Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

300 L'EXPOSITION DE BRUXELLES sait, par les plus liantes récompenses decernees à l’établissement de Bornhem à l’occasion des grandes expositions. * * * Et, maintenant, permettez-moi de vous faire partager l’étonnement que devait réserver pour moi la visite des caves de la brasserie. On sait que les installations de celles-ci recouvrent trois hectares. A cette superficie, déjà considérable, n’est-il pas vrai, il faut ajouter un demi-hectare, la dimension totale des dites caves, uniques en Belgique! Est-on encore étonné de ce que les caves des Grandes Brasseries de l’Etoile puissent contenir un million d’hectolitres ? Une antique lampe à l’huile en main, me voici, à la suite de M. le directeur Lenaerts, engagé dans l’escalier qui plonge dans les ténèbres du souterrain. Oh ! l’extraordinaire spectacle ! A la lueur des lampes, je distingue, s’élançant vers les voûtes, les parois des foudres comparables à des tours en bois. Les trois travées, reliées entre elles par de longs couloirs, renferment soixante-dix foudres de 225 à 800 hectolitres ! Deux ou trois ans de ce séjour de recueillement absolu et de fraîcheur uniforme — 9 à 11 degrés LA BRASSERIE DE BORNHEM. au-dessus de zéro en toute saison donnent au « Vieux Temps », à l’illustre « Dry draad », sa vigueur, sa saveur, son esprit ! On assure que le brasseur Brys, le fondateur de « Bornhem », peut-on dire, était fier des caves qu’il avait fait construire, et surtout des résultats qu’il en obtenait pour la « formation » de ses bières. Cette fierté était justifiée. C’est lente- ment que j’ai détaché mon regard de cet étrange domaine, grand comme plusieurs églises et où les voûtes sont supportées, de distance en dis- tance, par des colonnes non dépourvues d’élé- gance. Voilà, avec d’immenses malteries pour les- quelles on construit, en ce moment, de nouvelles tours de séchage, l’ensemble des installations devenu une des propriétés industrielles des Grandes Brasseries de l’Etoile. Tout ce que Ton voit — et j’ai dû me borner aux consta- tations principales — donne la sensation d’un « outil » admirable — n’a-t-il pas fait ses preu- ves d’ailleurs ? — et dont on peut attendre un rendement de plus en plus fécond. * ** Les observations que j'ai emportées de mon double reportage technique me permettent assu- rément de confirmer l’importance de l’ensemble industriel constitué par les puissantes brasseries CUVE A BRASSIN. RINÇAGE ET MISE EN BOUTEILLES. — (AU Ier PLAN, LE « PASTEURISATEUR GASQUET ») à fermentation basse du quai de Mariemont et de la rue du Trône et par la célèbre brasserie à fermentation liante de Bornhem. Les Grandes Brasseries de l’Etoile ont exécuté complètement leur programme et déjà elles re- cueillent les fruits de leur initiative. En effet, tandis que leurs prévisions commerciales se réa- lisent dans l’exploitation des brasseries dont nous venons de parler, la conception même de cette puissante et rationnelle organisation a paru tellement séduisante qu’elle a été appliquée à l’étranger. Successivement ont été constituées, sur un plan financier, industriel et commercial identiques, les Grandes Brasseries de Rio-de- Janeiro et les Grandes Brasseries de Bucarest. L’accueil réservé par les capitalistes à ces entre- prises prouve assez que le monde des affaires a compris et approuve l’idée des promoteurs. Enfin, le développement extraordinaire et rapide qu’acquièrent les Grandes Brasseries de l’Etoilé a provoqué la création d’une filiale : les Grandes Brasseries du Hainaut. Presque magiquement, peut-on dire, la « grande industrie brassicole » a été instituée par des réalisations qui démon- treront, une fois de plus, la supériorité du progrès sur la routine. Achille Chainaye.