme idéaliste
de Hegel préparait lentement et sûrement l’unité
allemande. Par une conséquence logique et né-
cessaire, le réalisme politique d’un Bismarck
devait sortir de l’idéalisme enseigné par le pro-
fesseur d’Iéna. Une communion intime de pensée
s’établit entre le peuple et le poète. La poésie
rêveuse que nous retrouvons dans certains lieder
de Gœthe, de Schiller ou de Uhland, est com-
prise et vécue par les classes les plus infimes
de la population. Le mysticisme d’un Novalis
pénètre dans les masses, et quand Wagner paraît
nous n’assistons pas seulement à la réforme du
drame musical ou à un épanouissement de l’har-
monie, c’est l’âme allemande qui se révèle dans
sa légende, dans son passé, dans son essence.
L’auteur de Lohengrin n’est pas seulement un
innovateur, il est le réalisateur de certaines idées
depuis longtemps en gestation dans la pensée
germanique. Il matérialise ou plutôt rend vivant
ce qu’avant lui des philosophes, des penseurs,
des poètes avaient entrevu ou esquisse. Il est
une des expressions les plus complètes des ten-
dances et des aspirations de plusieurs généra-
tions.