Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
pesée faite avec cette balance, c’est que l’opé-
rateur n’emploie aucun des poids ordinairement
en usage. Après avoir placé le corps à peser sur
le plateau de la balance, il baisse la vitre de
la cage et se contente de manœuvrer de l’exté-
rieur une série de boutons, en suivant de l’œil
les mouvements du fléau. Quand l’équilibre est
établi, la pesée est terminée.
L’opérateur lit alors sur les boutons de ma-
nœuvre les nombres que leur déplacement a mis
en évidence et il en fait la somme. Elle exprime
le poids du corps à un décigramme près. Pour
connaître ce poids avec une approximation plus
grande, il vise, au travers d’un microscope dis-
posé au centre de la cage, un micromètre posté
sur l’aiguille du fléau et lit un nombre indiquant
ce qu’il faut ajouter de dixièmes de milligramme
à la fraction principale déjà connue.
Enfin, une maison de Göttingen expose une
balance d’extrême précision au 1/2,000 de milli-
gramme ! Le fléau est de verre, un fil de
verre posé sur un cheveu, très fin. Cette balance
s’emploie naturellement sans poids, la pesée vient
s’inscrire sur un tableau micrométrique, par un
bras de levier dont la longueur amplifie la
mesure qui devient alors très facile à lire.
Le radiochromomètre mesure, comme son nom
l’indique, les radiations. Quand on soumet les
rayons X à des régimes électriques différents
dans l’ampoule, ces rayons se distinguent les
uns des autres par leurs aptitudes inégales à tra-
verser tel ou tel corps, par exemple les os
et les chairs. Ces rayons présentent donc des
qualités variables qui les distinguent entre eux.
Cette qualité, ou radiochroïsme, doit être con-
nue par ceux qui manient les rayons X, afin
de pouvoir définir d’une façon précise la qualité
des rayons qu’ils emploient.
Le radiochromomètre fournit à la lecture un
chiffre, ou numéro d’ordre, toujours le même
pour la même qualité de rayons.
Tels sont, à peu de choses près, les prin-
cipaux appareils améliorés, ou nouveaux, dont
s’est enrichie la science en ces dernières années
pour déterminer la valeur des éléments varies
qu’elle considère dans ses opérations.
Comme nous l’avons dit au début, là où il
n’y a pas de mesures, il n’y a pas de science
possible. Rien n’est plus difficile à faire qu’une
bonne mesure. En citerons-nous un exemple, pris
dans l’ordre des mesures qui semblent les plus
élémentaires, celles qui se font au moyen de la
balance ? S’il s’agit d’une approximation, rien
n’est plus aisé. Mais dès qu'il s’agit de précision,
tout change I Cet exemple que nous voulons citer
est relatif à la détermination du poids atomique
du radium. Nous ne pouvons malheureusement
pas entrer dans les détails de cette opération.
Nous en dirons seulement que, pour diverses rai-
sons, elle est si difficile et se complique de
telles circonstances que des pesées entreprises
en 1902 par Mme Curie n’ont pu être re-
prises qu’en 1907 et la relation détaillée de cette
opération, avec ses corollaires, occupe sept
grandes colonnes du « Bulletin de la f aculté des
Sciences de Paris ».
LES INDUSTRIES CHIMIQUES
Tous les jours, la découverte de procédés
nouveaux enrichit le domaine de la chimie in-
dustrielle. Chaque fois, c’est un pas fait dans
l’obtention soit de matières premières nouvelles,
le radium, par exemple, soit d’ingénieuses com-
binaisons de corps, les ciments imperméables,
soit d’éléments chimiques à meilleur marché
qu'auparavant. Cependant, si à l'heure présente
la chimie est encore une fée incontestée, bien-
faisante et amie de l’humanité, elle a vu naître
depuis quelques années une rivale sérieuse qui
fait rapidement de grands progrès. Nous vou-
lons parler de la physique industrielle.
La chimie, disent les physiciens, c’est tou-
jours un peu de la cuisine. Et par ce mot cuisine
ils sous-entendent quelque chose d’empirique,
qui réussit au petit bonheur : une sauce mayon-
naise qui « prend » ou ne « prend pas », selon
la tempérance, l’hygrométrie de l’atmosphère,
la qualité de l’huile, du vinaigre, la forme du
nez du cuisinier, que sait-on encore ?
La métallurgie du cuivre nous donnera un
exemple plus sérieux des griefs que l’on fait à
la chimie.
On sait que pour séparer le cuivre de sa
gangue, on utilise son affinité pour le soufre.
Le minerai est soumis à un grillage qui élimine
le soufre en excès et laisse le métal à l’état de
sulfure cuivreux. On opère ensuite une fusion
partielle pendant laquelle il se produit des sco-
ries contenant des gangues terreuses, du fer,
du zinc, des sulfures. Nouveau grillage et nou-
velle fusion pour réduire le cuivre et le séparer
des corps étrangers. Après toutes ces opérations,
le cuivre obtenu est encore impur. Et même
après l’affinage, il sera impossible d’avoir du
métal vierge. Toujours il contiendra environ
5 p. c. de corps étrangers, du fer, de l’or, de
l’arsenic.
Il en va tout autrement par la méthode phy-
sique, ou électrolyse. Le minerai de cuivre est
transformé en sels solubles par l’acide. La solu-
tion est soumise à l’électrolyse. Le courant élec-
trique décompose le sulfate contenu dans le bain
en acide sulfurique et en cuivre.
Cette fois, on a obtenu du cuivre absolument
pur. On n’a eu à se préoccuper de la
température ni pour un grillage quelconque,
ni pour une fusion, ni de la durée de l’action
du feu, toutes conditions difficiles à observer
et dans la réunion desquelles peuvent toujours
se glisser des erreurs de « cuisine ». Non, le
passage du courant électrique dans la solution
a groupé tous les atomes de cuivre, il n’y a
qu’à recueillir le métal dense, serré et pur, collé
à la cathode.
Nous avons rappelé ces procédés pour faire
mieux comprendre la différence entre la mé-
thode chimique et la méthode physique. L’Ex-
position nous présente comme produits nouveaux
de l’électrolyse, — produits obtenus à un prix
inférieur et dans un état de pureté supérieur
à ce que la fabrication chimique aurait pu don-
ner, — du bichromate de potasse, des sels de
nickel, de la soude, du sulfate de manganèse,
du sulfate de cuivre.
Le bon marché d’obtention de ces produits
s’explique facilement. L’emploi du feu est sup-
primé. L’usine utilise pour le chargement de ses
machines électriques, comme force motrice, un
cours ou une chute d’eau.
Les conditions économiques de la production
étant une nécessité de l’extension des industries,
on peut dire, dès aujourd’hui, que les méthodes
physiques sont appelées à supplanter partout,
avec le temps bien entendu, les méthodes chi-
miques. Tel est actuellement le sens dans lequel
évoluent les industries chimiques.
Voyons quelles autres nouveautés. Une appli-
cation des rayons lumineux du radium à la bi-
jouterie. On sait combien il était jusqu’ici diffi-
cile de distinguer un vrai diamant d’un diamant
chimique. Sous l’influence de l’émanation du
radium, le diamant naturel devient lumineux ;
le diamant artificiel reste obscur.
Toujours à l’actif du radium: construction
d’un nouvel appareil qui permet de retrouver
dans les sécrétions et les déjections d’organisme
qui ont absorbé du radium, les moindres par-
celles de ce corps rare. Le produit vaut la peine,
au prix de 400,000 francs le gramme !
L’art de s’entretuer à la guerre pourra em-
prunter les redoutables forces de quelques nou-
veaux produits, notamment le trinol et le triplas-
tite, qui constituent les matières de charges
d’obus les plus récentes. La force de défla-
gration du trinol est un peu inférieure à celle
de l’acide picrique. Sa petite infériorité est com-
pensée par les avantages que cet explosif pré-
sente, au point de vue de la sécurité, pour celui
qui manie quotidiennement des poudres. L’acide
picrique, par ses qualités acides, arrive à former
des sels en combinaison avec le fer, le cuivre
ou tout autre métal constituant les parois du
projectile. Ces sels sont un danger permanent,
car ils peuvent produire des explosions violentes
au moindre ébranlement ; le trinol est inoffensif
dans les mêmes conditions, car même exposé à
l’humidité, il ne forme pas de sels.
Le triplastite est du trinol auquel on a ajouté
du nitrate de plomb comme agent d’oxydation,
et le tout est soumis à une pression de 2,000
à 3,000 kilogrammes par centimètre carré. On
obtient un corps dur comme une pierre, qui
se laisse travailler sans danger, avec la scie ou
le ciseau. Sous cette forme le trinol plastique
atteint la puissance de déflagration de l’acide
picrique, ainsi que sa densité de charge. Il est
remarquable que le triplastite soit complètement
insensible aux coups et aux chocs. Pour en
remplir les obus, on l’y enfonce à coups de
pilon, sans danger. Il est fourni pour cet usage
sous forme de sable, que l’on coule dans les
obus, facilement.
Quittons le domaine de la guerre et rentrons
dans celui de l’industrie pacifique. Il y a là-bas
une vitrine où des objets brillent de l’éclat mi-
cacé qui jaillit de la brisure des lingots d’ar-
gent vierge. Ces objets sont en silice pure
fondue. La silice est la matière contenue dans
les grès, les corindons, les cailloux, les sables,
les quartz. Vers 1,500 degrés, cette matière
devient pâteuse ; à 1,800 degrés, elle fond.
Cette résistance élevée à la chaleur a rendu jus-
qu’ici la silice difficile à travailler. Il y a quel-
ques années, la fabrication d’une cuvette en
silice de 25 centimètres cubes demandait des
peines énormes et était considérée comme un
tour de force. Le prix de revient était considé-
rable. Actuellement, on fabrique couramment des
récipients de 50 litres de capacité et des tubes
de 30 centimètres de diamètre. Cette fabrication
est encore une des merveilles qu’il a été pos-
sible de réaliser grâce au four électrique.