ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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302 L’EXPOSITION DE BRUXELLES trôle de la direction de l’entreprise. Tout employé a le droit d’accepter des postes d’honneur dans l'administration de l’Empire, de l’Etat ou de la commune. On lui donnera les congés réclamés par les exigences de ces postes, tout en con- tinuant à lui servir ses appointements ; liberté d’association, dans un but politique ou autre ; liberté religieuse, liberté de se syndiquer et de LA MAISON DU PEUPLE D’IÉNA. nommer des délégués. On peut se demander où ce programme de liberté aboutit en pratique ? Voici : la liberté octroyée par les statuts suppose que personne n’en abusera, que l’ensemble des ouvriers s’élèvera à un niveau tel qu’ils sachent opposer aux intérêts momentanés de leur liberté personnelle, les intérêts de la maison dont ils font partie. Les directeurs et employés de la maison n’acceptent pas plus de postes d’honneur qu’ils ne pensent pouvoir en remplir tout en continuant leur travail. On exige des ouvriers qu’ils s’élèvent peu à peu au même degré de conscience. Voilà pour les droits ; voyons les conditions économiques. Peu après son entrée dans la mai- son, Abbe y avait introduit le travail aux pièces, jugé supérieur pour la mécanique de précision, malgré la résistance opiniâtre de Zeiss et des employés. Le succès lui donna raison. Les ou- vriers réalisèrent des salaires presque doubles. Le salaire moyen d’un ouvrier de 24 ans, tra- vaillant depuis plus de 3 ans dans la maison, est de 2,500 francs. Aucun employé ni membre de la direction n’est autorisé à toucher plus du décuple du revenu moyen d’un ouvrier qui se trouve dans les conditions énoncées plus haut. Pourquoi ? Il a paru au fondateur que quelques traitements dépassant de beaucoup tous les autres produisent un mauvais effet dans une association ouvrière. On tint à ne pas créer des contrastes trop sensibles ef le rapport de 1 à 10 parut bien suffisant. Arrivons à la participation aux bénéfices. La plupart des maisons qui ont adopté la partici- pation aux bénéfices ont ajouté comme corollaire à cette disposition que, dans les mauvaises an- nées, l’ouvrier participe aussi aux pertes, sous forme de diminution de salaire. Les statuts de la Fondation divisent le salaire en deux parties : l’une fixe et irrévocable, qui ne peut jamais ré- trograder ; l’autre, aléatoire, subordonnée aux bénéfices de l’année. Chez Zeiss, la participation aux bénéfices existe donc seule. Le terme « participation » a été remplacé par le mot « supplément » pour en enlever toute couleur politique. Ce supplément est accordé à tout le personnel, sous la forme d’un tant pour cent des appointements ou salaires touchés au cours de l’année écoulée. Le taux dépend des béné- fices réalisés et de la somme disponible, après avoir doté la Fondation du revenu minimum qui doit lui être attribué. La situation est déli- cate lorsque le taux du supplément vient à baisser. L’expérience qu’en a fait Zeiss montre que là encore il y a lieu de relever le niveau du personnel qui comprend mal et se croit lésé. Contrairement à ce qui se passe dans les sociétés par actions, chez Zeiss les membres de la direction sont exclus de la participation aux bénéfices. Le motif de cette exclusion est le suivant: Il a semblé que la direction pourrait peser sur le bilan et pourrait être tentée de faire augmenter les bénéfices en diminuant les salaires. Les employés touchant, comme les directeurs, un traitement fixe, jouiraient tous également de cette augmentation de béné- fices, mais les ouvriers dont les salaires auraient souffert pourraient bien, tout en rece- vant leur part du bénéfice, être lésés par la diminution des salaires qui auraient servi à les réaliser. Quels sont les rapports entre l’entreprise et les ouvriers, entre le capital et le travail ? Le pro- priétaire de la maison n’est ni un homme, ni une collectivité, mais une personne juridique : la Fondation. Le capital n’est pas le maître, il est le serviteur du travail ; il est la propriété commune de toutes les personnes occupées dans la maison. Celle-ci ne représente pas seulement le présent et la génération actuelle, mais aussi l’avenir. Il lui appartient donc de régler la répartition du produit du travail, de donner aux ouvriers leur part, et de réserver à la maison ce qui lui revient pour s’augmenter, s’accroître. Qui sera qualifié pour faire cette répartition ? Dans les associations de production ordinaires, les associés eux-mêmes règlent ces affaires par une direction ou délégation nommée par vote. Ici, il en est autrement. On a pu constater que toutes les décisions qui depuis un quart de siècle ont donné sa grandeur à la maison, n’eussent pas été prises sous un tel régime, faute d’unité, d’entente des affaires, de vues générales, etc. La direction d’une entreprise de cette nature doit être indépendante de la volonté des individus, et elle ne doit être responsable que devant l’en- semble. Une évaluation exacte de la part de revenu annuel qui doit être distribué et de la part qui doit rester la propriété de la collectivité, nous est fournie par quelques principes qu’Abbe exposa dans une conférence qu’il fit en 1897 à la Société des Sciences politiques d’Iéna. Est réservé à la collectivité, dit-il : I° Tout ce qui est dû à l’organisation générale, au travail en commun d’un grand nombre de personnes ; 2° Tout ce qui provient de l’organisation plus perfectionnée des machines ; 3° Tout ce qui dé- coule de la garantie représentée par les brevets ; 4° Tous les autres revenus qui ne sont pas le fruit du travail individuel. Comme résultat : un quart au moins du revenu est attribué au capital de la collectivité. On estime qu’un tiers serait plus juste. Voyons maintenant comment on a réglé la question des heures de travail. Abbe a vérifié qu’une journée de travail trop courte est désavantageuse pour l’entreprise et qu’une jour- née de travail trop longue est désavanta- geuse pour les ouvriers. Quel est l’optimum profitable aux deux parties ? Cet optimum varie selon les milieux et selon la fabrication. Les ouvriers ménagés feront beaucoup de travail et il sera bon, et en même temps les frais occa- sionnés pour l’entretien de la force motrice, durant la vaillance maximum des ouvriers, - seront moindres. A la suite d’un vote, en 1900, on mit à l’essai la journée de huit heures, au lieu de celle de neuf heures. On compara le travail produit par 253 ouvriers aux pièces, avant et après l’innovation. On constata que le rendement avait augmenté de 4 p.c. C’est-à-dire que le salaire de l’heure eut dû, pour que le salaire de la journée restât le même, augmenter dans la pro- portion de 12 p. c., tandis qu’en réalité il aug- menta de 16 p. c. pour chaque classe d’âge et pour toutes les sections de l’entreprise. Abbe établit la formule: une durée anormale dans la vitesse d’exécution du travail crée la fatigue, mais l’augmentation de vitesse dans l’exécution du même travail ne comporte aucun surmenage. En conclusion, la détermination scientifique de l’optimum prendra pour base d’une part le temps nécessaire à l’ouvrier pour récupérer ses forces épuisées par un travail trop long ; d’autre part, les dommages causés par une vitesse trop grande. La limite indiquée par ces deux facteurs représente la meilleure durée de la journée. La journée sera d’autant plus réduite que le travail sera plus difficile, selon les di- verses industries. Une juste détermination de la durée de fond de ses ouvriers fera réaliser, au patron, d’importantes économies de force motrice. Nous devrions encore nous étendre sur la question du travail aux pièces que d’aucuns pré- tendent meurtrier pour l’ouvrier actif. Qu’il nous suffise, faute de place, de renvoyer aux statis- tiques d’Abbe, qui prouvent l’inexactitude de cette assertion. Nous pensons inutile d’appuyer sur les dispo- sitions spéciales prises en faveur des ouvriers. On pense bien qu’une institution sociale d’aussi haute envergure a pris les dispositions les plus libérales. Tout est prévu et largement. Congés payés, caisse de maladie, pensions, indemnité en cas de renvoi, payement des salaires pour tous les jours de fête en semaine, caisse d’épargne de la fabrique, cadeaux de noce et de jubilé, subvention à ceux qui veulent se construire une maison, table à prix réduit ou gratuite pour les jeunes ouvriers, examen médical, bains pour les malades. L’Allemagne, heureuse et fière de son savant et philanthrope éclairé, a coutume d’appliquer à sa mémoire les belles paroles de Faust : « Je voudrais vivre avec un peuple libre, sur un sol libre ! »