Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
La pensée allemande évolue donc au xixe siècle
selon une marche régulière et logique. On peut
en suivre facilement la trace à travers les œuvres
de ses écrivains et de ses artistes. Le roman-
tisme se révèle aussi bien dans les poèmes
légendaires de Tieck, dans les écrits philosophi-
ques de Schlegel, dans les tableaux de Feuerbach,
empreints tout à la fois de tant de mélancolie
rêveuse et d’emphase humanitaire ou religieuse
que dans les drames lyriques de Richard Wagner,
qui affirme la puissance de l’idéalisation germa-
nique, que dans les actes ou les écrits de
Bismark, qui réalise politiquement l’effort de
tant de volontés diverses, que dans Chamber-
lain, qui, non sans certaine brutalité, note et
codifie pour ainsi dire les aspirations et les
revendications du germanisme audacieux, pé-
nétré de l’idée de sa mission mondiale.
Donc, effort conscient, coordonné, d’une vo-
lonté tendue à l’extrême, d’une volonté disci-
plinée et créatrice, qui élargit sans cesse son
champ d’action. A travers des contradictions
apparentes, l’évolution se continue, se perpétue
dans les manifestations les plus diverses.
C’est cette volonté et cette discipline qui per-
mirent à l’Allemagne de s’orienter délibéré-
ment føns la voie du modernisme. Un don
d’assimilation très développé, une vigueur intel-
lectuelle très caractéristique aidèrent à son évo-
lution moderniste. Après avoir été une terre
d’idéalistes, de poètes et de rêveurs, elle devint
une nation de commerçants et d’industriels. On
pourrait suivre facilement la marche de cette
transformation. Le passage de l’idéalisme au
réalisme fut rationnel et logique. Il fut la résul-
tante de cette longue période d’idéalisme. Et
nous notons la marque de cette volonté dans
l’art et dans la littérature. Les romanciers de
l’Allemagne contemporaine nous ont fourni des
types d’énergie et de caractère vraiment extra-
ordinaires. Un livre du holsteinois Frenssen
qui eut, il y a quelques années, un grand reten-
tissement dans les pays germaniques, Jörn Uhl,
est symptomatique à cet égard. Son héros, un
paysan du Holstein, symbolise cette race tra-
vailleuse, entêtée, obstinée, qui supplée par une
activité inlassable à certaines qualités absentes,
à la stérilité d’un sol ingrat et pauvre. Rien ne
l’abat, ni les coups de la fortune ni les revers du
destin. Il marche vers le but désigné d’avance,
et ses échecs mêmes sont encore des affirma-
tions de volonté. Dans un roman rhénan de
Clara Viebig, Die Wacht am Rhein, nous retrou-
vons ce personnage sous une autre forme et
dans d’autres conditions. C’est ici le sergent-
major de la garnison de Dusseldorf, type de
soldat prussien, lié à son devoir, lui sacrifiant
non seulement son existence, mais ses affections
les plus chères, type de cet « égoïsme de la
discipline » qui subordonne l’individu au géné-
ral, au dieu Etat, dont la Prusse fit un idéal et
presque un culte. Tout lui fut soumis, jusqu’à
cette conscience si intime de chaque être qui est
la foi religieuse. Il y eut un protestantisme
officiel qui devint une religion d’Etat et dont
le but fut d’amener le triomphe de la pensée
germanique.
Le Kulturkampf ne fut pas tant une persécu-
tion religieuse que la tentative ou l’effort de
lutter contre l’esprit latin. Si les juifs furent
écartés de certaines fonctions publiques, ce
n’était pas que les dirigeants allemands se lais-
UNE SALLE D’ÉCOLE.
sassent guider par des principes d’intolérance.
On ne les considérait pas comme assez germains.
On les imaginait trop cosmopolites, trop acces-
sibles à des idées étrangères, pas assez purs de
tout alliage welche ou slave, dissolvants en un
mot. Et toujours, à travers cette évolution
guidée, dirigée par des forces intellectuellies
consciente se retrouvait cette volonté sans cesse
agissante. Certains discours d’un chef d’Etat
qui parfois surprirent les latins, où ils crurent
voir même une incohérence, n’était que l’expres-
sion de cette même et unique volonté, par la-
quelle le germanisme devait prendre la con-
science de lui-même et la confiance dans ses
propres forces.
Il y a cinquante ans encore, l’Allemagne était
pauvre. Son sol n’a pas la luxuriante fertilité
de celui de France. Le soleil fructifie mal ses
plaines sablonneuses. La vigne ne croît et ne
prospère que dans les vallées du Rhin et de la
Moselle, dans certaines régions de l’Alsace, du
Wurtemberg, de Bade et de la Bavière, et dans
ces dernières contrées encore elle ne produit
qu’un vin indigent et qui ne peut être apprécié
en dehors du pays qui le cultive. D’immenses
forêts recouvrent la Thuringe et la Hesse. La
Prusse orientale et le Mecklembourg contien-
nent de vastes domaines, à peine peuplés et
entrecoupés de marais qui font songer aux lati-
fundia de l’ancienne Rome. Berlin s’élève au
milieu d’un désert de sable, et sa banlieue
se crée peu à peu un passage dans les forêts ou
les plaines stériles qui l’encerclent. La bruyère
étend sa faune désolée et si profondément mé-
lancolique’de la Westphalie aux frontières du
Holstein et du Sleswig. L’agriculture, cette ri-
chesse des nations, ne pouvait fleurir sur ce sol
infertile. Il fallait pourvoir à d’autres moyens
de prospérité. L’Allemagne les trouva dans l’in-
dustrie naissante, qu’elle développa par un effort
de son activité et de son énergie. Patiente, dis-
ciplinée, savante surtout, elle devint la nation
industrielle par excellence. Il fallait vivre en
un siècle où l’idéalisme n’avait que faire. Elle
devint pratique, commerçante et utilitaire. Par
de sages Iqis ouvrières, elle assura l’existence et
le bien-être de ses travailleurs, en même temps
qu’elle accroissait la puissance du capital. Elle
abandonna les théories nébuleuses de la phi-
losophie, ou plutôt elle en créa d'autres mieux
appropriées au but qu’elle poursuivait. Certains
de ses industriels et de ses ingénieurs, tels