Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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UNIVERSITÉ D’lÉNA.
Des ateliers modèles dans le monde entier pour la
perfection du travail et le sort des ouvriers. —
Modestes débuts. — Zeiss et Abbe. — Un proprié-
taire désintéressé. — A qui appartient une fabrique?
Participation des ouvriers aux bénéfices seuls. —
La direction exclue de la participation aux béné-
fices. — Quelle part revient à la collectivité? —
Détermination scientifique de l’optimum des heures
de travail.
A propos de la participation de la Maison
Carl Zeiss à l’Exposition, nous entreprenons,
dans cet article, de donner un court aperçu
de l’une des plus belles fondations de nos jours.
La fondation est scientifique : son activité est
limitée à un domaine exactement défini, au centre
duquel se trouvent l’optique, la technique du
verre et la construction des instruments em-
ployés par la microscopie, l’astronomie, etc. La
fondation est industrielle par nécessité ; elle s’est
adjoint les industries de la verrerie ordinaire,
pour s’assurer une possibilité suffisante d’expan-
sion et par conséquent des ressources. Elle ne
vit pas de ses rentes, elle ne distrait pas ses
capitaux de sa personne juridique, elle travaille
elle-même.
Les bénéfices de la fondation Zeiss vont
d’abord à l’entretien de la célèbre Université
d’Iéna, ensuite aux hôpitaux, à la Maison du
Peuple, aux Bains publics et aux collaborateurs
et ouvriers des ateliers de la Fondation.
Il semble, nous dit M. Auerbach, professeur
à léna, à qui nous devons la majorité de nos
documents, que dans cette répartition le bailleur
de fonds ait, par mégarde, été seul oublié.
Au point de vue de l’économie sociale qui
depuis la fin du moyen âge régit la civilisation
européenne et qui est dominée par la notion du
capital et de l’intérêt, il est certain que ceux
qui ont fourni le capital d’une entreprise appar-
tiennent au cercle des personnes sans le concours
desquelles elle n’eut pas pu naître ni se déve-
lopper.
Mais Ernst Abbe, héritier et continuateur de
Carl Zeiss, avait d’autres opinions. Devenu pro-
priétaire de la maison, il s’arrangea pour rendre
son argent à chacun des bailleurs de fonds de
l’entreprise et mit ensuite en pratique sa façon
de voir, qui ne reconnaît « pas » au capital le
droit de réclamer des intérêts ; il renonça, pour
FONDATION CARL ZEISS,
sa propre part, au droit de propriété et c’est
alors qu’il donna l’administration du capital à
l’entreprise elle-même.
Rappelons succinctement les modestes origines
de cette fondation, aujourd’hui célèbre. En
1846, Carl Zeiss fondait un petit atelier de mé-
canique de précision,, à léna, siège de l’Uni-
versité de Thuringe. Un atelier de ce genre est
indispensable à toute faculté qui possède des
laboratoires d’histoire naturelle ou de médecine
et, en général, le propriétaire d’une petite instal-
lation de ce genre parvient, tout juste, à nouer
les deux bouts annuellement, en exécutant les
ordres de réparations et de constructions cou-
rantes. Mais Zeiss était un esprit difficile à
satisfaire. Il avait des visées plus hautes que
de satisfaire aux nécessités purement matérielles.
Par bonheur, à cette époque, et à léna, Jacob
Schleiden et son assistant Schacht avaient mis
en avant la théorie cellulaire et la défendaient.
Pour les questions que ces savants se proposaient
de résoudre, l’outillage microscopique de l’épo-
que était trop rudimentaire. Jacob Schleiden,
principalement, dirigea l’attention, toujours éveil-
lée, du jeune Zeiss sur l’optique et d’année en
année suivit ses progrès avec un double intérêt.
Zeiss construisit d’excellents microscopes. Mais
lorsqu’il voulut innover, le petit mécanicien s’a
perçut de l’insuffisance de ses moyens. Que
faire ? Suivre les chemins battus ne lui convenait
pas. Il chercha un guide. Après une première
association infructueuse, il rencontra Ernst Abbe,
privatdocent à léna pour les mathématiques, la
physique et l’astronomie. Avec la collaboration
du nouvel associé, la construction optique entra
dans une voie nouvelle. Alors que l’on s’était
appliqué à tailler des lentilles dont les propriétés
particulières étaient observées et utilisées par la
suite, Abbe travailla sur un plan plus scienti-
fique ; une fois la lentille idéale entrevue, il
s’appliqua à calculer les formules qui devaient
permettre de la réaliser. Abbe et Zeiss donnèrent
un bel exemple du travail commun de deux élé-
ments bien différents. Il est difficile, dit un
contemporain, de dire ce qu’il faut le plus ad-
mirer : le tact avec lequel l’homme rompu aux
affaires accueillait le jeune docteur, ou la bon-
homie dont le grand savant, plein d’idées, ne
se départissait jamais. Tous deux n’avaient
A IÉNA
qu’une pensée : vivre en bonne intelligence pour
atteindre le but.
Nous en avons dit assez sur les origines de
la maison et le caractère des hommes qui de-
vaient assurer ses destinées. Nous en arrivons
à la Fondation.
Si les ateliers d’Iéna peuvent être cités comme
modèles dans le monde entier au point de vue
de leurs produits, leur organisation sociale est
peut-être encore plus remarquable. Car, en
somme, l’optique n’intéresse qu’un petit nombre
de personnes et sa disparition ne serait pas
un événement planétaire. Mais il y a lieu de se
demander si l'industrie pourra continuer à exister
sans une organisation sociale en rapport avec
la vie moderne. La Maison Zeiss nous fournit
un exemple modèle d’une pareille organisation.
De 1846 à 1875, Zeiss a été l’unique pro-
priétaire des ateliers d’optique; à partir de
1875, Zeiss et Abbe en furent co-propriétaires ;
Zeiss mourut en 1888. Trois années plus tard,
Abbe érigea l’entreprise en fondation et donna
à celle-ci le nom de son ancien collaborateur,
ainsi que sa propre part de la maison Zeiss
et de la verrerie.
Abbe estima qu’une fabrique appartient non
seulement aux ouvriers, c’est-à-dire à ceux qui
y ont travaillé, y travaillent ou y « travailleront » ;
mais encore, ne faut-il pas oublier deux colla-
borateurs impersonnels: la science qui, dans
le cas présent, eut une importance toute parti-
culière dans la création de la maison et le milieu
dans lequel l’entreprise s’est développée et où
elle prospère. C’est pourquoi l’Université, la
ville et la population d’Iéna sont désignées parmi
les bénéficiaires de la Fondation.
Voyons maintenant quelles dispositions ont été
prises à l’égard du personnel des ateliers.
En général, on peut dire que l’organisation
en vigueur dans les industries tendrait tout sim-
plement, sans la résistance permanente des ou-
vriers, à transférer les conditions qui régissaient
les métiers au moyen âge dans la vie indus-
trielle moderne. Au contraire, l’organisation
sociale d’Iéna affirme que l’ouvrier est abso-
lument libre de penser, de faire ou de ne pas
faire tout ce qui lui plaît, à deux exceptions
près : il doit obéir aux lois, sous le contrôle
de l’Etat ; et il doit faire son travail, sous le con-